L‘Arabie saoudite utilise-t-elle la F1 comme plateforme de ‘sportswashing’, afin de donner une image rajeunie, mais peut-être faussée, du Royaume wahhabite ?
Du même coup, la F1 ne fait-elle pas aussi partie d’un vaste plan de communication stratégique du Royaume, afin qu’il lisse son image ? Les pilotes eux-mêmes ont-ils conscience de prendre part à une sorte d’opération marketing à l’échelle d’un pays ?
Pour Charles Leclerc, chez Ferrari, il n’y a rien de nouveau sous le soleil : la F1 a toujours vécu sur un soupçon d’instrumentalisation…
Mais surtout, la F1, elle-même engluée dans l’affaire Horner, n’est peut-être pas la mieux placée pour donner la leçon au monde…
« En tant que sport, et nous l’avons toujours dit, nous devons apporter les valeurs du sport dans les pays dans lesquels nous courons, afin d’ouvrir l’esprit des gens. Cela dit, il est évident que nous sommes dans une période très délicate pour notre sport [référence à l’affaire Horner]. Nous devrions nous concentrer pour mieux partager les bonnes valeurs que nous portons - et il y a encore beaucoup de travail à faire à ce sujet, comme nous le voyons en ce moment. »
« Mais je reste persuadé que nous sommes 20 pilotes à montrer de bonnes valeurs, comme le respect. Nous devons continuer à aller dans ces pays pour ouvrir les esprits et leur permettre d’avoir un meilleur avenir. Aussi pour inspirer les jeunes à poursuivre leur rêve. Et je continue à croire que c’est une bonne chose de toute façon. »
Max Verstappen n’a jamais été très intéressé par les questions politiques, à l’inverse d’un Lewis Hamilton par exemple.
Le pilote de Milton Keynes a cependant développé le sujet plus qu’à son habitude, dans le paddock de Djeddah...
« Avec le sport en général, il y a beaucoup de choses que l’on peut réaliser partout dans le monde. On se montre bien sûr ici à un nouveau public jeune. Mais nous ne faisons pas de politique. C’est une toute autre histoire. Et il est très important que le sport soit le sport, et la politique la politique. »
« Parfois, les gens aiment se mêler de tout cela. Je préfère me concentrer sur le sport. Sinon, j’aurais fait de la politique. Mais ce n’est pas mon domaine d’expertise et ce n’est pas non plus ce que je veux faire. En fin de compte, chaque pays a ses propres défauts, mais aussi ses côtés positifs. Nous n’allons pas changer le monde en tant que sport, mais nous essayons de partager des valeurs positives. »
« Et puis, bien sûr, c’est aussi au pays de faire des changements positifs. Depuis que nous sommes ici, il y a eu de très beaux changements positifs et il faut respecter cela, même si parfois cela prend un peu plus de temps dans certains pays. Mais c’est très positif et oui, c’est formidable de voir et aussi de rencontrer une nouvelle culture pour que tout le monde soit éduqué à ce sujet, parce que tout le monde est un peu différent dans le monde entier, où que l’on aille, et il faut respecter cela aussi. »
« Mais bien sûr, d’où que vous veniez, dans votre pays, il y a toujours des choses qui peuvent être améliorées, n’est-ce pas ? C’est donc un travail en cours en général. »
L’opération séduction de l’Arabie saoudite fonctionne en tout cas, puisque Max Verstappen aimerait par exemple découvrir le site d’Al-Ula, où le Dakar est aussi passé (la F1 n’est donc pas le seul sport concerné par ces problématiques de ’sportwashing’, bien sûr)...
« Je ne suis allé qu’à Djeddah. Le pays est tellement grand. Je pense qu’il y a beaucoup d’endroits que j’aimerais visiter. Beaucoup de mes amis ont également visité la capitale, Riyad, ou même Al-Ula. Le Dakar, bien sûr, se déroule ici. Il y a donc beaucoup de belles images que l’on peut voir. Ils construisent une nouvelle ville -Qiddiya) et il y a tant de projets passionnants qui se déroulent. Alors oui, c’est formidable de voir le pays s’ouvrir un peu plus au monde. Et c’est la seule chose que l’on puisse souhaiter, vraiment. J’espère donc que le monde entier pourra découvrir un peu plus l’Arabie saoudite. »
Pour le coéquipier de Max Verstappen, Sergio Pérez, la F1 est aussi capable de participer à apporter quelque changement positif dans les pays où elle se rend.
« La Formule 1 elle-même, c’est une grande plateforme qui donne l’opportunité à de nouveaux pays de s’exposer - et vous savez que le monde entier vous regarde une fois que vous êtes en Formule 1. C’est vraiment, vraiment bien. C’est une très belle opportunité pour tous ces nouveaux pays qui arrivent dans le sport. Et en tant que produit, nous sommes très uniques. Vous avez 20 pilotes, de nationalités différentes, de grands sportifs avec de grandes valeurs et c’est quelque chose qui aide tous ces pays à se montrer et à essayer de continuer à s’améliorer et à évoluer. Comme toujours, chaque pays peut s’améliorer, mais il est toujours important de pouvoir rendre à la population ce qu’elle a donné. »