La F1 a présenté jeudi un plan financier pour 2021, dans lequel les équipes disposeront de 175 millions de dollars par an pour exploiter leur activité. Un budget duquel seront isolés les salaires des pilotes et des trois dirigeants de l’équipe, ainsi que le développement moteur.
Pour Renault, la donne ne devrait donc pas massivement changer, puisque Cyril Abiteboul explique que l’équipe française, hors développement moteur, compose déjà avec des finances situées sous ce seuil.
"Ça ne va pas réellement impacter notre budget puisqu’on opère aujourd’hui largement en dessous" a-t-il expliqué au micro de Canal+. "Il y a une inflation annuelle qui fait que progressivement on va s’approcher, on va flirter avec cette limite de 175 millions de dollars pour un périmètre donné mais on n’a pas du tout besoin de restructurer, de perdre des gens ou faire les choses différemment."
"En revanche, là ou ça va nous aider, c’est que ça va améliorer notre compétitivité puisque, là où on n’a pas besoin de faire de mesures particulières, et d’autres vont devoir se réorganiser complètement, perdre un certain nombre de personnes, travailler différemment, être beaucoup plus efficaces."
Il s’attend en effet à voir des restructurations dans les équipes de pointe : "En imaginant qu’une écurie comme Mercedes perde pas loin de 200, voire 250 personnes sur le périmètre en question, forcément leur situation de compétitivité va s’en trouver impactée."
"Je ne m’attends pas à ce que ça ait un impact direct en 2021 et que des victoires nous soient garanties mais en revanche, sur une durée suffisamment longue, forcément ça va permettre à de nouvelles forces d’émerger dont, j’espère, l’équipe Renault."
Mais il craint cependant que les équipes de pointe profitent de la dernière année sans limite en 2020 pour développer avec un budget presque illimité leur arrivée dans le nouveau règlement.
"Oui, c’est un problème. C’est un problème que j’ai signalé il y a six mois ou un an, en poussant pour un ’budget cap’ (plafond budgétaire, ndr) anticipé en 2020 précisément pour limiter le coût du développement de la saison 2021. Evidemment, les top teams n’ont pas voulu pour essayer de prendre autant d’avance que possible maintenant ce problème est identifié."
"Mais ce n’est pas parce qu’il est identifié qu’il faut tout mettre à la poubelle et qu’il ne faut pas faire un règlement sur le ’budget cap’. Mais encore une fois il ne faut pas s’attendre à ce que ce règlement, d’un coup de baguette magique, change tout pour 2021. Non, c’est dans la durée que ça doit s’inscrire et c’est dans la durée qu’il faudra juger ce nouveau règlement."
Il est toutefois satisfait que Liberty Media ait écouté ce qu’avaient à dire les équipes, même si cela a retardé l’établissement d’une réglementation définitive, et qu’il a fallu toutefois ne pas tenir compte de ce que certaines des équipes pouvaient dire ou penser à ce sujet.
"Ce règlement, c’est un processus participatif, pour utiliser un mot à la mode, tout le monde a pu s’exprimer, ça ne veut pas dire que tout le monde a été entendu" poursuit-il. "Ça a été un compromis, par exemple nous on poussait sur 150 millions qui est le budget auquel on se situe aujourd’hui, finalement c’est 175. Je le comprends puisque encore une fois, il y en a qui opèrent à 250 millions."
"Donc c’est ce type de compromis qu’il a fallu faire de la même façon que pour la standardisation, la simplification du règlement aérodynamique. Il y a eu un dernier petit coup de lobby des top teams pour rouvrir le dossier du règlement aéro qui a été écouté à 10 ou 20% par la FIA et la F1, mais encore une fois la substance et l’esprit du règlement sont fidèles à ce que Chase [Carey] et son équipe souhaitent depuis le début et ça a été très bien mis en oeuvre avec des personnes comme Nikolas Tombazis."