La performance pure des pilotes en F1, au vu du niveau d’exigence et des montagnes russes à traverser et subir dans une saison, dépend aussi de leur performance… psychologique.
Par exemple Romain Grosjean voyait régulièrement un psychologue pour améliorer son mental, ce dont il vantait les bienfaits (voir notre article).
Charles Leclerc aussi, surtout dans cette année où il joue le titre mondial, a conscience de l’importance du mental. En particulier pour apprendre à contrôler ses émotions en piste, dans la chaleur du moment. Le pilote Ferrari se confie…
« Aujourd’hui, plus que l’entraînement, c’est la maîtrise de soi, le self-control, qui comptent. J’ai dû faire beaucoup d’entraînement quand j’étais plus jeune pour savoir comment contrôler ce que vous ressentez, vos émotions et votre état d’esprit, ce qui est très important avant un week-end. Surtout dans les moments de tension, il est important de savoir se calmer et de pouvoir donner 200 % de ses performances, quelle que soit la situation dans laquelle on se trouve. »
« Maintenant, il ne s’agit plus de s’entraîner [mentalement], mais d’essayer d’être toujours dans cette zone et de se recentrer. »
On voit souvent les pilotes de F1 se concentrer, en s’isolant de la grille, quelques minutes avant le tour de chauffe. Charles Leclerc en particulier : en quoi consistent ses exercices ?
« Je sais exactement comment je dois me sentir avant de monter dans la voiture pour obtenir la meilleure performance et c’est toujours le même exercice que je fais, pour trouver le bon compromis. Alors que l’entraînement, l’entraînement physique, c’est juste de l’entraînement pur tout au long de l’année. »
« Quand je suis tendu, j’utilise beaucoup de techniques de respiration avant de monter dans la voiture et si je suis trop détendu, je fais beaucoup d’activation mentale : ça nécessite beaucoup d’imagination pour visualiser le tour parfait avant les qualifications ou le départ parfait en course. Ou bien différents scénarios pendant la course, juste pour activer un peu mon cerveau. Je fais aussi un peu d’activité physique. »
« Cela dépend de l’état dans lequel je suis avant de monter dans la voiture, mais j’utilise beaucoup mon imagination avant de monter dans la voiture. C’est un outil très puissant qui permet de s’assurer que l’on soit toute de suite performant, tout de suite dans sa zone pour donner ses 200 %. »
On a bien vu l’importance de ce mental pour Charles Leclerc lors du Grand Prix à Imola : l’erreur du Monégasque à la chicane était de son propre aveu une erreur liée au mental. Avec le recul, que peut-il en dire aujourd’hui ?
« Sur ce tour particulier, j’ai vu une opportunité. Tout au long de la course, j’ai été très honnête avec moi-même et je pensais que Red Bull était trop rapide pour nous. La troisième place était la place que nous méritions tout au long du week-end parce que nous n’étions tout simplement pas aussi rapides que Red Bull. »
« Mais sur ce tour particulier, mon état d’esprit a changé et j’ai vu l’opportunité d’aller chercher la deuxième place, et j’ai pris plus de risques que je n’aurais dû le faire au lieu de simplement prendre la troisième place à la maison. »
« Encore une fois, en regardant en arrière, c’est toujours cet équilibre que vous devez trouver en tant que pilote pour voir combien de risque vous allez prendre et combien de récompense cela va vous donner. Prendre la deuxième place ce jour-là n’était pas prévu et cela aurait été génial, mais cela ne s’est pas produit et j’ai perdu quelques points. Je vais continuer à y réfléchir et peut-être changer mon approche dans ces situations. »