En cette saison de présentations de nouvelles monoplaces de F1, nous revenons sur les voitures qui ont marqué l’histoire de la Formule 1. Elles n’ont pas forcément un très grand palmarès, mais il s’agit des voitures les plus bizarres, les plus moches ou les plus extrêmes sur le plan technique.
Après avoir abordé notamment la mythique Tyrrell P34 ou la surprenante Lotus E22 dans la partie 1, nous continuons notre retour en arrière sur les monoplaces les plus bizarres, avec notamment une plongée dans les années 70, à l’époque où le Règlement Technique de la F1 n’existait pas en tant que tel.
Lotus 56B
A la fin des années 60, Colin Chapman voulait participer à l’Indy 500 et au championnat du monde de F1 avec la même voiture. Il jeta son dévolu sur le concept Lotus 56, une voiture sans boîte de vitesses qui reçut une turbine à gaz.
Le principe était de comprimer l’air, de le mélanger au combustible, et de se servir de la détonation pour activer un compresseur. Le concept fit ses preuves à Indianapolis en manquant la victoire pour neuf tours en 1968.
Chapman décida donc de fabriquer une F1 dérivée du modèle, qui devint la Lotus 56B. La turbine de Pratt & Whitney pouvait produire davantage de puissance mais obligeait une voiture à 4 roues motrices, et des freins surdimensionnés.
Mais le résultat ne fut pas à la hauteur des espoirs de Chapman, et la 56B ne participa qu’à trois Grands Prix, sans inscrire aucun point. Il abandonna le concept de turbine pour revenir au classique mais efficace V8 Cosworth DFV.
March 711
La March 711 fut surnommé Tea Tray, en français "plateau à thé", et l’on peut rapidement comprendre pourquoi en la voyant. Outre la configuration étonnante de ses radiateurs latéraux, par la suite devenus une évidence, la monoplace avait surtout un aileron avant très étonnant.
Alors que se développaient les ailettes autour du museau souvent plat des F1, March décida d’amener une voiture avec un large plateau ovale surmontant le museau, et porté par un épais mat central.
Une première version possédait également une prise d’air au-dessus du pilote, très proche de ce que nous connaissons aujourd’hui, et celle-ci fut supprimée en même temps que le capot moteur. Aux mains de Ronnie Peterson, elle signa cinq podiums en 1971.
Tyrrell 025
Lorsque Tyrrell présenta sa 025 au sortir d’une nouvelle saison décevante en 1996, celle-ci fut remarquable. Outre sa livrée blanche et noire, son pilier central à l’avant pour supporter l’aileron était spectaculaire.
Ce choix technique n’apporta pas les performances escomptées, et l’anémique V8 Ford, qui n’était plus utilisé depuis deux ans et remplaçait le V10 Yamaha, empêcha la voiture d’afficher une puissance suffisante en ligne droite.
Quelques courses après le début de saison, Tyrrell choqua le paddock en apportant des mini-ailerons sur les pontons, rehaussés par deux supports. L’équipe avait simplement étudié la zone de liberté autour de la voiture, et y installa deux ailerons rapidement surnommés "pingouins" (photo en haut de l’article).
La solution fut reprises par la suite par Jordan, Sauber ou encore Ferrari, pour ajouter de l’appui sur les voitures. Pour Tyrrell, la compacité du V8 et cet appui supplémentaire furent l’occasion de marquer des points à Monaco, grâce à la cinquième place de Mika Salo.
Au terme d’une course sans arrêt au stand, ce qui ne s’est jamais produit depuis sur une course sans drapeau rouge, le Finlandais inscrivit les derniers points de l’équipe britannique, vendue l’année suivante à BAR.
Life L190
Si la Life L190 n’était pas la voiture la plus étrange visuellement parmi celles que nous avons choisies, elle possédait un moteur hors du commun qui lui permet de figurer parmi cette liste.
Et pour cause, elle n’embarquait un moteur en V, mais en W. C’était en effet un W12 possédant trois rangées de quatre cylindres. Il devait afficher des performances similaires à un V12 en prenant moins de place à l’arrière de la monoplace.
Affichant plus de 40 secondes de retard sur le meilleur temps lors de la manche d’ouverture de Phoenix, la Life L190 ne parvint pas à se pré-qualifier lors de chacune de ses 12 tentatives avec ce moteur. L’équipe disparut au bout de 14 tentatives, les deux essais avec un moteur Judd n’ayant pas été plus convaincants.
Ligier JS5
Surnommée "la théière" outre-Manche, la Ligier JS5 eut de nombreux surnoms en France. Alors que la taille de la cheminée et du capot moteur n’étaient pas réglementées, Gérard Ducarouge décida d’offrir à Ligier et à son commanditaire Gitanes un énorme espace sur la monoplace.
Alimentant en air l’imposant V12 Matra, cette boîte à air gigantesque fut validée en soufflerie. Elle permettait en effet, en absorbant l’air bien plus haut que la voiture, de ne pas prendre un air perturbé aérodynamiquement, mais plus pur et moins chaud.
Malgré sa taille, il ne perturbait aucunement le fonctionnement du train arrière et de l’aileron. Grâce à un manche à air situé dans la cheminée, l’air arrivait de manière compressée et augmentait la puissance du moteur.
Malheureusement, la Commission Sportive Internationale (ancêtre de la FIA) mit un terme à son existence en obligeant les constructeurs à concevoir des cheminées qui ne dépassaient pas la hauteur maximale de l’aileron arrière, soit 80 cm du sol.
Cela marqua la fin d’une ère, les hautes boîtes à air ayant été très nombreuses dans la première partie des années 70. Toutes les équipes durent ainsi produire des voitures avec une hauteur limitée par la suite.