Quel bilan est-il possible de tirer des essais Pirelli post-saison d’Abu Dhabi, et en particulier de l’apparition des 18 pouces, les pneus du nouveau règlement, qui succèderont aux 13 pouces ?
Il était attendu que les 18 pouces soient plus lents que les 13, mais à quel point ? Pirelli dispose désormais d’indications plus fiables.
De plus, on attendait Pirelli sur un autre point, peut-être plus problématique : des équipes ont dit avoir rencontré du graining avec les 18 pouces : sera-ce un gros point noir à attendre l’an prochain ?
Mario Isola apporte les réponses à ces deux questions, sur les chronos et sur le graining...
« Le graining, c’était la principale limitation en termes de performance pendant les deux jours en termes de temps au tour. »
« Je dirais qu’ils étaient assez bons, les pneus, parce que si vous comparez, par exemple, le mardi ils étaient un peu plus d’une seconde plus lents que les pneus de 13 pouces, sans considérer le tour rapide fait par De Vries avec la Mercedes à la fin qui était clairement un tour de qualification, alors qu’avec les voitures mulets, ils ne se concentraient pas sur les tours de qualification. »
« Donc en prenant comme référence un temps de 1’25, nous avons une différence qui est de l’ordre de 1,5 seconde par tour. »
« C’est tout à fait acceptable si l’on considère que les voitures ne sont pas totalement optimisées. L’année prochaine, avec les nouvelles voitures, les réglages seront bien meilleurs et plus équilibrés. »
Avec de telles voitures mulets, et avec bien sûr des F1 adaptées de manière bien incomplète, il ne fait aucun doute que cette première estimation est encore très fragile, poursuit Isola. L’Italien confirme l’écart qui sera à attendre à Bahreïn entre les F1 2021 et 2022 en tout et pour tout : seulement 5 dixièmes, alors que l’on attendait plusieurs secondes il y a quelques mois.
« Nous n’aurons une image réelle qu’au début de l’année prochaine » poursuit Isola, « lorsque les équipes pourront tester ces pneus avec les voitures de 2022, qui auront une aérodynamique complètement différente, des freins différents. »
« Selon les dernières simulations des équipes, les nouvelles voitures seront environ cinq dixièmes de seconde plus lentes que les voitures actuelles : un écart qu’elles parviendront probablement à combler d’ici la fin de la saison prochaine. »
Un style de pilotage à changer ?
Quid des différences désormais du point de vue du pilotage ? Chez Red Bull, Max Verstappen a déjà confié qu’il devrait adapter son style.
« C’est un peu plus difficile au freinage, plus facile de bloquer les pneus parfois » note Isola.
Il semble que ces pneus plus lourds rendent par conséquent le pilotage plus difficile…
« Ils ont senti le poids des pneus. Chaque jante avant est plus lourde de 2,5 kg que les 13 pouces et l’arrière est plus lourd de trois kilos que les pneus 13 pouces, ils l’ont donc ressenti au volant. »
« Ils ont signalé une très bonne motricité en ligne droite. »
Quant aux problèmes de survirage ou de sous-virage rencontrés aussi par certaines équipes, Isola, là encore, relativise.
« Dans certains cas, il y a un peu de survirage, ce qui correspond au fait qu’en cas de sous-virage, on a tendance à utiliser plus d’angle de braquage. Je peux dire que le commentaire général de tous les pilotes était sur le sous-virage, il semble que notre pneu arrière est beaucoup plus fort, il pousse beaucoup l’avant. Et le commentaire général était sur un équilibre de sous-virage. »
« Considérez qu’avec ces voitures mulets, la possibilité d’ajuster les réglages était limitée. Donc dans certains cas, même si les équipes travaillaient sur les réglages de la voiture, les voitures étaient toujours sous-vireuses, à cause de la force du pneu arrière. »
« En discutant avec les équipes, elles pensent qu’elles peuvent équilibrer les nouvelles voitures assez facilement. Ils m’ont dit qu’ils ne s’inquiétaient pas du tout du sous-virage, et ils savaient qu’avec les nouvelles voitures, ils s’attendaient à un peu de cela. Ils semblent donc ne pas être inquiets du tout. »