Tom McCullough est le responsable de la performance chez Aston Martin F1, et pourrait bien passer un été moins agréable que prévu : car la performance, justement, de son équipe est en recul depuis plusieurs Grands Prix.
Aston Martin F1 a par exemple été dépassée par McLaren du point de vue de la compétitivité pure, surtout en Autriche, Grande-Bretagne et Hongrie.
Aston n’a-t-elle donc pas perdu la course aux évolutions ? On pourrait même se demander si la grosse évolution apportée à Montréal (nouveaux pontons, nouvelle carrosserie, nouveau fond plat) n’a pas, en réalité, fait faire un pas en arrière à l’équipe…
Des corrections apportées au plancher à Spa n’auraient depuis pas changé la donne. La voiture verte aurait certes plus d’appui aérodynamique… mais serait, en contrepartie, devenue plus difficile à maîtriser. Sa fenêtre de fonctionnement se serait rétrécie, et les réglages seraient plus difficiles à trouver.
Autant de supputations que réfute Tom McCullough : oui, la performance de l’AMR23 s’est bien améliorée.
Le problème, c’est que la concurrence a trouvé plus de rythme encore… et de toute manière, la compétitivité ‘pure’ n’existe peut-être pas. Tout dépend aussi de chaque circuit.
« Nous étions clairement la deuxième équipe la plus rapide une fois que nous avons apporté ces évolutions au Canada. »
« Je ne pense donc pas qu’il s’agisse d’un pas en arrière de ce point de vue. »
« Vous essayez toujours d’améliorer les performances de base, mais il est très rare que vous puissiez le faire sans modifier les caractéristiques de la voiture. On essaie donc toujours de comprendre les données réelles de la voiture, on établit toujours une corrélation entre la voiture réelle et les outils de développement, la soufflerie, le CFD - on se rend ensuite sur différents circuits et les caractéristiques des circuits influencent la performance relative de base, et d’autres personnes développent leur voiture également. »
« Il s’agit donc d’essayer de comprendre - et je pense que nous avons bien compris où nous en sommes avec notre voiture - quelles sont nos limites, quels sont nos points forts, où nous devons améliorer la voiture par rapport aux autres, en regardant vers la deuxième moitié de la saison, tous les circuits à venir. »
Aston Martin F1 aurait-elle aussi eu des problèmes de corrélation entre la piste et la soufflerie ? Les évolutions fonctionnent-elles bien comme le prévoit la soufflerie de l’équipe ?
« Rien n’est jamais corrélé à 100 %. »
« Mais vous essayez toujours de comparer ce que vous obtenez à ce que vous attendiez. Cela change d’un circuit à l’autre. La même voiture change d’un circuit à l’autre. »
« Il y a tellement d’autres facteurs qui l’influencent, mais en fin de compte, notre F1 largement ce que nous pensons qu’elle devrait faire, nous devons juste ajouter la performance à la voiture et c’est un jeu relatif. »
« On prend toujours des décisions dans la soufflerie et le CFD pour dire "OK, le flux d’écoulement de l’air ici est meilleur, la hauteur de caisse est meilleure, les ailerons arrière aussi - toutes ces choses". Vous voulez simplement compenser les performances. Mais il est très rare qu’on y parvienne. La clé du travail est d’apporter la performance, puis de comprendre ce que font les voitures actuelles et d’en tenir compte pour optimiser la voiture sur la piste, ce qui prend toujours quelques courses, puis d’en tenir compte dans le développement. »
Les évolutions n’auraient-elles pas aussi altéré l’ADN de l’AMR23, qui était une voiture très bien née ?
« Il y a toujours de petits changements dans les caractéristiques, mais je pense que la chose la plus importante est que certaines pistes sont différentes. »
« Certaines équipes se sont développées à un rythme différent. Nous avons amélioré la voiture, ses performances brutes. Oui, il y a de légères différences de caractéristiques, mais même si vous prenez la même voiture d’un circuit à l’autre, vous voyez aussi de légères différences de caractéristiques, donc nous parlons de petits changements. »
« L’un des axes de développement de cette année était d’améliorer la vitesse en ligne droite et les performances du DRS, car nous n’étions peut-être pas aussi compétitifs que certaines équipes au début de l’année. »
« Je pense que les dernières courses et l’étape que nous avons franchie [en Belgique] nous ont permis d’améliorer cela. Mais encore une fois, personne n’est immobile. Nous essayons donc de voir où nous n’étions pas aussi forts et d’améliorer ces domaines - sans perdre les points forts de la voiture que nous avions auparavant. »
Encore des évolutions prévues pour cette année
Les leçons apprises en 2023 serviront bien sûr pour la voiture 2024, dans une année de stabilité réglementaire.
Mais n’est-il pas justement temps d’abandonner l’AMR23 pour tout miser sur l’an prochain ? Pas encore, selon Tom McCullough.
« Nous visons un développement assez fort tout au long de l’année. »
« Nous avons un budget pour développer la voiture et c’est notre objectif, jusqu’à la fin du championnat, autant que possible. »
« À un certain moment, il faut se concentrer sur 2024. Mais nous sommes maintenant dans la phase où vous pouvez travailler sur les deux voitures. Et certaines des leçons que vous apprenez sur 2024, vous pouvez également les adapter pour la voiture actuelle. Qu’il s’agisse de CFD, de soufflerie ou de mécanique. »
« Nous sommes donc en train de pousser jusqu’au bout. Quelqu’un m’a dit que nous avions dix fois plus de points que l’année dernière à la même époque, et nous ne sommes qu’à la moitié de la saison. Nous sommes donc impatients d’entamer la seconde moitié de la saison ! »