Alors que la FOM vient d’annoncer le lancement de la F1 Academy, une série 100 % féminine, la FIA entend de ne pas se laisser prendre de vitesse par Liberty Media pour favoriser l’accès aux femmes dans le sport automobile.
En marge du Grand Prix d’Abu Dhabi, invité lors d’un évènement coorganisé par le Financial Times, le président de la FIA Mohammed Ben Sulayem a redit l’engagement de la Fédération pour accroître la place des femmes dans le sport automobile.
La prochaine étape, pour Mohammed Ben Sulayem, est de s’attaquer à des problèmes structurels des formules juniors, en F2 et F3 particulièrement.
En particulier pour Ben Sulayem, il faudra adapter les châssis des F2 et F3, les volants, leurs dimensions et leurs poids par exemple, pour que les femmes ne soient pas désavantagées par rapport aux hommes dans ces catégories. A titre d’illustration, la direction assistée pourrait être rendue obligatoire.
« Le talent peut se trouver n’importe où dans le monde. Mais a-t-il l’opportunité de se présenter ? Les femmes ont-elles l’opportunité d’y arriver ? Non. »
« En ce qui concerne les femmes, nous discutons avec nos départements lorsqu’il s’agit d’aspects techniques. Si vous avez une [voiture] de F4, c’est peut-être facile pour les femmes, mais dès que vous passez en Formule 2 et F3, physiquement, c’est plus difficile pour elles. Alors, que faisons-nous ? »
« Le problème vient de nous, donc nous avons la solution. En parlant à notre [département] technique, chaque monoplace doit être adaptée – pour convenir aux hommes comme aux femmes. Ce n’est pas sorcier, il n’y pas de baguette magique. »
Plus tôt dans l’année, Jamie Chadwick, la meilleure pilote des W Series, rappelait justement l’importance de l’absence de direction assistée en formules juniors.
Elle décrivait ainsi les données du problème : « La Formule 1 est extrêmement physique, et nous ne savons pas exactement ce dont les femmes sont capables dans ce sport. Si vous avez 15 ou 16 ans et que vous vous lancez dans la course automobile, sans direction assistée et au volant de grosses voitures lourdes, beaucoup de femmes ont du mal, même si elles ont réussi en karting. »
« En Formule 2 et en Formule 3, les volants sont tous identiques et ils ont une poignée épaisse. Comment pouvons-nous les rendre plus fins parce que les mains des femmes ne sont pas nécessairement si grandes ? Comment faire en sorte qu’il n’y ait pas de restrictions quant à la proximité des pédales pour que vous puissiez obtenir le bon effet de levier ? »
« Et certains cockpits sont vraiment étroits. Les femmes ayant des hanches plus larges ne peuvent pas s’y glisser confortablement. Beaucoup de ces éléments ont été négligés pour des raisons évidentes, mais nous devons maintenant voir si cela fait une différence dans les performances. »
Le Moyen-Orient et son ‘soft power’ en F1
Lors de cet évènement business, Mohammed Ben Sulayem a également évoqué un dernier sujet qui lui tient à cœur : la croissance de la F1 dans sa région d’origine (il est né à Dubaï), le Moyen-Orient. Avec un petit tacle glissé à la FOM au passage ? A lire entre les lignes, on peut bien le croire…
« Il ne fait aucun doute que la F1 a dépassé les attentes ces dernières années. »
« Je dirais que je félicite la FOM pour avoir fait une chose pendant le COVID. Au lieu de réduire le financement, ils ont investi dans la F1. Je leur dis donc merci. »
« Mais il y a plus que cela, nous avons aussi dans notre région des compagnies aériennes du Moyen-Orient qui sont importantes, et d’autres entreprises qui soutiennent ou nous sponsorisent. Il y a aussi de grandes compagnies pétrolières. »
Mohammed Ben Sulayem, en creux, presse la FOM de s’impliquer davantage pour former des pilotes venant du Moyen-Orient, au lieu de ne s’intéresser qu’à trois jours de Grand Prix par an…
« Alors ce que nous ne voulons pas, c’est avoir un cirque. Vous avez le cirque ici pour le week-end, puis il s’en va et il ne laisse aucune trace ni aucune présence ici. Nous avons donc quelque chose d’important. »
« Par exemple, nous avons une piste de karting assez réussi ici, à Abu Dhabi. Et on y réunit l’ensemble du Moyen-Orient, et de l’Afrique du Nord, ils se réunissent tous au même endroit. Nous avons eu plus de 170 pilotes ce week-end. »