Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Leclerc dans un autre monde
Charles Leclerc était « dans un autre monde ». L’expression, signée d’Andrew Shovlin, ingénieur de course en chef chez Mercedes, résume assez bien la performance exceptionnelle du Monégasque ce week-end à Melbourne. Pole position, meilleur tour, victoire et chaque tour mené : Leclerc est devenu à Melbourne le 26e pilote de l’histoire de la F1 à signer un Grand Chelem. Le premier de Ferrari depuis Singapour 2010 et Fernando Alonso. Non seulement Charles Leclerc a réalisé une nouvelle pole de main de maître ; non seulement a-t-il outrageusement dominé la course, avec une vingtaine de secondes d’avance sur Sergio Pérez (bien plus sans voiture de sécurité) ; mais encore n’a-t-il pas cédé à la pression, notamment à la relance de course face à la Red Bull de Max Verstappen.
Charles Leclerc compte ainsi 46 points d’avance sur Max Verstappen, le champion du monde, et plus d’une victoire d’avance sur le reste de ses poursuivants, dont le premier (George Russell) ne semble pas le plus menaçant sur la longueur d’une saison. La saison est encore très longue, mais on tient sûrement le favori pour le titre pour le moment. Et si c’était lui ?
Top n°2 : McLaren ressurgit
McLaren était dans les tréfonds du classement à Bahreïn, avant qu’il n’y ait du mieux à Djeddah. L’Arabie saoudite aurait-elle été un feu de paille ? On pouvait le craindre en arrivant à Melbourne : et pourtant, les voitures orange étaient dans le coup, avec une double Q3 et une double arrivée dans les points, 5e place pour Lando Norris et 6e pour Daniel Ricciardo.
Là encore, bien que ce soit le deuxième résultat plus satisfaisant en trois courses, on ne veut pas crier au soulagement à Woking : car selon Lando Norris par exemple, la performance de McLaren à Melbourne était uniquement liée au tracé, atypique il est vrai. A Imola, les McLaren seront-elles alors de nouveau éliminées en Q2 voire avant ? Espérons pour l’équipe orange qu’il y ait 22 exceptions et 1 un Grand Prix conforme à la règle cette année…
Top n°3 : La chevauchée d’Alexander Albon
Lorsqu’une voiture n’est pas assez performante pour viser les points à la régulière, il reste la stratégie. C’est ce qu’a superbement compris et réussi Williams à Melbourne. Parti dernier après une disqualification, Alexander Albon n’avait pas grand espoir de finir dans les points. Partant en dur, le Thaïlandais avait l’idée de prolonger au maximum son premier relais. Mais sans doute pas à ce point : il a tout simplement failli boucler toute la course avec un train de C2, avant de s’arrêter pour observer un arrêt obligatoire. Le plus surprenant était le rythme en durs très usés d’Albon : très, très bon. Au plus grand étonnement de Williams qui, bonne nouvelle, signait une très belle performance mais, mauvaise nouvelle, ne comprenait pas pourquoi, tant la F1 bleue est instable et imprévisible.
Au jeu des tours de retard, que Williams a aussi su très bien gérer, Albon a ainsi pu sauver une 10e place inespérée. Sa joie faisait plaisir à entendre à la radio à l’arrivée. Williams a trouvé un nouveau leader après le départ de George Russell et encore une fois, ce n’est pas Nicholas Latifi…
Les flops
Flop n°1 : Sainz passe à côté de son week-end, pas des graviers
La performance de Carlos Sainz ce week-end est le miroir inversé de celle de Charles Leclerc. Son coéquipier signait la pole ? Carlos Sainz n’était que 9e, piégé par le chronomètre et des pneus mal chauffés. Leclerc réussissait son départ ? En durs, avec un volant changé en dernière minute et des interrupteurs mal réglés, Carlos Sainz s’élançait mal ; coincé dans le peloton, il commettait une erreur coupable, celle de surcompenser, de surattaquer et ainsi de partir à la faute en essayant de dépasser Valtteri Bottas au virage 9. Fin de l’aventure dans les graviers.
