Actuel directeur de Williams F1, James Vowles a passé de nombreuses années à Brackley, chez Mercedes, mais aussi chez Honda, où il était ingénieur de piste de Jenson Button. C’est à cette époque qu’il a connu la faillite de Honda et le sauvetage par Ross Brawn.
Interrogé sur cette période, qui a vu l’équipe se transformer en Brawn GP, le Britannique révèle que la période a été très difficile pour lui et pour tous les membres de l’équipe, mais que chacun a continué à tout donner, malgré des moyens dérisoires, y compris lors du premier roulage de la BGP 001.
"Ce fut un parcours émotionnel intéressant, car nous avons tous perdu notre emploi en décembre 2008" se souvient Vowles. "Tout le monde est resté à l’usine, chaque personne, pour construire la voiture qui a été celle de Brawn GP."
"Mais cette voiture a été développée dans trois souffleries différentes. Si vous m’aviez demandé si elle allait être rapide, je vous aurais répondu par l’affirmative. La première fois qu’elle a roulé, c’était sur le circuit de Stowe, ici à Silverstone."
"Je me souviens qu’à l’époque, nous travaillions à l’arrière d’un camion articulé, c’est tout. Et HPP, du côté du moteur, est arrivé et s’est demandé où installer les ordinateurs portables. Nous n’avions rien."
Des concurrentes qui paraissaient peu évoluées
Vowles se souvient qu’en arrivant sur le premier test collectif, où les autres équipes dévoilaient leur monoplace répondant à la toute nouvelle réglementation 2019, le département technique de Brawn GP a eu l’impression de voir un véritable décalage avec la concurrence.
"La voiture a fait 50 tours avec ces pneus, nous l’avons remise dans le camion, puis elle est allée à Barcelone où tout le monde avait fait des essais pendant un certain temps. Lorsque les voitures sont sorties, nous avons commencé à les regarder en nous disant ’c’est bizarre, c’est à ça que ressemblait notre voiture il y a un an ou six mois’."
"Je ne dirai pas que nous avons été surpris lorsque nous sommes arrivés, mais lors des premiers tours que nous avons effectués, c’était avec les mêmes pneus que Silverstone, et Jenson a dit ’je suis désolé, l’équilibre de la voiture est terrible. Le feeling n’est pas bon du tout’."
Malgré les mauvaises impressions du pilote britannique, qui devint champion du monde plus tard cette année-là, la monoplace était déjà largement plus rapide que ses rivales. Vowles reconnait que personne n’en revenait, mais que cela préfigurait bien la saison à venir.
"Nous avons fait quelques ajustements, nous l’avons renvoyé en piste, il est revenu et a dit ’non, l’équilibre de la voiture n’est pas là’. Il est entré dans l’écran de chronométrage où il était trois secondes et demie plus rapide que n’importe qui. Curieusement, l’équilibre de la voiture s’est rétabli par la suite."
"Je pourrais écrire une histoire sur chaque moment de cette année, comme le feraient beaucoup de mes collègues qui étaient là avec moi. C’était vraiment un conte de fées, mais nous avions une idée basée sur ce que nous pouvions voir des autres concurrents et sur ce que nous savions de notre voiture à ce moment-là."