Le duel entre Max Verstappen et Charles Leclerc (s’il y a encore vraiment duel pour le titre après le Grand Prix de Hongrie) est, pour le moment, sans accrocs et respectueux. Pourtant, ni le pilote Red Bull, ni le pilote Ferrari, ne sont forcément réputés pour avoir un style de pilotage relativement calme ou placide.
C’est d’ailleurs Charles Leclerc qui l’a lui-même confirmé dans une interview au Point : le Monégasque, au moment de définir son approche du pilotage, répond sans fard : « Je dirais plutôt agressive. »
Et d’expliquer : « Il y a des moments où il faut l’être, d’autres où il faut adapter sa conduite en vue du championnat. En 2019, quand je suis arrivé chez Ferrari, un des points négatifs était ma gestion des pneus. J’étais très rapide en qualification, mais j’avais plus de mal en course. J’ai utilisé les deux dernières années, qui étaient plus difficiles, pour adapter mon pilotage et mes réglages afin d’être le plus performant quand la voiture serait au niveau. »
« Mais sur la route, suis très tranquille, pas du tout le même que sur la piste. Je respecte les limitations de vitesse sur la route [rires]. »
Si Charles Leclerc peut se montrer aussi « agressif » en piste, n’est-ce pas aussi parce que l’électronique, surabondante en F1, le lui permet ? D’ailleurs, le pilote Ferrari partage-t-il le constat d’Alain Prost selon qui l’électronique aurait peut-être pris trop de place dans le pilotage, enlevant de la liberté aux 20 artistes du volant ?
« C’est très difficile pour moi de faire la comparaison parce que je ne sais pas comment c’était exactement à l’époque. Après, c’est sûr que les voitures sont tellement plus complexes aujourd’hui que l’on ne connaît peut-être pas tout en détail, même si je fais tout pour en savoir le plus possible [rires]. Par rapport à l’époque d’Alain, il y a plus de données numériques, donc beaucoup plus de choses à regarder pour les ingénieurs. Entre les courses, il y a plus de meetings techniques, et bien plus de personnes dans les équipes, qui sont désormais énormes. »
« Ce sport s’est beaucoup développé, il y a beaucoup plus de technologie. Mais à la fin, les ingénieurs nous écoutent : le pilote est quand même au milieu du projet et son ressenti est bien sûr pris en compte. On doit toujours trouver le bon équilibre entre la voiture et le pilote. »
Si l’on continue à parler d’histoire de la F1, à quel point ces F1 du nouveau règlement aérodynamique de 2022 sont-elles belles dans le cœur de Charles Leclerc ? Quelle serait sa monoplace préférée depuis 1950 ?
« Celle que j’ai conduite au Grand Prix historique de Monaco en mai : la Ferrari 312 B3 [engagée dans les championnats du monde de Formule 1 de 1973 à 1975, NDLR]. Les voitures étaient magnifiques à l’époque, et différentes les unes des autres, même si je trouve que cette année on a gravi une étape en termes esthétiques. On cherche à rendre les voitures plus rapides, plus performantes, mais celles que l’on conduit actuellement sont belles. »
Les F1 actuelles sont cependant beaucoup plus efficientes avec l’unité de puissance hybride (50 % d’efficience énergétique). A quel point l’écologie est un sujet important pour Charles Leclerc, relativement discret par rapport à un Lewis Hamilton ou à un Sebastian Vettel par exemple ?
« Dans tous les cas, l’écologie nous intéresse. Tous les pilotes en discutent et on essaie d’agir de manière responsable. Ces actions peuvent paraître infimes au quotidien, mais elles font une grosse différence si tout le monde s’implique. »
« Je pense qu’on le montre petit à petit, notamment dans les moteurs et la gestion de l’essence avec l’utilisation de plus en plus importante de l’éthanol. Je pense que dans les prochaines années, on utilisera 100 % de biocarburant. Il y a aussi l’hydrogène et de nouvelles essences de plus en plus bio. Il faut toujours qu’on soit les pionniers et qu’on trouve des solutions qui puissent profiter à tous. »
Leclerc plus fana d’endurance que de Sprint F1
Alors que son quotidien (dont il a montré quelques coulisses ici) est très chargé au vu du calendrier, Charles Leclerc aspire aussi à de plus en plus se reposer (voir notre article).
C’est dans ce contexte qu’il appelle la F1 à la modération sur le nombre de courses sprint par année (la FOM entend doubler le nombre de sprint l’an prochain).
« Pour les courses « sprint », c’est un bon format qu’il ne faut pas multiplier. Trois cette année, c’est bien. »
Charles Leclerc est en revanche bien plus intéressé par l’endurance : alors que Ferrari va revenir en catégorie reine aux 24 Heures du Mans, il confirme son intérêt…
« J’aimerais beaucoup. La F1 reste la priorité, mais s’il y a une possibilité et que cela n’interfère pas avec une autre course, pourquoi pas ? [sourire] »