La plus grande part des émissions carbone de la F1 provient, non du roulage des voitures en elles-mêmes sur les circuits (loin de là), mais de la logistique (voir notre article).
C’est ainsi que fort logiquement, c’est sur cet aspect logistique que Mercedes concentrera ses efforts prochainement.
A l’occasion de la saison européenne, l’équipe allemande va utiliser des biocarburants dans ses camions transportant le matériel, de Grand Prix en Grand Prix. Ce qui devrait lui permettre d’économiser 60 % de ses émissions de CO2 sur la période.
Un essai, l’an dernier, entre Spa, Zandvoort et Monza, avait déjà été mené avec Petronas et les partenaires logistiques de l’équipe : il avait conduit à réduire les émissions de 89 % (pour les émissions liées au fret).
Mercedes franchira donc en 2023 une nouvelle étape de taille, alors que justement à partir de 2035, les voitures fonctionnant avec du biocarburant ne seront finalement pas bannies de l’UE (à la vente). Et la F1 elle-même utilisera à 100 % du carburant d’origine renouvelable pour sa prochaine génération d’unité de puissance, dès 2026.
Une mesure écologique… et économique !
L’argument est écologique donc… mais aussi financier !
Car à la suite des récriminations des équipes et notamment de McLaren (voir notre article), la Commission F1 a décidé de faire évoluer la réglementation financière sur les budgets plafonnés.
McLaren le soulignait en effet, il existait un conflit entre durabilité et performance : pourquoi utiliser du biocarburant qui coûte plus cher, si cela rentre dans les budgets plafonnés et prive l’équipe de ressources précieuses ? En clair, il ne faudrait pas choisir entre l’écologie et un nouvel aileron avant…
C’est pour ça qu’une exception a été approuvée tout récemment par la Commission F1, pour décompter des dépenses pro-planète des budgets plafonnés. Une nouvelle exception est donc créée et qui concerne pour le moment l’achat de biocarburants, de camions équipés et de générateurs propres pour alimenter ces camions.
Finalement, Mercedes fera même donc des économies sur le montant total de son budget plafonné. C’est un cercle vertueux.
Autres exceptions créées : si le personnel de l’équipe voyage par train, le montant des billets ne sera pas inclus dans les budgets plafonnés. De même que l’achat de voitures électriques ou à hydrogène. Ou encore, le coût du bio-carburant pour les voyages en avion. Des dépenses qu’il faudra bien tracer et contrôler, ce qui ajoute tout de même de la complexité au système...
« Lors des neufs courses en Europe, notre flotte de camions Mercedes-Benz Actros, qui transportent tout le fret nécessaire à chaque course, se ravitaillera en HVO100, un biocarburant de deuxième génération. Depuis leur point de départ au Royaume-Uni et en Allemagne et à travers l’Europe, chaque camion parcourra entre 9 000 et 10 000 km, et ces camions seront entièrement alimentés par le HVO100, réduisant ainsi de 89 % les émissions pour chaque kilomètre parcouru » précise Mercedes.
Précédemment, Mercedes avait aussi œuvré pour réduire de 50 % ses émissions aériennes en utilisant là encore, du bio-carburant.
Alice Ashpitel, responsable du développement durable, a ainsi commenté cette innovation : « C’est un projet ambitieux et complexe qui se prépare dans les coulisses de l’équipe depuis plus d’un an. Avec le soutien et la collaboration de nos partenaires experts, nous nous attaquons à un pilier essentiel de notre stratégie visant à atteindre la neutralité carbone et à soutenir l’adoption plus large du carburant HVO100 dans les secteurs du sport et de la logistique. Ce projet marque une nouvelle étape dans notre stratégie de développement durable, mais nous sommes sur une courbe d’apprentissage. D’après les résultats de notre essai, nous sommes ravis de constater qu’une réduction de 89 % des émissions est possible pour chaque trajet effectué par nos camions, tout en reconnaissant que les difficultés d’approvisionnement en HVO100 à travers l’Europe restent importantes. »
Toto Wolff, le directeur d’écurie, rappelle lui que cette nouveauté s’inscrit dans le cadre de la stratégie neutralité carbone de Mercedes pour 2030 (comme pour la F1).
« La course automobile est alimentée par la passion et nous avons la responsabilité d’utiliser la plateforme mondiale de la Formule 1 pour être plus que des leaders ; nous voulons être des pionniers. En collaboration avec notre partenaire technique PETRONAS, nous considérons que les carburants durables sont au cœur de la stratégie de notre équipe, visant à réduire nos principales sources d’émissions et à atteindre l’objectif "Net Zero" d’ici 2030. »
« En travaillant ensemble, nous pouvons nous engager pleinement en faveur d’une haute performance durable. Une réduction de 89 % des émissions pour chaque kilomètre parcouru par nos camions cet été serait une véritable réussite pour les efforts combinés de l’équipe, de PETRONAS et de nos partenaires logistiques qui ont travaillé si dur sur ce projet innovant et stimulant. »