Aston Martin F1 occupe actuellement la 2e place au classement des constructeurs et est incontestablement la très bonne surprise de cette année 2023.
La question est désormais de savoir si Aston Martin F1 va pouvoir maintenir son niveau de compétitivité actuel – devant Mercedes ou Ferrari en rythme de course.
Qu’en dit Mike Krack ? Le directeur d’écurie estime-t-il que son équipe va pouvoir tenir la dragée haute aux mastodontes que sont Ferrari et Mercedes ? Il s’exprimait à ce sujet pour la BBC.
« Je pense que ce qui s’est passé, c’est que d’autres n’ont pas encore tout à fait compris [le fonctionnement de leur nouvelle voiture]. Je dis "pas encore" à dessein. »
« Cela nous a permis de passer de la septième à la deuxième place, mais notre véritable gain pourrait se situer probablement plutôt autour de quatre/cinq places, voire d’une ou deux positions, en fonction de la manière dont les autres ont fait leur travail. »
« À la fin de l’année dernière, à Abu Dhabi, nous avons dit : "Nous devons apprendre à ne plus être les outsiders. Les performances devront être normales". »
« C’est un processus qui ne change pas d’un jour à l’autre. »
Et en effet, il faudra toujours faire mieux... Car Mike Krack le confirme, Lawrence Stroll n’est pas encore satisfait de la position actuelle d’Aston Martin F1 !
« Lawrence étant Lawrence, c’est la nouvelle normalité [notre niveau de performance aujourd’hui]. Comment faire pour être devant ? Lawrence n’est pas le type qui nous dit : "Vous avez fait un bon pas en avant" ou "Maintenant, on maintient ça et on voit comment on avance". Non, non. Comment faire pour aller d’ici à là où il veut aller le plus vite possible ? »
Une victoire, un horizon réaliste pour Aston Martin F1 ?
Tom McCullough (directeur de la performance d’Aston Martin F1), comme son directeur d’écurie, est-il aussi pessimiste sur les performances d’Aston Martin F1 notamment en deuxième moitié de saison ?
« Dans le milieu de grille, quand vous n’êtes pas aussi rapide que vous le voudriez, c’est parfois plus difficile du point de vue opérationnel du week-end de course. Mais en tête de grille, vous êtes beaucoup plus sous les feux de la rampe lorsque les choses tournent mal. Vous prenez une décision stratégique et cela fera une différence entre un podium ou non, ou même la victoire. »
« Red Bull est beaucoup plus forte que nous en ce moment. Mais sur l’ensemble des 23 courses, avec les décisions stratégiques et la fiabilité, nous devons être comme nous l’étions ce jour-là à Bahreïn lorsque Sergio a gagné. Il faut prendre les décisions qui s’imposent pour en tirer le meilleur parti. »
La question clef du développement technique
En matière de développement technique pourtant, Aston Martin F1 a de nombreuses armes à ses côtés : les recrutements de Dan Fallows de Red Bull (chef de l’aérodynamique) ou d’Eric Blandin (venu de Mercedes) pourraient faire la différence cette année.
Encore fallait-il qu’ils s’intègrent bien à l’équipe : Mike Krack raconte comment cela s’est fait.
« Ce qui est vraiment remarquable avec des gens comme Dan ou Eric, c’est qu’ils ont réussi à tirer le meilleur parti des personnes que nous avions. Ils leur ont laissé un espace créatif. »
« Ils ne sont pas du genre à arriver et à dire : "C’est comme ça que j’ai fait et c’est comme ça que nous faisons maintenant". Mais ils sont venus, ils ont regardé ce qu’il y avait et ils ont réalisé que cette équipe avait de la qualité. »
« Ils ont laissé les gens développer leurs propres solutions, en utilisant l’expérience de ces personnes et en les guidant pour qu’elles trouvent leurs propres solutions. C’est un art et cela nécessite des compétences en management extrêmement solides, car il serait tellement facile de dire : "Nous faisons les choses comme je les connais". »
Il n’est pas innocent qu’Aston Martin F1 ait pioché chez Red Bull et Mercedes, deux équipes ayant adopté pour des concepts différents pour le nouveau règlement aérodynamique.
« Une partie de l’objectif d’Andrew Green [le directeur technique] était d’avoir cet impact des deux équipes les plus fortes - à l’époque où il recrutait. »
« C’est une question de : Comment faisions-nous les choses, comment faites-vous les choses, et quelle est la meilleure façon d’aller de l’avant ? »
« Dan fait souvent référence à la question suivante : ’Adoptons la méthode Aston Martin, ne nous contentons pas de la méthode Mercedes ou Red Bull. Faisons notre propre chemin’. »
« Nous faisons ce que nous pensons être juste sur la base de notre compréhension. Car si vous voulez vous battre aux avant-postes, vous ne pouvez pas vous contenter de faire ce que font les autres équipes. Vous devez faire ce que vous voulez. »