Les essais libres sont dans le viseur de Stefano Domenicali (voir notre article) : le patron de la FOM entend en effet maximiser l’intérêt de chaque séance, dans le but d’attirer téléspectateurs et investisseurs bien sûr ; il entendrait ainsi se débarrasser de ces sessions dans un avenir proche, ou de les modifier drastiquement.
Les pilotes seraient-ils partants pour se priver de séances d’entrainement, alors même que le roulage ‘libre’ en F1 est déjà réduit depuis la compression des essais libres à une heure ?
Pour George Russell, le président du GPDA, la réponse est positive : selon le pilote Mercedes, une seule séance d’essais libres serait largement suffisante.
« Nous n’avons évidemment pas d’essais privés du tout. Je pense qu’une session est suffisante pour que nous puissions tous faire les différentes choses dont nous avons besoin pour essayer de développer la voiture. »
« La F1, c’est le pinacle du sport. Vous ne voulez pas vous retrouver avec la voiture que vous avez créée au début de l’année sans avoir la possibilité d’essayer de nouvelles choses. C’est en quelque sorte l’avantage de cette séance de 60 minutes, qui permet d’essayer de nouvelles choses, de se développer et de s’améliorer. En revanche, si vous vous lancez directement dans une session qui vaut des points ou qui est récompensée par quelque chose, vous avez moins de chances d’essayer de nouvelles choses. »
George Russell trouve que la situation est injuste avec la F2 et la F3 : ces formules juniors y arrivent très bien avec une session d’essais libres par week-end, après tout...
« Il est évident que plus on fait d’essais libres, plus on est rapide, plus on est à l’aise avec la voiture. Je ne trouve pas normal que la Formule 1 ait trois fois plus d’essais libres que les catégories F3 et F2. Ce sont elles qui devraient bénéficier de plus de séances, car elles font moins de courses et n’ont pas l’occasion de faire des essais aussi souvent. »
« Pas d’essais libres du tout en F1, ce serait trop peu. Je n’étais pas favorable aux courses sprint au départ, mais après en avoir fait six en deux ans, je les apprécie vraiment. Avoir de l’action le vendredi est vital pour nous tous et aussi pour le facteur divertissement. »
Supprimer deux sessions d’essais libres sur trois ? Cela ne fait pas non plus peur à Pierre Gasly, le pilote Alpine. Même si on le sent un peu moins chaud sur les courses sprint...
« Je suis tout à fait d’accord avec George, ce n’est pas nécessaire du point de vue du pilotage. C’est toujours agréable de pouvoir travailler sur les détails de la voiture et d’essayer d’équilibrer la voiture pour le week-end, mais en général, je pense qu’une, deux sessions d’essais libres maximum, sont plus que suffisants pour nous. »
« Donc oui, je suis d’accord. En ce qui concerne les sprints, je pense que nous avons eu des retours différents. Il y a beaucoup de discussions sur ce qu’il faut explorer, pour savoir comment augmenter le divertissement et la course, donc c’est bien de toujours remettre en question ce que nous faisons. C’est bien de chercher comment nous pouvons améliorer le format et tout le format du week-end en général. »
Nico Hülkenberg estime lui qu’il faudrait réduire la durée des essais libres en F1, comme en formules junior : 30 ou 45 minutes, c’est le format idéal pour lui.
« C’est un peu votre opinion personnelle qui compte sur ce sujet. Je pense que nous avons une bonne quantité d’essais libres maintenant. Pour en revenir à ce que George a dit à propos des séries junior, j’ai bien aimé cela à l’époque, n’avoir que 30 minutes, comme en F2, et être ensuite plongé dans les qualifications. »
« Donc, oui, je pense que c’est une question de préférence personnelle et d’opinion. On peut discuter de ça pendant longtemps probablement. »
Moins d’essais libres : une injustice pour les rookies ?
Logan Sargeant arrive lui directement de la F2 et a donc un point de vue plus ’frais’ sur la réduction des essais libres : n’a-t-il pas souffert d’un manque de temps de roulage l’an dernier ? Les rookies comme lui n’ont-ils pas besoin de plus rouler en F1 ?
« Avoir trois séances d’essais libres d’une heure, c’est vraiment beaucoup, surtout quand on vient de la F2 où l’on doit prendre des risques beaucoup plus tôt que je ne le fais actuellement en F1. »
« En tant que rookie, cela ne me dérange pas d’en avoir deux ou trois, de sessions d’essais libres, mais à l’avenir, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’en avoir trois. »
Des formats variables en fonction de chaque Grand Prix ?
Enfin, Lewis Hamilton, dont on sait qu’il n’aime pas trop les essais privés, conclut en soulignant que le format des week-ends de Grands Prix, plutôt que d’être rigide, devrait être adapté à chaque type de circuit.
« Le sujet dépasse simplement les essais libres - je pense que nous pouvons être plus dynamiques sur le format des Grands Prix ; pour des endroits comme Monaco, peut-être qu’il y a un type différent de solution pour ce week-end afin de le rendre plus attrayant pour les fans. »
« Nous utilisons les courses sprint à certains endroits et il y a peut-être quelque chose d’autre à faire. J’aime le format des week-end sprints, où il y a une séance d’essais libres, et où il y a beaucoup de pression pour que tout se passe bien et qu’on passe directement aux qualifications. J’ai adoré et apprécié ce format. »