Le calendrier F1 va encore enfler l’an prochain, avec une série de… 24 courses prévues tout au long de l’année.
Faudra-t-il dès lors mettre en place une rotation des équipes se rendant de circuit en circuit ? Ce sujet a longtemps été évoqué mais l’on peine à en voir encore la réalité… en particulier chez les petites équipes qui ont moins de ressources humaines.
Dave Robson, directeur de la performance, fait le point : Williams va-t-elle donc choisir d’opérer des rotations ?
« Oui, ça va être intéressant. C’est nouveau pour nous tous. Et il y a des avantages et des inconvénients à faire tourner certains des postes clés de l’ingénierie. Je ne peux évidemment pas parler pour les autres équipes, mais nous verrons probablement différentes approches. Nous avons introduit une certaine rotation en 2022, donc vous entendrez différentes voix parler aux pilotes lors de différentes courses. C’est ce que nous faisons depuis une saison et demie en préparation d’un calendrier étendu. »
« Ce n’est pas seulement le nombre de courses, c’est aussi la façon dont elles sont organisées, leur enchaînement. C’est donc très difficile. Si vous voyagez sur toutes les courses, alors vous passez très peu de temps à l’usine et ce n’est pas très utile pour développer la voiture. Donc oui, la rotation sera probablement importante pour l’avenir à long terme de l’équipe d’ingénieurs et des mécaniciens, donc nous devrons mettre en place une certaine rotation, il s’agit juste de savoir comment nous le faisons, quelle est la manière la plus efficace. »
Ayao Komatsu, directeur de l’ingénierie chez Haas, précise une autre valeur ajoutée de la rotation : en plus de faire gagner de l’énergie, la rotation des équipes permet d’améliorer la communication au sein de l’équipe.
« Vous savez, c’est tellement important d’avoir une bonne intégration entre les gens sur la piste et les gens à l’usine. Si nous ne faisons pas de rotation, les équipes se rendant sur les circuits ne voient pas ce qu’il se passe à l’usine et alors la communication devient un problème. Nous avons déjà commencé un peu cette année à certains postes, et nous en voyons déjà le bénéfice. »
« Il n’est pas très réaliste de penser que durant les 24 événements, vous n’avez pas de personnel de réserve, que tout le monde pourra faire les 24 courses sans être malade ou quoi que ce soit d’autre, donc c’est important. »
« Mais ça nous permet aussi d’améliorer la communication entre la piste et l’usine et c’est positif. Donc oui, nous avons définitivement envisagé un modèle légèrement différent l’année prochaine. »
Les ingénieurs de course auprès des pilotes interdits de rotation ?
Chez Mercedes, le directeur technique Mike Elliott pense lui prioritairement au niveau de fatigue des siens.
« Ce qui est important, c’est de trouver le bon équilibre entre avoir des personnes qui sont fraîches et qui sont capables de faire leur travail du mieux qu’elles peuvent, mais aussi d’avoir la continuité dont vous avez besoin entre les ingénieurs. Je pense donc qu’un certain niveau de rotation devra être mis en place et qu’il sera différent selon les différents postes et rôles dans l’équipe, en essayant probablement de l’adapter aux besoins des individus. Car cela sera important. »
Cependant, les ingénieurs de course auprès des pilotes (par exemple ’Bono’ pour Lewis Hamilton, Pierre Hamelin pour Pierre Gasly, etc.) vont-ils vraiment pouvoir s’éviter de se rendre de Grand Prix en Grand Prix ? N’est-il pas important qu’un pilote ait tout le temps le même ingénieur ?
Mike Elliott développe ce point.
« C’est vraiment une question pour les pilotes, mais c’est important. Je pense qu’avec la technologie que nous avons autour de nous, ce n’est pas comme si les ingénieurs de course ne pouvaient pas être impliqués, ils seraient juste impliqués depuis l’usine, par exemple, et alors au moins vous n’avez pas à faire les vols etc. Je pense donc qu’il y a un équilibre à trouver. »
« La plupart des pilotes - j’aimerais connaître leur opinion - veulent probablement avoir leur propre ingénieur de course parce qu’ils ont l’habitude de travailler avec eux, il y a une relation qui se crée entre l’ingénieur et le pilote, ce qui signifie que vous captez tous les signaux qui ne sont pas parlés, vous êtes capable de capter le langage corporel et de l’utiliser à votre avantage. Et si vous travaillez avec un parfait inconnu, c’est difficile. »
« Il appartiendra à l’équipe de trouver un moyen de contourner ce problème et cela signifiera probablement que la personne avec laquelle le pilote travaille ne soit pas un nouveau visage. Mais quelqu’un avec qui ils ont l’habitude de travailler. »