Les essais hivernaux sont bien souvent une période décisive pour le reste d’une saison, ou tout du moins pour les premières courses – et ce plus encore depuis la limitation drastique des essais privés depuis quelques années, pour des raisons budgétaires.
Chaque écurie arrive ainsi à Barcelone avec un programme serré, qu’il faudra exécuter en un minimum de temps.
Mais pourquoi, d’ailleurs, choisir Barcelone ? On sait que le circuit catalan, qui dispose de virages rapides ou lents, et d’une longue ligne droite, est assez représentatif du reste des circuits. Son bitume abrasif met également bien à l’épreuve les pneus.
Ce n’est néanmoins pas la seule raison qui explique ce choix. Comme le rappelle McLaren, il existe des raisons également logistiques : Barcelone est situé à une distance raisonnable de l’Angleterre, et les écuries peuvent ainsi apporter des nouvelles pièces « en flux constant » en provenance directe de l’usine.
De surcroît, « les infrastructures sont excellentes, ce qui est un facteur important pour les équipes qui arrivent avant l’aube et repartent longtemps après le crépuscule », précise l’écurie anglaise.
Comme les autres écuries, McLaren a passé les premiers tours de piste à faire toute une série de vérifications techniques et des systèmes. « Chaque élément mécanique de la voiture est examiné avec soin » précise Woking : hauteur de la voiture, angles des ailerons, toute pièce est scrutée et ajustée si nécessaire.
Vient ensuite ce que l’on pourrait nommer l’heure de vérité : la corrélation des données sur piste réelle par rapport au simulateur et à la soufflerie est enfin éprouvée. « C’est un moment anxiogène pour les aérodynamiciens » précise McLaren.
« C’est un soulagement si la voiture sur la piste génère des résultats qui se corrèlent bien avec ceux du modèle en soufflerie. Alors qu’une mauvaise corrélation peut renvoyer un programme des mois en arrière. » C’est à ces fins que l’écurie installe de grands « rakes » sur la voiture, quand elle n’est pas repeinte par de la peinture fluorescente.
Une fois ces données corrélées, l’équipe passe aux simulations de course, « de loin la tâche la plus importante » pour McLaren. Pour ce faire, des séries de longs relais avec beaucoup d’essence sont programmés. Les données relatives aux pneus sont également enrichies, pour donner un aperçu de la longueur envisageable de chaque relais. La fiabilité des pièces est dès lors pleinement éprouvée – tout ce que ne permet pas vraiment un simulateur.
« S’agissant du test des pneus, rien ne vaut véritablement l’essai d’une voiture sur piste réelle » poursuit McLaren.
« Nous avions bien sûr testé les Pirelli 2019 à Abu Dhabi [à la fin de la saison dernière], mais c’est un circuit avec des conditions assez chaudes » précise Tim Goss, le directeur technique de McLaren. « Il faut en apprendre plus sur ces pneus sur différents circuits. Et les écarts de performance entre chaque composé ne sont pas nécessairement tous égaux. »
Barcelone est en réalité « un circuit excellent pour les tests pneumatiques » conclut McLaren, « puisque le tarmac est l’un des plus abrasifs du calendrier, et le circuit met à rude épreuve les pneus. »
Les écuries finissent souvent leur journée en vidant au maximum leur réservoir d’essence, afin de tester l’efficience des réservoirs - ce qui ne manque pas de causer quelques drapeaux rouges. « Assez justement, faire cela au milieu d’une session ne fait pas partie des bonnes manières » précise McLaren.
Il n’y a pas seulement que la voiture qui est testée à Barcelone : les mécaniciens ont également l’occasion de pratiquer de nombreux arrêts aux stands, de tester leurs nouveaux instruments (pistolets, etc…), de s’habituer à leurs éventuels nouveaux rôles. Seul bémol : il n’est pas possible de pratiquer des doubles arrêts aux stands consécutifs, puisqu’une seule voiture par équipe roule aux essais. Les procédures de départ sont également plusieurs fois éprouvées – l’occasion est trop rare de les tester en week-end de Grand Prix - ce qui sera fort utile pour gagner quelques places à l’extinction des feux à Melbourne, dans maintenant quelques semaines…