Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Verstappen pour le samedi, Hamilton pour le dimanche, les deux pour leur saison
Max Verstappen et Lewis Hamilton ont dominé chacun à leur tour ce week-end à Abu Dhabi – le premier en qualifications, le deuxième en course. Le samedi, c’est donc bien Max Verstappen qui est allé chercher un tour sorti de nulle part : plus de trois dixièmes devant Lewis Hamilton, et avec presque une seconde d’avance sur le 3e, Lando Norris. Certains pourraient arguer que l’aspiration de Sergio Pérez a donné à Max Verstappen cet avantage : mais en réalité, cette aspiration, plutôt légère, n’aurait rapporté qu’un dixième ou deux maximum au Néerlandais ; sans même cette « aspi », il aurait donc signé une pole absolument magistrale, alors que l’on pensait les Mercedes supérieures sur un tour.
Finalement, c’était bien en rythme de course que la Mercedes avait l’avantage, ou plutôt Lewis Hamilton. Le Britannique a dominé la course, et au vu de la différence de rythme entre lui et Max Verstappen, on se doute que même avec un départ moyen, la Mercedes aurait pu lutter avec la Red Bull avec quelque facilité. Par exemple même en pneus durs plus frais, Max Verstappen ne reprenait que 3 ou 4 dixièmes en moyenne à la Mercedes, un avantage insuffisant. L’écart était ainsi de 11 secondes, un petit gouffre, entre les deux voitures avant la voiture de sécurité finale.
Lewis Hamilton et Max Verstappen méritent bien sûr un top d’or ensemble, tous les deux, pour leur saison magnifique. Ils auront survolé l’année, en remportant 18 victoires et 14 « doublés » à eux deux, en 22 Grands Prix. Ils auront mené 73,2 % des tours à deux, même si Max Verstappen en a mené deux fois plus que Lewis Hamilton. Il n’est pas permis de couper en deux la couronne du titre pilotes, et pourtant… au sommet de leur art, ces deux-là nous ont offert une saison mémorable et qui restera dans les annales.
Top n°2 : Sergio Pérez la ‘légende’
« La légende ». C’est ainsi que Max Verstappen a qualifié Sergio Pérez à chaud, à la radio, durant le Grand Prix, suite à la défense superbe, rugueuse, mais respectueuse, du Mexicain sur Lewis Hamilton. Checo a ainsi « offert » 10 secondes au Néerlandais, lui permettant de revenir dans la roue de Lewis Hamilton, et relançant le Grand Prix alors que tout semblait perdu pour lui. Rien que par ses actions, Sergio Pérez a semblé devoir justifier sa prolongation de contrat pour l’an prochain.
Mais même auparavant, Sergio Pérez avait feu de tout bois. En qualifications, il réussit à donner une belle aspiration à Max Verstappen, ce qui n’avait rien d’évident car il fallait tout exécuter au millimètre près, et sans aucun entraînement préalable en essais libres puisque Red Bull avait joué la carte de la surprise. Ce qui n’empêchait pas Checo de finir 4e des qualifications, devancé de très peu par Lando Norris. En course à la régulière, Sergio Pérez aurait dû ensuite finir 3e : sa stratégie a été logiquement sacrifiée pour contrer Lewis Hamilton, mais même avec ce désavantage, le peloton était loin derrière lui. Très prometteur pour 2022… pour lui comme pour Red Bull.
Top n°3 : Tsunoda boucle son meilleur week-end en F1
Enfin ! Souvent rapide le samedi mais trop brouillon le dimanche, comme à Djeddah du reste, Yuki Tsunoda a enfin mis tout bout à bout à Yas Marina. Cela commençait dès les qualifications où Yuki Tsunoda, en plus de se qualifier dans le top 10, et de battre pour la première fois Pierre Gasly sur un tour rapide, se qualifiait en médiums. Il était le seul pilote (hors Mercedes) dans ce cas, ce qui souligne son petit exploit. En course, Yuki Tsunoda a tout bien fait, jusqu’à retenir pendant un long moment Valtteri Bottas. Et pourtant cette course ne manquait pas de pièges. Sa 4e place est entièrement méritée, même si elle est due aussi à un brin de chance (il avait des pneus frais en fin de course, après la voiture de sécurité, pour attaquer Valtteri Bottas, encore lui). Son meilleur week-end de F1 va-t-il donner quelques inquiétudes à Pierre Gasly pendant la trêve hivernale ?
Les flops
Flop n°1 : Une fin judiciaire en queue de poisson, la FIA encore dans le viseur
C’est ce que l’on craignait : le dénouement du championnat a été entaché par une nouvelle polémique liée à la direction de course, et le nom du vainqueur est resté en suspens toute la soirée de dimanche, en attendant les premières décisions de la FIA. En aurait-il pu aller autrement après une saison (au dernier Grand Prix à Djeddah encore) marquée par une suite de polémiques et d’errances ? C’est bien sûr la décision de faire repartir la course au dernier tour, et en ne permettant pas à toutes les voitures de se remettre dans le même tour, qui fait polémique.
