La crise du coronavirus a placé les promoteurs des Grands Prix dans l’incertitude : à partir de quand acter du report ou de l’annulation d’une épreuve ? Jusqu’à quelle date est-il permis, au contraire, d’espérer que le Grand Prix pourra avoir lieu ? Ce dilemme vaut, pour chacun des promoteurs, des millions d’euros, et l’on imagine bien que les considérations sanitaires ne sont pas les seules à entrer dans le jeu.
Le contre-exemple à éviter, en la matière, semble être celui du Grand Prix d’Australie. L’événement n’a été annulé qu’en dernière minute, et a été un double échec, sur le plan commercial et sur le plan de la communication.
Arif Rahimov, le directeur exécutif du circuit de Bakou, a même qualifié le Grand Prix d’Australie de « désastre absolu. »
Cette expérience a conduit Bakou – un Grand Prix qui se court en plein centre-ville - à ne pas prendre de risque et à annoncer, avec assez de précaution, le report de son Grand Prix pourtant prévu en juin.
« Il y a la préparation de la piste - le temps qu’il nous faut pour construire toutes les installations temporaires sur la piste et pour nous assurer qu’elle soit apte à accueillir une course de Formule 1 - et d’autre part, nous avons aussi le facteur commercial à considérer » a expliqué Rahimov.
Les deux facteurs, commerciaux et sanitaires, entrent ainsi en confrontation.
« Nous avions vendu tous les billets, c’était donc un facteur énorme, mais l’un des facteurs les plus importants était la santé et la sécurité de tous les participants. »
C’est ce qui a conduit Bakou à reporter son Grand Prix. Mais n’aurait-il pas été possible de courir sans spectateurs, à huis clos ?
« Nous avons eu l’idée d’une course sans spectateurs, une idée à laquelle Bahreïn avait pensé. Mais nous avons estimé qu’environ 6 000 ou 7 000 personnes seraient impliquées dans une course sans spectateurs, y compris tout le personnel de la sécurité, tout le personnel de la F1, toutes les équipes, les médias, les parties prenantes, etc. Il s’agit donc toujours d’un grand rassemblement de personnes au même endroit. »
La FIA ou la FOM ont-elles ensuite fait des résistances à la perspective du report ? Pas selon Rahimov…
« Nous avons dû tout coordonner avec la F1. Je parlais avec la F1 à plusieurs reprises, juste pour les mettre au courant de ce qui se passait ici. »
« Il n’y a eu aucune résistance de part et d’autre. Nous comprenons tous la situation dans laquelle nous sommes, et ce n’était pas une négociation, c’était juste une coordination de la crise dans laquelle nous sommes. »
Il faut maintenant que Bakou trouve une nouvelle date… Rahimov se montre assez ouvert sur les dates du report, mais pourra-t-il préparer ce circuit urbain à temps ?
« Pour être honnête, nous avons organisé quatre courses dans le passé et nous connaissons en quelque sorte notre plan A, B et C. Donc si nous avons une date, nous savons quand nous devons commencer à travailler pour. Peu importe que ce soit en avril ou en juin ou en septembre ou en octobre, nous savons qu’il nous faut autant de jours pour préparer le circuit. »
« Mais pour être honnête, tout est si imprévisible en ce moment… Planifier tous les scénarios est tout simplement impossible parce qu’il y a cette énorme variable inconnue en plein milieu, donc ce serait une perte de temps de jouer avec quelque chose que vous ne connaissez pas. »
« Nous pouvons construire le circuit, oui. Nous l’avons fait en avril, nous l’avons fait en juin. Il est évident que c’est peu pratique pour la ville. Il y a évidemment des avantages et des inconvénients, mais les Azerbaïdjanais et surtout les habitants de Bakou sont dans le même cas et ils ressentent les avantages que la course leur apporte. »