Enfant de l’Émilie-Romagne, soit la terre de Ferrari (il est né à Imola et a étudié à Bologne), Stefano Domenicali était comme destiné à diriger l’équipe rouge ; mais c’est désormais à la tête de la F1 qu’il officie.
Passer de l’autre côté du miroir (de la direction d’une équipe à la direction de la F1), après un passage chez Lamborghini, fut-ce un choix aisé à faire pour Stefano Domenicali ? Quand on est un bon directeur d’écurie, est-on pour autant un bon PDG ?
Stefano Domenicali s’est confié sur « son » site officiel en quelque sorte, celui de la F1…
« En gravissant les échelons chez Ferrari, vous avez la chance de voir le sport sous tous ses angles. J’ai ensuite mis à profit cette expérience chez Lamborghini, avant de venir ici en F1. Pour moi, c’était un choix facile de dire oui, comment ne pas le faire ? »
N’est-il pas trop ardu de devoir gérer les intérêts souvent divergents de 10 équipes ? Avec les polémiques, les intrigues politiques... ? Ou cet aspect est-il au contraire excitant pour Stefano Domenicali ?
« C’est le meilleur, c’est sûr. Ces éléments font de ce travail ce qu’il est. Alors que les pilotes et les équipes se battent les uns contre les autres sur la piste pour les victoires et les points, il y a toujours un sentiment de faire partie d’une famille en F1 où vous tirez tous dans la même direction pour faire avancer le sport. »
« Évidemment, ce n’est pas toujours le cas, mais c’est alors que vous devez travailler ensemble et trouver des solutions. C’est très différent de la gestion d’une équipe, car il y a beaucoup plus de choses à prendre en compte, mais nous sommes confiants dans notre stratégie pour rendre la F1 plus grande et meilleure que jamais. »
Stefano Domenicali a pris ses responsabilités dans un contexte pandémique particulier - et n’a pu rencontrer en physique ses équipes dans un premier temps.
« Comme tout le monde, nous avons dû nous adapter, et s’il y a un bon endroit pour le faire rapidement, c’est bien la F1 ! Il n’est jamais facile de commencer un travail à distance comme j’ai dû le faire pendant les premiers mois, mais l’organisation avait fait un travail phénoménal pour gérer le championnat du monde en 2020 et avait intégré de nombreux apprentissages de l’année pour nous aider pendant la saison 2021. »
« J’aime être présent pour mieux travailler en collaboration avec mes équipes et maintenant cette normalité revient au Royaume-Uni. La technologie nous permet de faire beaucoup de choses virtuellement maintenant, mais il est préférable d’être présent en personne. »
Après une saison à la tête du sport, Stefano Domenicali a surtout eu à appliquer les grandes décisions prises par Chase Carey, c’est-à-dire l’arrivée du nouveau règlement aérodynamique de 2022.
Mais les défis n’ont pas manqué pour lui, à commencer par l’adaptation à un paddock de F1 qui avait changé depuis ses années chez Ferrari.
« Je dois remercier Liberty Media - Chase [Carey] et Greg [Maffei] pour l’opportunité de construire sur ce qu’ils ont fait. Nous avons commencé le voyage, mais nous avons encore un long chemin à parcourir, et je suis impatient. »
« Il y a toujours des surprises en F1, mais il faut les anticiper. Je pense que l’appétit et la motivation pour la F1 sont plus grands que jamais - et cela s’applique à tous les domaines de l’entreprise et du sport. »
Stefano Domenicali n’oublie pas cependant qu’il doit regarder vers les échelons inférieurs, en s’occupant aussi de diversité et d’égalité des chances avec les différents programmes lancés.
« Près de la moitié de la grille actuelle est issue de la F2, et nous avons également un large éventail de jeunes talents dans les équipes, de sorte que l’avenir de la F1 est très prometteur. Je pense qu’il est toujours important d’aider la prochaine génération de talents dans n’importe quelle entreprise et nous nous sommes penchés sur cette question en interne également. La première vague d’étudiants a déjà commencé à participer au programme de bourses d’études en ingénierie, qui offre des opportunités aux jeunes talents issus de milieux sous-représentés, et nous l’avons prolongé jusqu’en 2025, avec 10 étudiants qui auront cette opportunité chaque année. »
Gérer une entreprise aussi vaste et mondiale que la F1 ne doit se faire à temps partiel. Comment Stefano Domenicali fait-il pour tenir le coup physiquement par exemple ?
« Je suis un lève-tôt, oui - il faut profiter de la journée au maximum ! J’aime courir tôt le matin quand je peux et quand je suis sur les courses, je marche sur la piste avec un groupe de collègues de toute l’entreprise, en équipe - c’est toujours un bon moment ensemble. C’est un privilège de sortir et de marcher sur ces circuits emblématiques. »