En raison de la pandémie de Covid-19, la saison de F1 ne devrait pas commencer avant le mois de juin. L’intersaison 2019-2020 sera ainsi exceptionnellement longue, et la saison 2020 devra au contraire se tenir sur un laps de temps particulièrement resserré. Dans le même temps, l’entrée en vigueur du nouveau règlement a été reportée, de 2020 à 2021. Si la vie se fige, le sport reprendra bientôt ses droits. Il est alors légitime de se demander à qui profite (ou non) un tel report…
Cinquième épisode de cette série avec Williams.
Les opportunités du report pour Williams
La pandémie de coronavirus a conduit à plusieurs conséquences en cascade. Une de ces conséquences, majeures, est le report de l’entrée en vigueur du nouveau règlement, de 2021 à 2022, et ceci, dans le but de favoriser les équipes de milieu de grille. En effet, l’annulation ou le report de plusieurs Grands Prix en 2020 vont réduire le prize-money à distribuer ; or cette redistribution des revenus est vitale pour les écuries de milieu de grille, qui auraient eu ainsi bien moins de temps et de moyens pour développer une toute nouvelle voiture. En apparence, le report du nouveau règlement crée donc une opportunité pour Williams, qui aurait plus de temps pour mieux négocier la révolution réglementaire qui s’annonce.
De plus, à un horizon de plus court terme, le report du début de la saison 2020 pourrait donner également plus de temps à Williams pour mener à bien sa refondation structurelle ; après le départ de Paddy Lowe, l’équipe a en effet procédé à une analyse département par département, voire employé par employé, de ses méthodes de travail ; ce genre de processus porte ses fruits à moyen terme, mais demande forcément du temps pour être mené à bien : en ce sens, les quelques mois de report pourraient être bénéfiques sur le plan du management.
Enfin, le décalage de plusieurs mois du début de saison donnera l’occasion au rookie Nicholas Latifi d’enchaîner les séances de simulateur, pour se sentir davantage prêt au moment de la reprise.
Les désavantages du report pour Williams
Cependant il apparaît bien que la situation actuelle crée plus de désavantages que d’avantages pour Williams. En effet, la réduction du nombre de courses et du prize-money va lourdement affecter les finances de Williams F1, qui dépend prioritairement de cette source de revenus.
Claire Williams fut ainsi parmi les premiers directeurs d’équipe à pointer du doigt ce problème d’importance vitale : « vous avez encore des salaires à payer. Vous dépensez moins, mais pour la plupart des équipes, leur masse salariale représente la plus grande partie de leurs dépenses mensuelles. Et si nous ne pouvons nous rendre sur les Grands Prix, alors que se passe-t-il avec l’argent des primes de la FOM ? Est-ce que le montant diminue alors, ce qui serait évidemment incroyablement difficile à gérer ? Et je suppose qu’en ce moment, nous espérons simplement que ce n’est pas le cas. Et évidemment, nous discutons de tout ce qui concerne les assurances, mais ce n’est pas une situation facile à gérer. »
Les finances déjà fragiles, de Williams F1, pourraient être ainsi être encore plus mises à mal par cette situation. La crise boursière et financière aggrave bien sûr cette situation, puisque Williams Holdings est cotée en bourse, et a perdu environ 20 % de son cours depuis un mois (ce qui toutes proportions gardées, n’est pas un résultat si catastrophique au vu de la situation actuelle). Il n’en demeure pas moins que la survie de l’équipe est une question qui pourrait devenir brûlante ces prochains mois…
Dans le même temps, il ne faut pas oublier que d’autres écuries en milieu de grille ne sont pas dans une situation aussi fragile que Williams, et pourraient ainsi en profiter pour creuser l’écart : AlphaTauri en particulier, n’a aucune crainte particulière à ressentir puisque c’est la maison-mère Red Bull qui comblera toutes les pertes…