A l’image de Red Bull ou de Mercedes, Renault dispose de sa propre filière de jeunes pilotes. L’objectif affiché est d’accompagner l’éclosion d’un jeune talent, afin qu’il devienne un jour – comme Sebastian Vettel avec Red Bull – champion du monde de Formule 1.
La Renault Academy comptera parmi ses membres, cette année, Max Fewtrell, Christian Lundgaard, Victor Martins, Anthoine Hubert, Guanyu Zhou et Caio Collet.
Seuls deux d’entre-eux courront en F2, l’antichambre de la F1, en 2019 : Guanyu Zhou, la nouvelle recrue chinoise, et le Français Anthoine Hubert (photo), tout juste champion de GP3. Fewtrell (champion en titre de Formule Renault Eurocup) et Lungaard courront dans le nouveau championnat F3, avec ART. Martins et Collet seront alignés en Formule Renault Eurocup.
Renault apporte tout d’abord un soutien financier indispensable à ces jeunes pilotes : de nos jours, une carrière, même en formules inférieures, coûte des centaines de milliers d’euros…
C’est ainsi Renault qui a sauvé la carrière de Max Fewtrell, alors que le Britannique était engagé en F4 nationale.
« A la moitié de la saison, vous êtes devant une alternative : ‘tu dois gagner cela, ou tu ne pourras plus continuer à courir, probablement’ » raconte Max Fewtrell. « C’était un vrai grand moment dans ma carrière. J’ai dû m’asseoir, réfléchir et me dire ‘allez, c’est ma dernière chance. »
Max Fewtrell a finalement remporté le titre en F4 Britannique, ce qui lui a attiré le soutien de Renault.
« A moins que votre famille soit très riche, vous aurez définitivement besoin du soutien de sponsors ou d’une académie comme celle de Renault. C’est parfait pour moi » poursuit Max Fewtrell. « Ce serait définitivement très difficile d’y arriver seulement avec des sponsors, et sans Renault, je ne serais pas dans la position où je suis aujourd’hui. »
Renault propose un soutien progressif à ses jeunes pilotes : le financement va de 25 % d’une saison (en formules inférieures) à 100 %.
« Nous devons bien observer les championnats et rechercher les pilotes désireux de travailler avec nous » explique Mia Sharizman, directeur de la Renault Sport Academy.
« Nous ne pouvons dépenser trop d’argent, pas encore. C’est la même philosophie que pour une équipe de F1 : vous ne pouvez dépenser trop d’argent tout de suite. »
« Il faut vous rappeler que notre philosophie est peut-être un peu différente de celle de Red Bull, par exemple : Red Bull possède juste tout, ils couvrent toutes les dépenses. Pour nous, c’est plus un partenariat, du 50-50. Nous sommes un peu plus ouverts. Peut-être que cela prend plus du temps pour obtenir des résultats, mais c’est ainsi que nous voyons les choses. »
Les recruteurs de Renault, comme ceux des clubs de football, sont envoyés dans les quatre coins du monde pour dénicher les nouveaux talents, à partir de la F4 et non du karting (comme Red Bull). Les recruteurs évaluent la facilité avec laquelle les pilotes pourraient potentiellement effectuer la transition, de la F4 à la F3, et ainsi de suite.
Dans l’évaluation, Mia Sharizman confesse que Renault étudie « l’attractivité d’un pilote en dehors de la piste, ce qui est aussi important. »
« A la fin, la performance est décisive, il faut être rapide, mais nous devons tout évaluer pour trouver le pilote parfait. »
Le soutien apporté par Renault n’est bien sûr pas que financier : les pilotes ont aussi accès à des camps d’entraînement, à des docteurs, psychologues, physiothérapies, nutritionnistes…
« Nous avons des objectifs. C’est un processus, on y va étape par étape. Vous avez accès à tout, mais nous avons des objectifs. »
Mia Sharizman revendique également une approche moins brutale que celle de Red Bull et du Dr. Marko.
« En week-end de course, nous ne sommes pas des robots, nous savons que des choses peuvent arriver : une panne d’alternateur, ou des départs chaotiques comme en F2 l’an dernier. Il y a ce facteur à prendre en compte. »
« Néanmoins, il y a des objectifs, mais aussi une conversation entre nous et le pilote, à deux… Donc parfois, nous les conservons pour une durée un peu plus longue. Une équipe de F1 n’a pas besoin seulement d’un pilote, elle a aussi besoin d’un pilote de développement, d’un pilote de test, d’un pilote de simulateur, elle a besoin de pilotes qui peuvent rouler lors des rookie tests et des essais Pirelli. »
« Donc ce ne peut être seulement l’affaire que de deux pilotes de course, il faut une équipe de soutien ; et c’est pourquoi nous utilisons les outils que nous avons ici : pour faire grandir ces garçons. »
A court terme, Renault pourra compter sur Nico Hulkenberg et Daniel Ricciardo comme pilotes titulaires. A long terme, l’objectif est bien d’amener un pilote de la Renault Academy au Graal de champion du monde de F1…
« Ce sera le meilleur moment : quand nous aurons quelqu’un ’à nous’ en F1 qui remportera un titre mondial » conclut Mia Sharizman.