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Le jour où Barnard interdit le Lambrusco à la pause-déjeuner chez Ferrari…

Entre lui et Maranello, une cohabitation devenue impossible

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John Barnard est passé par deux fois chez Ferrari, et à chaque fois, les différences culturelles entre cet ingénieur typiquement anglais, et les méthodes de travail italiennes à Maranello, ont créé quelques remous au milieu des succès.

L’ancien directeur technique de McLaren était arrivé chez Ferrari avec une grande innovation en 1989 : il avait conçu une boîte de vitesses semi-automatique, grâce à l’électronique, sur la Ferrari 640.

Dès le premier Grand Prix de la saison, le succès fut au rendez-vous grâce à Nigel Mansell, à Rio. De quoi faire taire les sceptiques sur cette innovation ? Pas vraiment.

Comme il l’a raconté pour le podcast "Beyond the Grid", la méfiance entre Barnard et Maranello était grande ; il faut dire que Barnard avait installé ses propres bureaux de conception en Angleterre – sacrilège pour la fierté italienne ! L’ambiance était ainsi détestable…

« Cette victoire m’a aidé ! Mais c’était Ferrari, c’était l’Italie. Vous ne pouvez imaginer à quoi ressemble la presse en Italie. Une semaine après Rio, tout semblait formidable, les gens disaient que la boîte de vitesses n’était pas une si mauvaise idée. Mais dès la prochaine course, ils recherchaient ce qui pouvait mal se passer. »

« Ils [la presse] se disaient : il est anglais, il travaille depuis l’Angleterre, il faut qu’on se le fasse. »

« Mais heureusement, je n’étais pas un grand lecteur de la presse ! »

La presse italienne n’avait pas tout à fait tort, cependant, sur la confiance qu’accordait Barnard aux ingénieurs de Maranello…

« Je ne faisais pas confiance à ceux de Maranello qui travaillaient sur les composés de matériaux. Oui, il y avait beaucoup de suspicion. Ils disaient tout le temps : oh, cette pièce a été faite ailleurs, etc… Et si vous avez un problème, il est très facile de commencer immédiatement à me regarder et à dire, c’est de ma faute. J’étais le responsable de tout techniquement. »

Barnard a essayé de changer la culture prévalant au sein de Ferrari, et d’abord, s’agissant de la priorité accordée au moteur.

« Le moteur était toujours la priorité, même après le décès d’Enzo Ferrari. Ferrari était centrée sur le moteur. Les écuries anglaises, elles, utilisent les potentialités de leurs châssis pour faire un meilleur travail que Ferrari. Donc c’était en fait des châssis anglais qui battaient le moteur Ferrari. Quand Enzo a réalisé ça, il s’est dit : nous devons faire quelque chose à propos de notre châssis. Et il a dit : nous avons besoin de Barnard. »

De manière aussi anecdotique, mais révélatrice, Barnard a aussi été intrigué par la longue pause-déjeuner qui prévalait à Maranello ! Et il a essayé de changer les choses – à son détriment, une fois encore.

« Mauro Forghieri [ancien bras droit d’Enzo Ferrari] m’a demandé : que font les écuries anglaises lors de la pause déjeuner ? Et j’ai répondu, ils prennent un café et un sandwich, ils s’assoient un peu… Mais chez Ferrari, on dressait une table, on mettait une nappe, et il y avait des bouteilles de vin, du Lambrusco ou je ne sais quoi. Et tout le monde s’asseyait. Et Mauro m’a demandé ce que nous devrions faire. J’ai répondu : on devrait faire la même chose qu’en Angleterre. »

« Et Mauro est allé voir tout le monde en disant : Mister Barnard veut que vous arrêtiez de boire du vin… Je ne parlais pas italien, donc je ne comprenais pas. Et les journaux italiens ont titré : Barnard bannit le vin ! »

Qui était, enfin, Enzo Ferrari, que Barnard a pu côtoyer dans ses dernières années ?

« Il montait les gens les uns contre les autres pour savoir qui allait gagner. Il savait comment fonctionnaient les gens. Il avait une aura, et quand vous alliez dans son bureau, vous pouviez serrer la main à celui qui, fondamentalement, était la course auto. Sans Ferrari, ce n’est plus le même championnat, ils sont très puissants, ils ont tellement d’histoire ; et c’est ce gars qui a tout créé. Même si toute personne de ce genre a un côté déplaisant. »

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