Lors de ces dernières courses, la réalisation TV des Grands Prix a eu parfois du mal à suivre l’action débridée sur la piste. Pire, lors de certains moments décisifs, les caméras se détournaient du tarmac pour plutôt aller filmer… les réactions du public. Lorsque Sebastian Vettel sortit ainsi de la piste à Monza, lors du dernier Grand Prix, les téléspectateurs ratèrent une partie de l’action puisque le réalisateur préféra immédiatement basculer vers une caméra tournée vers les tifosi.
L’autre difficulté est de pouvoir suivre précisément chaque bataille en piste – c’est ainsi qu’en Italie, la folle remontée de Max Verstappen est passée quelque peu au second plan.
Dean Locke, le responsable de la FOM pour la diffusion et les médias, a donc tenu à se défendre et à apporter des précisions.
« Monza est délicat en raison de la première chicane. Au premier tour, la grille y arrive très rapidement. Cette année, nous avons eu une bonne bataille à l’avant, qui a impliqué trois voitures [Charles Leclerc et les Mercedes]. A l’inverse, à l’arrière du peloton, il y avait un gars très rapide, Max Verstappen, et il fallait choisir ce qu’on pouvait filmer. »
« Nous savions que des choses se passaient à l’arrière du peloton et que des gens arrivaient sur cette chicane. Mais si vous avez les deux voitures de tête qui sont côte à côte à l’avant, il faut filmer cette bataille et en rester là. »
Dean Locke explique un autre de ses dilemmes : comment montrer assez de ralentis, sans prendre le risque de rater de l’action en direct ?
« Ce qui fait la difficulté de la F1, c’est que nous n’avons pas de pauses naturelles. Ce n’est pas comme au tennis ou au cricket. A moins d’avoir une voiture de sécurité… »
« Si vous demandez à n’importe quel réalisateur d’évènement sportif quelle est la partie la plus difficile de son travail, il vous dira que c’est les ralentis. Et donc il nous faut chercher une fenêtre avantageuse. Or à Monza, beaucoup de choses se passaient à l’avant durant les premiers tours, c’était difficile… »
Pourquoi ne pas alors montrer, en mode fenêtré, les ralentis, tout en suivant l’action en direct sur l’autre moitié de l’écran ?
« Nous avons la possibilité de le faire, mais nous tendons à être prudents avec cela, parce qu’il nous faut déjà montrer beaucoup d’informations à l’écran – les chronos, les graphiques - ce qui rend le tout très compliqué. C’est aussi difficile pour les commentateurs. »
Singapour posera, hélas, un autre défi unique aux réalisateurs, conclut Dean Locke.
« C’est l’un des circuits les plus longs du calendrier, et il fait si chaud… Donc c’est certainement dur physiquement pour les cameramen. Mais d’un point de vue logistique, c’est aussi difficile en raison de la longueur du tour. Il y a 23 virages et il faut les couvrir avec 26 caméras en bords de piste. Il n’y a pas de vraies zones de dégagement, sauf au virage 1 et au virage 2 donc il y a un nombre limité d’angles que les caméras peuvent filmer. Et si elles filment vers le mauvais angle, elles pourraient rater quelque chose. »
« Et puis il faut vraiment montrer à l’écran la skyline formidable de Singapour, ces bâtiments fantastiques, ce que la ville relaie comme émotions. Il faut aussi refléter ce qui rend uniques les fans – les tifosi à Monza, les feux d’artifice à Singapour… »
« Singapour est difficile, mais réaliser toute course automobile est difficile. Diffuser un Grand Prix, c’est différent de diffuser tout autre sport. »