Tandis qu’Alpine a adopté sur sa nouvelle livrée avec un bleu tricolore logique, Haas a surpris : la seule équipe américaine du plateau aura des couleurs toutes… russes, suite à l’arrivée de Nikita Mazepin et d’Uralkali, son sponsor russe personnel (et même si les couleurs traditionnelles d’Uralkali sont plutôt rouges et vertes).
D’ailleurs par le passé, le sponsor de Nikita Mazepin s’était aussi affiché en formules de promotion, sans imposer davantage ses couleurs.
Mais le fait que deux F1 porteront les couleurs de la Russie interpellent cette année. Le Tribunal arbitral du sport (TAS) a décidé en décembre dernier de réduire de 4 à 2 ans les sanctions prévues en décembre 2019 par l’Agence Mondiale Antidopage contre la Russie, pour avoir transgressé les règles antidopage. Même si la sanction a été réduite, cela veut dire que la FIA (membre de l’AMA en tant que sport mondial) doit donc se plier aux règles en vigueur.
En l’espèce, tout pilote russe de F1 (Nikita Mazepin donc) ne doit pas s’associer avec son drapeau et ses couleurs nationales. Il n’est pas plus autorisé à revendiquer son drapeau national ou les symboles russes (comme le drapeau à deux aigles) sur son équipement. Enfin Nikita Mazepin n’aura pas le droit d’utiliser les expressions « Russie », « Russe », ou « Fédération automobile russe » sur sa livrée ou dans son expression publique.
Les athlètes russes peuvent en revanche porter les couleurs du drapeau sur leur casque, ou certaines couleurs de la combinaison. Le drapeau ne pourra pas être représenté tel qu’il est, ni tel qu’il était dans d’anciennes itérations.
Théoriquement donc, la Haas aurait le droit de reprendre les couleurs du drapeau russe, sans les revendiquer. En effet sur la livrée, les couleurs du drapeau russe ne sont pas arrangées dans un rectangle, ce qui semblent valider les règles du TAS et de l’AMA. Cependant le nouveau logo Uralkali Haas F1 Team inclut une petite bande de drapeau russe tricolore.
Mais l’équipe américaine ne flirte-t-elle pas avec les limites ? Selon certains médias, la FIA avait été avertie en amont des projets de Haas de livrée, et les aurait validés, en les jugeant conformes au jugement du TAS.
Gunther Steiner, le directeur d’équipe, s’est défendu d’avoir contourné le jugement du TAS...
« Nous n’avons rien contourné. »
« Nous avons créé cette livrée déjà l’année dernière avant que tout cela ne sorte de l’AMA à propos du drapeau russe. »
« Il est évident que nous ne pouvons pas utiliser le drapeau russe comme drapeau de la Russie, mais vous pouvez utiliser des couleurs sur la voiture. En fin de compte, c’est l’athlète qui ne peut pas arborer le drapeau russe et non l’équipe, l’équipe est une équipe américaine. »
« Nous sommes toujours en contact avec la FIA à propos de ce genre de choses. Je ne pense pas qu’ils puissent l’approuver, c’est du ressort de l’AMA, ce n’est pas une règle de la FIA. »
Un porte-parole de la FIA a déclaré à certains médias américains et britanniques que Haas avait « clarifié » sa position avec la FIA, et que le TAS n’avait « pas interdit » l’usage des couleurs du drapeau russe.
A noter que toutes ces restrictions s’étendront donc jusque fin 2022 suivant la sanction du TAS. A moins que la FIA (ou le TAS) décide de rappeler à l’ordre Haas après avoir découvert de plus près sa livrée…
Interrogé sur la livrée, le rookie Mick Schumacher a préféré parler esthétique et non politique ou juridique…
« Eh bien, ce sont les couleurs de l’équipe, et je pense que la voiture est superbe. Je pense qu’elle a l’air d’une bête, elle a l’air fougueuse et c’est définitivement comme ça que nous allons aborder la saison aussi. Nous allons travailler très fort sur nous-mêmes et sur la voiture. J’espère qu’on sera capables d’en tirer toutes les performances dont nous avons besoin. »
Quant au premier intéressé, Nikita Mazepin, c’est évidemment une douche froide...
« J’ai voulu concourir en F1 toute ma vie, depuis que j’ai su que la F1 existait. C’est très malheureux que l’année où j’ai atteint mon objectif, ce genre de choses se soit produit pour mon pays. Ce n’est pas à moi de juger ou de décider de quelque manière que ce soit. Actuellement, je suis toujours dans une discussion sur la façon dont je serai considéré en tant qu’athlète. Il n’y a pas encore de décision. »