Confronté à la concurrence de Bridgestone, Pirelli a tout de même réussi à sécuriser une prolongation de son contrat en F1, comme manufacturier pneumatique unique, jusqu’en 2026. Cependant, ce pourrait être le dernier contrat de Pirelli en F1.
Reste qu’à l’heure actuelle, Mario Isola, le responsable F1 de Pirelli, se dit « super heureux d’avoir prolongé notre contrat » avec la F1.
Il n’y aurait donc eu aucune hésitation de la part de l’état-major du groupe italo-chinois ?
« Nous sommes très heureux de prolonger notre contrat. C’est évidemment l’occasion de poursuivre notre partenariat avec la Formule 1, tant sur le plan du marketing que sur le plan technique. Nous apprenons tous les jours de la Formule 1. C’est un défi technique. Les équipes sont toujours très exigeantes. »
« Et il y a un grand projet pour 2026, avec les nouvelles voitures, et évidemment, peut-être aussi de nouveaux pneus. Il y a aussi tous les plans sur la durabilité pour l’avenir, ce voyage vers la durabilité que nous avons commencé avec la Formule 1. Il y a donc de nombreux défis à relever et cela ne signifie pas que notre mission est terminée parce que nous sommes en Formule 1 depuis 2011. »
Le défi de la durabilité est en effet central dans la stratégie de Pirelli. L’an prochain, les pneus obtiendront le label "FSC", ce qui signifie que tous les matériaux à base de bois contenus dans les pneus proviendront de forêts certifiées sur le plan environnemental.
« C’est un excellent message. Ce n’est pas la seule action sur laquelle nous travaillons en matière de développement durable, mais c’est un label apposé sur le pneu qui a une grande signification. Cette certification signifie que nous attendons beaucoup de règles sur l’utilisation des matières premières, sur la manière dont nous les extrayons et sur tout le processus jusqu’à la fin de vie du pneu. C’est donc un message clair, qui s’ajoute à de nombreux autres projets que nous avons, comme l’allocation alternative de pneus, pour réduire le nombre de pneus que nous utilisons à chaque événement. »
« Je pense aussi à la fin des couvertures chauffantes [reportée à 2025 pour le moment] et à bien d’autres idées et projets en cours. Et nous nous engageons pleinement dans cette voie. La Formule 1 est la plateforme idéale pour montrer notre engagement dans ce domaine. »
Las Vegas, un défi glacial pour les pneus ?
Voici pour le long terme. Mais pour le court terme, Mario Isola fera face très bientôt à une inconnue, au Grand Prix de Las Vegas. Les températures de piste pourraient approcher les cinq degrés ! N’est-ce pas un immense risque ?
« C’est un pas vers l’inconnu, pour tout le monde je crois. Las Vegas sera froid, c’est un circuit urbain. Nous avons donc travaillé avec les équipes et nous leur avons demandé des simulations à l’avance pour essayer de comprendre la quantité d’énergie que le tracé met sur les pneus. Nous avons reçu des informations de la part des entreprises qui fabriquent le tarmac afin de comprendre à quel point il est abrasif. »
« Mais il y a encore beaucoup de points d’interrogation sur Las Vegas. Nous avons décidé d’utiliser les trois composés les plus tendres de la gamme pour essayer de générer de l’adhérence. J’imagine que la piste évoluera beaucoup et que l’adhérence sera très faible. Les pilotes vont donc se plaindre ! »
« Ce n’est pas grave. Nous allons gérer cette situation. Mais c’est une grande inconnue. Une piste rapide, de longues lignes droites, une vitesse élevée et toutes les conditions sont difficiles à gérer. »
Les défis de Las Vegas seront-ils comparables à ceux de Bakou, ou bien Las Vegas sera-t-il vraiment unique en son genre ?
« Nous avons fait une comparaison avec Bakou, mais je crois que Bakou... Oui, il y a une longue ligne droite, mais le reste du circuit est très différent. Mais nous avons basé certaines de nos hypothèses sur Bakou. »
« Nous avons beaucoup discuté avec la Formule 1 et la FIA avant Las Vegas et aussi l’année dernière. Je me souviens avoir commencé à discuter de Las Vegas avec Ross Brawn, il y a donc bien longtemps. Il est évident que nous ne pouvons pas changer la météo, nous ne pouvons pas augmenter la température. Le défi pourrait être de maintenir la température dans le pneu. C’est pourquoi nous avons décidé de sélectionner les trois composés les plus tendres. »
« Et puis, comme je l’ai déjà dit, c’est un peu un saut dans l’inconnu parce que nous n’avons que des données basées sur la simulation, rien d’autre. Nous essayons donc de faire de notre mieux, mais nous tenons compte du fait que les pneus sont homologués et que nous ne pouvons donc pas fabriquer un pneu spécial pour Las Vegas comme nous ne pouvons pas fabriquer un pneu spécial pour Monte Carlo, par exemple. Les choses sont donc ce qu’elles sont et nous devons simplement choisir la meilleure option dont nous disposons. »