La F1 a donc trouvé au mois de mai un accord historique, avec l’abaissement progressif des budgets plafonnés à 145 millions de dollars (135 millions en 2023-2025), et l’introduction de limitations entourant le développement aérodynamique des écuries de pointe, afin d’apporter plus d’équité dans le plateau.
Aujourd’hui consultant technique pour la F1, Rob Smedley, l’ancien ingénieur de course de Felipe Massa chez Ferrari et Williams, et d’ordinaire assez discret dans les médias, a réagi à ce qui apparaît comme une victoire pour la FOM et la FIA.
Invité du podcast « F1 Nation », Smedley a commencé par saluer l’esprit de responsabilité qui avait pu faciliter la conclusion de cet accord, malgré la vive opposition de Ferrari et Red Bull jusque dans les dernières heures.
« Dans l’ensemble, il y avait un désir, une prise de conscience peut-être, pour que cela se concrétise. C’est le moment pour le sport. Revenez à la fin de l’an dernier, quand nous sommes arrivés à trouver un accord sur les budgets plafonnés, Ross Brawn a été clair à ce sujet, nous n’étions pas encore au niveau que nous aurions d’abord souhaité. Le nombre que nous voulions était un point d’interrogation. Mais au moins nous avions le mécanisme, la gouvernance. Et maintenant, nous avons pu avancer. »
Les budgets plafonnés ne suffisaient-ils pas pour apporter plus d’équité dans le sport ? Pourquoi, selon Rob Smedley, a-t-il fallu aussi limiter les développements aérodynamiques, le temps passé en soufflerie ?
« Tout est vraiment lié de près. C’est plus une structure d’ensemble. Il faut donc vraiment y faire très attention. C’est là où est notre philosophie. Nous sommes clairs sur un point : nous construisons une F1 qui puisse être meilleure et plus soutenable. Je suis personnellement très heureux que nous ayons ce nouveau règlement. »
Mettre en place ces règlements est une chose, en surveiller l’application en est une autre : Rob Smedley n’est-il pas effrayé par l’ampleur de la tâche à venir pour la FIA ?
« C’est toujours un défi. Nous pensons avoir ce qu’il faut pour la gouvernance et la surveillance. Prenez les limitations des tests aérodynamiques. La F1, depuis de nombreuses années, a introduit ces limitations, sur le temps passé en soufflerie ou en CFD. Ce n’est pas simple. Mais il faut aussi un niveau d’auto-surveillance, de responsabilité personnelle. »
« Je l’ai vu chez Williams, les équipes elles-mêmes y sont prêtes. C’est comme si vous enfreignez le poids minimum de la voiture au départ d’un Grand Prix, vous ne le faites pas car vous savez que si vous êtes pris, vous allez être fortement punis. »
« Si nous mettons des processus assez bons en place, si nous regardons dans tous les détails, et recourons à des experts et consultants externes, alors, la surveillance sera plus efficace. »
Les sanctions, rappelons-le, seront lourdes en cas de triche des équipes sur les budgets plafonnés : lourdes amendes, retrait de points, bannissement de plusieurs courses voire du championnat…