Surtout, c’est de nouveau le changement d’avis, la fébrilité, de Michael Masi, le directeur de course de la FIA, qui sont à signaler. L’Australien a estimé que les voitures n’auraient pas le temps de se dédoubler (un fait sans précédent dans l’histoire de la F1 qui a étonné à juste raison Sebastian Vettel ou Fernando Alonso, les vieux briscards) avant de changer d’avis un tour plus loin, mais seulement pour les voitures intercalées entre Lewis Hamilton et Max Verstappen. Le témoignage de l’intérieur de Fernando Alonso est ainsi intéressant car il révèle combien les pilotes ont été déboussolés : « Lorsque la voiture de sécurité était en piste, je pensais que nous serions rapidement autorisés à dépasser car c’est comme ça que ça se passe normalement. Vous recevez le feu vert de la voiture de sécurité et vous vous dédoublez, avant qu’ils ne la retirent. Mais nous n’avons pas reçu cette autorisation, et deux tours après mon ingénieur me disait : ’Tu ne seras pas autorisé à te dédoubler, reste où tu es’." Un virage plus tard, le feu vert arrivait finalement et je lui disais ’Mais nous avons le feu vert’, ce à quoi il me répondait ’Oui, maintenant tu peux y aller, suis Norris,’ alors c’est ce que j’ai fait. C’était très confus. »
En somme, Masi a donné la double impression de changer d’avis au gré des circonstances, et d’accorder un traitement spécial aux deux protagonistes. Carlos Sainz peut se sentir floué par exemple, car il n’a pas été autorisé à revenir dans la roue de Max Verstappen au restart.
Flop n°2 : Bottas a-t-il donné le titre à Max Verstappen ?
« Le vrai problème aujourd’hui, c’était Valtteri Bottas » jugeait Romain Grosjean après course. « Si Valtteri Bottas avait été là, en troisième position, comme Pérez a été capable d’aider Max Verstappen plus tôt en course, Max n’aurait pas eu l’arrêt aux stands gratuit et Lewis aurait été protégé. Pourquoi Mercedes perd la course aujourd’hui ? C’est parce que Valtteri Bottas n’était pas là pour protéger Lewis. » Ces propos limpides du Français tenus dimanche sur Canal + sont cruels pour Valtteri Bottas, mais il y a aussi beaucoup de vrai. Chacun a mesuré l’utilité stratégique de Sergio Pérez à Abu Dhabi, alors où donc était Valtteri Bottas ? La réponse est attristante : comme d’habitude, coincé dans le peloton – derrière Yuki Tsunoda surtout.
Le Finlandais a payé le prix de sa très mauvaise qualification (6e temps derrière Carlos Sainz), et ses explications arguant d’un moteur fatigué sont difficiles à entendre. Si le fait de se faire prendre deux places dans le dernier tour, à la relance, est excusable (car les AlphaTauri avaient des pneus plus frais et pas lui), Valtteri Bottas a de nouveau justifié, dimanche dernier, pourquoi Mercedes avait décidé de le remplacer. Et si en plus il se qualifie mal…
Flop n°3 : La fiabilité des Alfa Romeo, de Williams et de Red Bull
Quatre voitures ont abandonné sur problème technique à Abu Dhabi : une statistique inhabituelle qui signale que les F1 étaient logiquement fatiguées en cette fin d’année.
Les Alfa Romeo ont subi leur premier double abandon de l’année, les deux sur des problèmes techniques qui ont ainsi abrégé plus vite que prévu la longue et riche carrière de Kimi Räikkönen. Le Finlandais devait être content lui qui confiait avoir « hâte » que sa carrière se termine ! La Williams de George Russell a aussi perdu totalement sa boîte de vitesses à la mi-course. Enfin, Sergio Pérez a abandonné en toute fin de course sur un problème de pression d’huile – l’équipe n’a voulu prendre aucun risque et a tout de suite retiré la voiture car si elle avait laissé de l’huile sur la piste, la voiture de sécurité serait restée un tour de plus. Et bien sûr c’est toute la face du championnat qui en eût été changée.
On demande à voir…
Faut-il remplacer Masi ou mieux l’aider ?
Le Grand Prix d’Abu Dhabi aura donc été marqué par une nouvelle polémique en sa conclusion. D’ores et déjà les voix se multiplient pour appeler au remplacement de Michael Masi, le directeur de course de la FIA. Il est vrai que l’Australien n’a rien fait pour plaider sa cause, à Abu Dhabi en changeant d’avis sur la voiture de sécurité. Le pire est que cela confirme une grande fébrilité chez lui, que nous avions vu déjà le week-end précédent à Djeddah, lorsque Masi avait « oublié » Esteban Ocon dans sa tentative de troc de position de piste avec Red Bull.
Au-delà du scandale (pour Mercedes) et du fait de course (pour Red Bull), Masi ne doit cependant pas servir de bouc-émissaire universel. L’organisation de la direction de course entière peut et doit être repensée : par exemple Martin Brundle a suggéré à ce que Masi soit plus secondé, aidé, par un adjoint : « Michael Masi a besoin a besoin de plus de personnes autour de lui. Herbie Blash était le bras droit de Charlie Whiting. Je pense qu’il a trop à faire, à courir partout pour trouver de nouveaux Grands Prix, nous avons maintenant une saison de 23 courses, en 13 semaines nous en aurons 10 la saison prochaine, il a besoin de soutien à mon avis. »
Il pourrait être donc utile d’envisager une rotation, pour enlever de la pression comme de la fatigue à un directeur de course forcément éreinté par une saison de 23 Grands Prix. Enfin, il ne faudra pas non plus perdre de vue que l’ère Whiting était loin d’être dorée, et que bien des titres (en 1976 par exemple avec le déclassement, puis le reclassement deux mois après, de James Hunt sur un Grand Prix) étaient aussi émaillés de polémiques. Cela fait aussi partie de l’histoire de la F1, de guerre lasse…