Lawrence Stroll a pu être raillé, par le passé, quand ses annonces tonitruantes sur le niveau de son équipe étaient rapidement démenties – en particulier en 2021, quand il avait promis une grande saison pour Aston Martin F1...
Mais voici que plus de quatre années après son rachat de Racing Point, devenue Aston Martin F1, les promesses se concrétisent en effet : l’AMR23 est une petite pépite… en témoigne la très belle 3e place de Fernando Alonso dès le premier Grand Prix, à Bahreïn.
Pour Lawrence Stroll, le moment est bien choisi pour faire le point sur son projet, avec un air de ‘je vous l’avais bien dit’. Partout où il est passé, le père de Lance a connu le succès : alors, pourquoi pas en F1 ?
« Quelqu’un a dit que nous étions juste chanceux aux essais hivernaux ; et j’ai répondu que, dans de nombreux cas dans ma vie, plus je travaille dur, plus j’ai de la chance. »
« Il y a quelques années, j’ai dit que nous étions sur un plan de cinq ans pour nous battre pour les championnats du monde. Je pense qu’il y avait beaucoup de sceptiques quand j’ai dit cela et je peux comprendre, au vu de la position dans laquelle nous étions – nous étions en train encore de vivre sur l’héritage de Force India, nous devenions Racing Point et puis nous n’étions pas encore Aston Martin… »
« Mais j’ai fait - nous avons fait - des changements significatifs. Nous sommes passés de 400 à 740 personnes dans l’équipe. Nous construisons la plus grande usine de Formule 1 ultramoderne, dans laquelle nous n’emménagerons pas avant le 1er mai, donc le succès de cette année ne peut pas être attribué aux infrastructures. »
« Beaucoup de gens [dans l’équipe] font beaucoup d’efforts. Il y a eu des sceptiques en cours de route, ce que je peux comprendre, et j’espère que nous allons leur prouver qu’ils ont tort. »
« Mais il ne s’agit pas de cela, il s’agit d’avoir les 800 personnes formidables qui travaillent pour nous. »
« Une grande équipe, où tout le monde se serre les coudes, où nous avons tous la même vision et où nous voulons canaliser toutes nos passions, c’est-à-dire construire une grande équipe. »
Stroll, avec un petit manque de modestie, rappelle en particulier les pontes qu’il a pu attirer de Mercedes ou de Red Bull...
« Mais je crois que cela a beaucoup à voir avec ma passion et ma vision pour exciter et stimuler tout le monde dans l’entreprise. J’ai Martin [Whitmarsh], j’ai Dan [Fallows], j’ai Eric [Blandin], j’ai beaucoup de gens, et nous avons une vision. Nous allons gagner. Il y a une mission et nous suivons ce que j’ai dit il y a deux ans. »
« C’est la première indication, le premier pas que nous avons fait. Il est encore tôt - c’est la première course de l’année - mais c’est la première étape de notre voyage et je ne pourrais pas être plus fier. »
« Merci à toute l’équipe d’avoir livré cette voiture incroyable et je voudrais aussi remercier mon fils, dont je suis évidemment très fier. »
Stroll père revient sur l’exploit du fils
Car si Fernando Alonso a terminé 3e et récolté le titre de pilote du jour par le public, la performance de Lance Stroll durant le week-end de Bahreïn ne doit pas être non plus sous-estimée.
En effet moins de deux semaines auparavant, le pilote canadien se blessait (fracture au poignet et au gros orteil), était forfait pour les essais hivernaux… et les médecins ne croyaient jamais à son retour pour le premier Grand Prix.
Lawrence Stroll a-t-il fait son maximum pour que son fils dispute le Grand Prix, l’a-t-il poussé dans ses retranchements ?
« Il y a treize jours, nous étions en chirurgie et Lance m’a dit que nous allions à Bahreïn. »
« J’ai dit d’accord - je n’y croyais pas vraiment à ce moment-là - mais il a persévéré, il a travaillé dur, il y avait d’excellents médecins, d’excellents kinésithérapeutes, tout le monde était génial. »
« Et d’avoir Lance dans la voiture, après avoir manqué 250 tours d’essais hivernaux, ce que tout le monde avait… le voir réaliser la performance qu’il a faite avec un orteil cassé et quelques poignets amochés est plus qu’impressionnant. »
« C’est génial pour l’équipe, je suis fier de mon fils - et cela prouve que nous devons être pris au sérieux et, comme je l’ai dit par le passé, dans cinq ans, nous nous battrons pour les championnats du monde. Nous le ferons. C’est une indication claire. »
Lawrence Stroll a bien sûr également apprécié aussi la performance de Fernando Alonso, qui est monté sur le podium pour sa première course avec l’équipe verte...
« Je connais Fernando depuis un certain temps, tout comme Lance. »
« Quand Fernando était pilote dans l’équipe de Formule 1 Ferrari, Lance était dans la Ferrari Driver Academy - il avait 12 ans, donc il y a 12 ans, donc ils se connaissent depuis si longtemps. »
« Fernando est évidemment l’un des plus grands pilotes de l’histoire. Nous nous connaissons depuis longtemps et Fernando partageait mes convictions. Je suis allé le voir et je lui ai dit : "Voici mes projets pour l’avenir". »
« Et parce qu’il me connaît depuis si longtemps, il m’a dit : "Vous allez être l’avenir, je veux en faire partie" et c’est pourquoi il a choisi de nous rejoindre. »
Quel objectif pour 2023 ?
Désormais qu’Aston Martin F1 a déjà obtenu son premier podium de l’année, quelle peut être la suite en termes d’objectif ? La victoire ? Voire plus ?
« Je n’aime pas donner des objectifs, nous allons faire de notre mieux. Je pense que nous avons montré ce dont nous sommes capables. »
« Évidemment, comme tout le monde, nous allons évoluer tout au long de la saison, donc ce sont les premiers jours de la voiture. »
« Elle s’améliorera au fur et à mesure de notre temps de développement en soufflerie et CFD, nous aurons une bonne année. Je ne veux pas vraiment donner un objectif en termes de position au classement des constructeurs, mais nous avons pris un bon départ. »
D’ailleurs cette belle performance en piste a déjà profité à Lawrence Stroll : l’action d’Aston Martin F1 à la bourse du Royaume-Uni a pris 15 % lundi , et monte encore de 7 % aujourd’hui à cette heure ! Soit près de 300 millions de livres de capitalisation…