Liam Lawson ne s’attendait pas à disputer 5 Grands Prix cette année, en F1. Mais la blessure de Daniel Ricciardo à Zandvoort lui a donné l’opportunité de faire ses débuts dans la discipline reine.
C’est pour autant le retour à la normale, aujourd’hui, pour Liam Lawson. Il vient de boucler sa saison de Super Formula (à la 2e place), a retrouvé son poste de pilote de réserve chez Red Bull… Bref, c’est le calme après la tempête.
Le Néo-Zélandais n’est-il pas trop frustré de ne plus rouler aujourd’hui, après une telle effervescence ? Le podcast "Beyond the Grid" l’a interrogé sur sa frustration…
« Évidemment, j’ai toujours voulu piloter. Avant la F1, j’ai travaillé toute ma vie pour y parvenir et je me suis toujours attendu à ce que ce soit comme ça, mais on ne sait jamais vraiment ce que c’est, la F1, avant d’avoir vraiment conduit. Vous êtes toujours en train d’anticiper. »
« Maintenant que j’ai eu la chance d’y participer, c’est vraiment un sentiment différent. Je peux prendre du recul, maintenant que je sais ce que c’est. Je n’ai plus besoin d’imaginer la F1, en avoir fait l’expérience a évidemment été incroyable et formidable pour ma carrière, mais c’est un peu difficile de prendre du recul. »
Quel bilan ferait Liam Lawson aujourd’hui de cette expérience unique ?
« Tout était très spécial. Mais en même temps, c’était une période très chargée. La plupart des pilotes arrivent lorsqu’ils ont une saison pour faire leurs preuves. Moi, je savais que je disposais d’une courte fenêtre, qu’à un moment donné, il n’y aurait peut-être que deux courses, peut-être trois, et qu’en fin de compte, il y en a eu cinq. »
« Mais je savais que je devais en tirer le meilleur parti. Je pense que pendant tout ce temps, je n’ai jamais vraiment pris de recul pour réfléchir à ce qui se passait vraiment. Je n’ai fait qu’essayer d’en tirer le maximum. »
Lawson était anxieux et nerveux avant ses débuts
Revenons en détail sur les Grands Prix de Liam Lawson. Le premier d’entre eux, aux Pays-Bas, fut épique ! Dans des conditions dantesques, Lawson, arrivé en cours de week-end, n’a commis aucun impair et avait alors impressionné les observateurs.
« J’étais dans le garage avec Red Bull Racing et je regardais la séance comme d’habitude. J’ai vu l’accident et je n’ai rien pensé parce que c’était un petit accident. Puis, environ cinq minutes plus tard, ils ont montré une radio de Daniel et c’était lui qui mentionnait sa main. Pendant une demi-seconde, j’ai eu comme un éclair d’opportunité et de possibilité qui m’a traversé, et je me suis dit "peut-être". »
« Environ 20 minutes plus tard, mon téléphone a sonné et c’était AlphaTauri. Il s’agissait d’un message de l’équipe me disant que je devais me rendre à l’hospitalité immédiatement après la session. Je savais alors exactement de quoi il s’agissait, et pendant les 20 dernières minutes de la séance, j’ai fait les cent pas à l’arrière du garage. »
« Honnêtement, les ingénieurs de Red Bull me regardaient tous en se demandant ce que faisait ce type. C’était les 20 minutes les plus longues à penser à ce qui était potentiellement sur le point de se produire. J’ai tout de suite su que Zandvoort allait être difficile : une seule session d’essais libres, le temps n’est pas bon, toutes ces choses se bousculent dans ma tête et j’ai essayé de les mettre de côté et de me dire : "Découvrons ce qui va se passer". Cela m’a pris environ deux heures. »
Très ouvert et transparent, Lawson confie ses doutes, son stress et ses insomnies juste avant la course...
« Oui, c’était vraiment difficile. Lorsque j’ai appris que je conduisais, j’ai probablement passé une heure à être extrêmement anxieux et nerveux en sachant ce que j’allais devoir faire. Une fois que je me suis assis avec les ingénieurs et que j’ai commencé à examiner les aspects opérationnels de la voiture, les plans de course et ce que nous allions faire, il y avait tellement de travail à faire que, pour être honnête, du vendredi soir jusqu’à ce que je monte dans la voiture le samedi, j’étais juste concentré sur ce qu’il fallait faire. Avant même de m’en rendre compte, j’étais dans la voiture et je pilotais. »
« Je n’ai pas beaucoup dormi, j’ai même très mal dormi. Je me réveillais souvent. La nuit de vendredi à samedi a été difficile. La nuit de samedi à dimanche a été bien meilleure. Je pense qu’après les qualifications, j’ai bien dormi. Nous avons fait sept arrêts aux stands pendant la course. Il y avait tellement de choses à faire que c’était difficile. »
Au terme du premier Grand Prix à Zandvoort, Liam Lawson n’était pas encore certain de rouler de nouveau à Monza. Il avoue aussi avoir mal vécu cette incertitude.
« Non, le plus difficile, c’était de ne pas savoir combien de courses je pourrais rouler. Pour Zandvoort en particulier, en raison de la difficulté du week-end, je savais que je n’avais pas vraiment eu l’occasion de montrer quelque chose. Évidemment, c’est un peu stressant de se dire que si c’est ma seule chance en F1, c’est nul. Ce n’était pas l’endroit pour le faire et la course a été assez difficile. »
« C’est probablement à 80% de la distance de course que j’ai commencé à me sentir à l’aise avec la voiture, parce que tout le week-end, j’ai vraiment eu du mal à me sentir à l’aise. La voiture est tellement rapide, elle demande tellement d’engagement que si vous avez la moindre hésitation sur ce que vous faites, sur ce que vous faites avec la direction, l’accélérateur, les freins, tout ce qui est comme ça, si vous n’êtes pas à 100% confiant pour lancer la voiture, vous perdez tellement de temps au tour, vous perdez tellement de confiance en ce qui se passe. »
« C’est la différence quand vous regardez un pilote comme Max, il est tellement à l’aise tout le temps. Il est dans cette voiture depuis si longtemps qu’il est tellement à l’aise qu’il sait exactement ce qui va se passer quand il fait quelque chose avec la voiture. Je pense que c’est là que vous commencez à extraire les dernières petites choses en Formule 1. »