« Je n’aurais pas dû attaquer comme je l’ai fait. C’est une conclusion facile : je n’aurais pas dû attaquer autant que je l’ai fait, et j’aurais dû être plus patient » reconnaissait l’Espagnol après la course. On excusera moins ses critiques envers l’équipe alors qu’il était le principal coupable : « Mais en même temps, nous n’étions pas parfaits en tant qu’équipe. Trop de problèmes de direction, les problèmes d’anti-décrochage et les qualifications qui m’ont mis dos au mur. Cela met sous pression et je n’ai pas réagi en conséquence. » Le résultat de Carlos Sainz n’est pas dramatique pour Ferrari qui conserve un bel avantage au classement des constructeurs ; il l’est plus pour Carlos Sainz et ses espoirs de titre.
Flop n°2 : Aston Martin F1 au fond du trou
« Cela ne pourrait pas être pire » : ainsi Sebastian Vettel a-t-il résumé son premier de course cette année. On voit mal en effet ce qui aurait pu mal tourner. Le quadruple champion du monde a connu une panne moteur, une amende pour avoir roulé dangereusement en scooter, une avarie technique qui l’a fait manquer des EL2, un gros crash en EL3, un petit tour et puis s’en va en qualifications, un passage par les graviers en course, et enfin un lourd crash dans le mur. Pour Lance Stroll, ce fut à peine mieux : un crash en EL3, un accident absurde avec Nicholas Latifi en qualifications et une pénalité logique, une autre pénalité en course pour des zigzags, et une course en dehors des points.
A ce rythme, on voit mal quel intérêt pourraient trouver Aston Martin F1 et Sebastian Vettel à cette année. La nouvelle voiture en soufflerie permettra-t-elle de compenser le retard abyssal d’Aston sur la concurrence, alors que l’équipe est devenue la seule à ne pas avoir inscrit de points cette année ? Vivement 2023, déjà ?
Flop n°3 : Red Bull Powertrains : pour arriver premier, il faut premièrement arriver
Depuis 2014, l’unité de puissance la moins fiable qu’aura connue Red Bull est bien cette unité de puissance Red Bull Powertrains. Ironie du sort pour Christian Horner… Après les trois abandons sur quatre F1 à Bahreïn, après la casse de MGU-K de Pierre Gasly à Bahreïn et les deux avaries de Yuki Tsunoda sur le même circuit, Red Bull a de nouveau subi une très coûteuse défaillance de fiabilité en Australie. Cette fois, c’est une fuite d’essence qui a terrassé Max Verstappen.
Christian Horner a beau rassurer en assurant que les quatre problèmes sont « indépendants », il y a plutôt de quoi trouver ce point inquiétant… Mais que se passe-t-il avec cette unité de puissance, qui était fiable aux essais hivernaux ? En attendant que les problèmes soient réglés, l’addition est lourde, énormissime même pour Max Verstappen qui pointe déjà à 46 points de Charles Leclerc. Et le pire, c’est qu’il semble probable que cette unité de puissance casse à nouveau bientôt à ce rythme. Pour paraphraser Enzo Ferrari : pour arriver premier, il faut premièrement arriver…
On demande à voir…
L’heure des consignes est-elle déjà venue chez Ferrari ?
En finissant dans les graviers à Melbourne, Carlos Sainz a-t-il perdu bien plus qu’un podium potentiel ? A-t-il gagné au contraire un statut de « wingman » ou de pilote numéro 2 chez Ferrari cette année ? Faisons les comptes : le Monégasque compte 38 points d’avance sur Carlos Sainz aujourd’hui. Et 45 points sur Max Verstappen. George Russell, 2e du championnat, est à 34 points derrière Leclerc. Bref, entre Leclerc et les autres, il y a un gouffre. Déjà. La question dès lors se pose déjà chez Ferrari : faut-il lâcher Carlos Sainz et le mettre au service de Charles Leclerc ? On ne sait jamais, sur une saison aussi longue, si Red Bull règle des soucis de fiabilité, si Mercedes en finit avec le marsouinage… chaque point pourrait être précieux.
Mais Mattia Binotto pourrait ne pas avoir à prendre de décision douloureuse en course : car finalement à la régulière, Carlos Sainz n’est pas au niveau de Charles Leclerc pour le moment. Dès lors une hiérarchie s’installe naturellement chez Ferrari, sans nul besoin de consigne. Pour Carlos Sainz, il faut donc passer tout de suite à la vitesse supérieure au risque de devenir le « Barrichello » de Leclerc.