Si pour les fans de Formule 1 les mois de Janvier et Février sont plutôt calmes, les équipes travaillent de leur côté d’arrache pied pour préparer au mieux leur saison. Et c’est d’autant plus le cas cette année avec l’arrivée des nouveaux règlements.
Piers Thynne, directeur de la production chez McLaren, évoque cette période charnière de la saison.
"Nous sommes extrêmement occupés en Janvier et en Février, mais c’est lorsque les gens ont une date butoir qu’ils performent au mieux. Nous assistons à un travail d’équipe fantastique au sein du McLaren Technology Center, avec une bonne communication. Cela facilite la tâche très complexe qui est de produire une toute nouvelle voiture répondant aux nouvelles règlementations."
"Je pense que les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le montant de la facture concernant les matériels est similaire aux autres années (même nombre de pièces et d’outils), mais cette année, comparée aux autres, nous avons davantage de travail avec environ 20% de production supplémentaire au travers de notre usine et de notre chaîne d’approvisionnement."
"Le produit est d’une complexité similaire mais tout est nouveau, il y a très peu de pièces que nous conserverons. La plupart du temps nous utilisons, du moins nous modifions, les pièces de la voiture précédente mais ce ne sera pas le cas sur la MCL36. Bien sûr, cela met de la pression sur nos ressources et nous ressentons comme une forme d’indigestion dans certains de nos projets clé !"
Cette charge de travail supplémentaire rend elle la MCL36 plus difficile à produire ?
"Elles sont toutes difficiles à produire ! C’est difficile de les comparer car elles ne sont jamais réellement comparables. Nous regardons la charge de travail par rapport à une semaine classique et nous pouvons nous rendre compte que nous en faisons 20% de plus cette année, mais il serait subjectif de faire des comparaisons et ce n’est pas forcément la bonne manière d’analyser la chose. Construire la MCL36 est une charge importante, mais peut-être davantage en raison du changement culturel que parce que nous faisons les choses différemment."
"Nous sommes heureux de travailler aussi tard que possible et avec le moins de stock possible, afin de nous assurer d’avoir l’opportunité d’améliorer la voiture dès la première course. Les caractéristiques du programme autour de cette voiture sont différentes des précédentes. Ce programme est difficile et si vous prenez en compte les contraintes liées aux budgets capés qui s’ajoutent au défi d’ingénierie et de fabrication, vous avez vraiment besoin de travailler en équipe et d’une concentration sur les objectifs à atteindre. Dernièrement, nous avons pu compter sur la qualité de nos employés lorsque la pente s’élevait et nous sommes chanceux de les avoir car ils sont uniques."
On entend régulièrement en Formule 1 que si vous ne rencontrez aucun problème, ça signifie que vous ne travaillez pas suffisamment. Et Thynne de confirmer.
"C’est toujours vrai ! Si tout se passe bien, ça signifie que n’en faîtes pas assez ! Que vous n’avez pas passé autant de temps que possible dans le département de l’ingénierie et que vous ne leur avez pas permis d’extraire chaque once de performance du design."
La MCL35M de 2021 fut la première F1 créée par McLaren en période de Covid-19, la MCL36 sera bien sûr la deuxième. Là encore, il faut savoir s’adapter.
"Notre première expérience de fabrication en période de Covid-19 était le ’projet ventilateur,’ qui était en place lorsque l’épidémie était à son pic. Désormais, nous devons faire en sorte que nos équipes de travail soient en sécurité. Pour la MCL35M, nous avions mis en place un système de quart de travail fractionné, où nous n’autorisions pas les shifts de jour et de nuit à se croiser physiquement. C’était compliqué, car les pièces de voitures peuvent être fabriquées plus rapidement si vous collaborez. C’est le plus important pour une équipe et tout au long de l’année, avec l’arrivée des vaccins, nous avons pu changer notre philosophie."
"A partir du milieu de l’année, lorsque nous avons commencé à travailler sur la MCL36, nous avons été en mesure de laisser nos équipes de jour et de nuit se voir à nouveau. Avoir un cycle de production qui tourne 24 heures sur 24 est primordial, avec une bonne communication entre les équipes. La situation est désormais fluide et restera complexe à gérer, mais la priorité reste de garder ces personnes en sécurité."