En cette saison de présentations de nouvelles monoplaces de F1, nous revenons sur les voitures qui ont marqué l’histoire de la Formule 1. Elles n’ont pas forcément un très grand palmarès, mais il s’agit des voitures les plus bizarres, les plus moches ou les plus extrêmes sur le plan technique.
Après avoir abordé notamment la mythique Tyrrell P34 ou la surprenante Lotus E22 dans la partie 1, puis avoir parlé de l’étrange Ligier JS5 et de la Tyrrell 025 à pingouins, nous terminons notre retour en arrière sur les monoplaces les plus bizarres, avec la troisième et dernière partie de notre article.
McLaren MP4/10
Pour sa première année avec une monoplace au nez relevé, McLaren décida d’affiner au maximum son châssis, dans lequel se trouvait pour la première fois un moteur Mercedes. Son nez très fin en fut évidemment le point le plus étonnant, ainsi que la finesse de son cockpit.
Une finesse qui posa d’ailleurs des problèmes dès le début de saison, puisque Nigel Mansell, sorti de sa retraite, fut incapable de se sentir à l’aise dans la voiture et fut remplacé par Mark Blundell. Le champion du monde 1992 revint disputer deux courses avant de laisser définitivement la place à Blundell.
La voiture termina sur le podium aux mains de Mika Häkkinen, qui eut toutefois un grave accident à son volant en fin d’année à Adélaïde. La version évoluée embarquait un mini aileron placé sur le capot moteur, qui ajoutait de l’appui mais rendait la voiture plutôt disgracieuse.
Ce fut la dernière monoplace à arborer un nez aussi pointu, la FIA ayant statué à partir de 1996 que les museaux devaient avoir une largeur minimale.
Eifelland E21
L’Eifelland-March E21 se basait en réalité sur la March 721, un châssis très régulièrement utilisé dans les années 70. Avec ses airs futuristes par les formes de son capot moteur, la monoplace se distinguait surtout par la prise d’air devant le cockpit, ainsi que par son énorme rétroviseur central.
Celui-ci s’installait devant les pilotes, leur offrant une expérience digne du Halo aujourd’hui avec un pilier devant les yeux. Mais la monoplace ne fut pas performante, et l’équipe Eiffeland se retira du championnat du monde de F1 après seulement huit courses.
Ferrari 126 C2
Voiture ultra performante utilisée par Ferrari en 1982, la 126 C2 est surtout connue pour avoir été celle dans laquelle le pauvre Gilles Villeneuve s’est tué à Zolder. Et elle rime aussi avec le fiasco de la Scuderia cette année-là, causé par la discorde entre le Canadien et Didier Pironi.
Mais au Grand Prix des Etats-Unis ouest à Long Beach, la monoplace apparut avec un étrange double aileron arrière. Les ingénieurs de Ferrari exploitèrent en effet les dimensions que devait faire un aileron, tout en notant que le règlement ne disait pas combien il devait y en avoir.
La voiture termina sur le podium avec Gilles Villeneuve, mais celui-ci fut disqualifié, la fédération ayant jugé que son aileron n’était pas conforme. Ce fut la dernière course avant la discorde d’Imola, puis l’accident de Zolder.
Ensign N179
L’itération de l’Ensign N179 arborant ses radiateurs sur la partie avant eut un surnom qui traduisait immédiatement une monoplace peu performante : la râpe à fromage. Et en effet, la forme de cet escalier de radiateurs plats et métalliques rendait ce surnom évident.
Il s’agissait de trois radiateurs énormes, chargés du refroidissement de la voiture. Mais ce qui semblait une bonne idée sur le papier fut en réalité désastreux dans la pratique.
Le refroidissement du moteur n’était pas suffisant, et la manière dont le flux d’air circulait rendait la température du cockpit insupportable. Une version classique de la voiture, avec les radiateurs dans les pontons, vit rapidement le jour.
Williams FW26
En 2004, Williams et BMW commençaient à s’impatienter face au manque de succès de leur projet commun. Après avoir raté le titre de peu en 2003, au terme d’une lutte intense avec Ferrari et McLaren, l’équipe tenta un pari audacieux.
Antonia Terzi, la responsable de l’aérodynamique à Grove, décida de raccourcir le museau et de l’élargir, avec des supports plongeants vers l’avant, telles des défenses de morse. Le mammifère marin devint immédiatement le surnom de la FW26, dont l’objectif était d’optimiser le flux d’air grâce à ce museau béant et à une double quille redirigeant encore mieux l’air vers les pontons et l’arrière de la monoplace.
Mais dans les faits, le surpoids du large museau déséquilibra la voiture et l’empêcha d’être performante. Les désillusions s’enchaînèrent pour l’équipe cette année-là, et la version plus classique de la monoplace eut au moins pour effet de permettre à Juan Pablo Montoya de remporter au Brésil ce qui reste l’avant-dernière victoire de Williams à ce jour.