Otmar Szafnauer est arrivé en début de saison chez Alpine, comme directeur d’écurie, afin de remplacer notamment Marcin Budkowski, directeur exécutif, et Davide Brivio.
C’est le premier changement d’équipe en 13 ans pour Otmar Szafnauer : cela n’est-il donc pas trop difficile de passer à un tout nouvel environnement ? Le Roumano-Américain s’est confié au site officiel de la F1 pour jauger de son adaptation.
« Je m’installe de plus en plus, j’apprends à connaître les différentes personnes ici, les personnalités et le fonctionnement de l’équipe, les interactions des différents groupes. »
« C’est une grande équipe, plus de 800 personnes, donc il faut du temps pour apprendre qui est qui, comment ils interagissent et comment nous faisons les choses. Mais c’est un élément important pour faire partie de l’équipe. C’est la première étape de la constitution d’une équipe. »
« Vous devez avoir une compréhension profonde avant de prendre des décisions critiques. Et je l’ai toujours dit. Il y a beaucoup de gens qui arrivent à un poste, pas seulement en Formule 1 mais aussi à un niveau supérieur, et qui font des changements pour le plaisir de changer, pour montrer qu’ils font quelque chose. Mais si c’est le cas, le changement que vous faites peut aller dans la mauvaise direction. Vous devez donc avoir une bonne compréhension de la structure au préalable. »
En réalité, même en restant dans la même structure de Silverstone (Force India-Racing Point) pendant de longues années, Otmar Szafnauer connaît son petit monde grâce au turn-over des équipes.
« Ce qui est amusant, c’est que... parce que les autres ont bougé, je suis arrivé ici et je connais beaucoup de gens avec qui j’ai déjà travaillé, ce qui est utile. »
« Ça m’aide à me familiariser avec le terrain plus rapidement. Et aussi, les expériences que j’ai eues en 24 ans… je pense que je suis probablement l’un des directeurs d’écurie les plus expérimentés, et quelqu’un qui a eu une variété de rôles au sein des équipes de Formule 1. J’ai travaillé pendant sept ans et demi pour un fabricant de moteurs [Honda] qui a racheté une équipe, donc au début, je me suis beaucoup occupé des moteurs, puis de la gestion du rachat. »
« Chez British American Racing, j’étais le directeur des opérations, le premier qu’ils ont eu, ce qui signifie beaucoup de gestion de programme, toute la fabrication sous ma responsabilité, le contrôle de qualité, les constructions d’usine. J’ai donc compris les opérations pendant trois ans, ce qui m’aide beaucoup à prendre des décisions aujourd’hui. »
Otmar Szafnauer ne parle pas du tout Français de son propre aveu - mais Allemand, Anglais et Roumain.
Cela veut-il dire qu’il se concentre d’abord sur l’usine d’Enstone (châssis) au Royaume-Uni, et non sur celle de Viry (moteur, en France) ?
« Je me suis d’abord concentré sur l’usine d’Enstone. Viry a également une nouvelle personne [Bruno Famin] en charge ; je vais certainement aller à Viry, nous travaillons en étroite collaboration avec eux ici sur le circuit... et j’ai réfléchi à des programmes que nous pourrions lancer et qui aideraient les deux organisations et les lieraient étroitement. »
« Viry est donc une partie très, très importante du plan, et c’est génial que nous ayons Viry, nous pouvons donc prendre ces décisions sans trop de compromis pour la performance là où certaines autres équipes ne le peuvent pas. Nous sommes [une équipe] qui travaille main dans la main avec notre partenaire moteur et nous avons carte blanche pour ce que nous faisons. »
Whitmarsh, l’anti-pape d’Aston Martin F1...
Revenons en arrière et notamment sur le départ d’Otmar Szafnauer de Silverstone....
Pourquoi avoir nié, contre toute vraisemblance, les rumeurs d’un départ d’Aston Martin F1 pour Alpine F1 ?
« Les discussions sérieuses ont commencé cette année, au début de la nouvelle année, et ce n’est qu’après qu’il a été clair pour moi que c’était la meilleure chose à faire - de quitter Aston Martin. »
« C’est à ce moment-là que j’ai commencé à chercher ailleurs, et j’ai trouvé chez Alpine. »
Sur le moment Otmar Szafnauer avait justifié sa décision en rappelant qu’il ne pouvait y avoir deux papes pour une même Église. Entre les lignes il fallait comprendre que la concurrence avec Martin Whitmarsh était devenue insoutenable pour lui. Otmar confirme qu’il visait Whitmarsh...
« Les gens me demandent qui était ce pape - eh bien vous savez, ce n’était pas Lawrence, parce que tout le monde a un patron. J’en ai un ici [à Alpine] aussi et c’est partout comme ça. »
« Mais une fois qu’ils ont amené Martin Whitmarsh, c’est l’autre pape dont je parlais. Nous asseoir tous les deux dans la même pièce et essayer de faire la même chose, ça ne marche pas vraiment. Mais ce n’était pas à propos de Lawrence. Lawrence est toujours le propriétaire et le patron là-bas. J’ai un patron ici, Laurent [Rossi], et c’est clair, et c’est comme ça que ça doit être. »