Le documentaire sur la saison 2018 de Formule 1 produit par Netflix a rencontré un vrai succès dans le paddock, auprès des fans, mais aussi du côté de certaines personnes qui n’avaient rien d’aficionados du sport. ’Drive to Survive’, c’est son nom, a clairement plu aux observateurs, mais aussi aux acteurs de la F1, à commencer par les patrons d’écurie.
"J’attends vraiment la saison deux" a déclaré Christian Horner, directeur de Red Bull, que l’on voit se disputer avec le directeur de Renault, Cyril Abiteboul, à plusieurs reprises dans la mini-série. "Je pense qu’il pourrait y avoir une bataille, peut-être entre Cyril et Toto [Wolff] cette saison."
"Ce truc Netflix était un projet intéressant. Cela montre les coulisses de la Formule 1. Cela a suscité un grand intérêt, de ce que j’ai compris, pas seulement par ce qui s’est passé en piste, mais parce que ça dévoile les coulisses de l’action. Je pense que ce qui est important, c’est d’atteindre un nouveau marché, particulièrement aux Etats-Unis. C’est une face différente de la Formule 1, et c’est intéressant."
Abiteboul est satisfait du résultat final de ce documentaire, dont les images sont très convaincantes, mais tient à rappeler que la fiction prend parfois le pas sur la réalité.
"La conclusion, c’est que c’est une bonne chose pour la Formule 1. Plusieurs personnes m’ont parlé de Formule 1 pour la première fois alors qu’elles ne m’en avaient jamais parlé, donc on attire un nouveau type de clients ou de fans, et c’est bien."
"Est-ce que j’ai aimé tout ce que j’ai vu dedans ? Non, donc il est important de noter formellement que même si ce n’est pas scripté, il y a un peu de fiction. C’est aussi important, vu ce qui se joue pour les marques en termes de réputation, que nous ne fassions pas d’amalgame entre l’information et le divertissement."
Mercedes est une des deux équipes à ne pas avoir participé à ce documentaire, avec Ferrari. Toto Wolff, directeur de l’équipe allemande, ne confirme pas de raison exacte mais avoue, après avoir commencé à regarder la série en allant en Australie, qu’il a pris du plaisir à la regarder, ayant découvert la rivalité entre Horner et Abiteboul, ou le langage fleuri du directeur de Haas, Günther Steiner.
"Nous n’avons pas participé pour diverses raisons. J’ai regardé trois épisodes dans l’avion. Je pense que j’ai raté le plus important, le quatrième. Je pensais que Cyril et Christian étaient amis ! Il y a des gens qui ne regardent jamais la F1 qui en ont donné un bon retour. Il y a beaucoup de fiction. Les gens disent que Günther Steiner est un gars bien donc il a bénéficié de la série !"
Horner explique non sans amusement avoir été choqué par la quantité d’injures prononcées et non censurées dans le documentaire : "Je crois que ce qui est démontré, c’est que la Formule 1 a un gros syndrome de Gilles de la Tourette ! La quantité de gros mots dans cette série, et particulièrement... je veux dire, Günther, à chaque mot... il fait peur !"
Wolff considère en tous cas cette série comme un bon outil pour promouvoir la F1 : "C’est une bonne publicité pour la Formule 1, c’est bien fait, c’est en un sens très intrusif mais la promotion est bonne."
Mattia Binotto, directeur de Ferrari, n’a pas vu la série mais en entendant ses camarades parler, s’amuse que la FIA ait placé Abiteboul et Horner à l’opposé pour la conférence de presse : "Je ne l’ai pas encore vu, je le ferai, mais je comprends au moins aujourd’hui pourquoi ces deux gars sont aux deux extrémités de la table ! J’ai hâte de le voir."