Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Max Verstappen rattrape avec brio son erreur, Red Bull sa stratégie
Vainqueur pour la 11e fois en carrière, et pour la première fois en Italie, Max Verstappen n’avait pourtant pas abordé le dimanche de Grand Prix du bon pied. Car ses qualifications avaient été ponctuées d’une erreur très coûteuse en Q3 : sans son premier secteur loupé, nul doute que le Néerlandais aurait pu (comme il l’aurait dû) rafler la pole à Lewis Hamilton – et éviter de se faire battre, ce qui est toujours gênant, par son nouveau coéquipier Sergio Pérez. 5 dixièmes devant tout le monde en EL3, 3e place sur la grille : Max Verstappen avait des raisons d’être déçu. Mais le lendemain en course, il a superbement rattrapé sa petite erreur coûteuse, par un Grand Prix conclu avec brio. Une nouvelle fois, le Néerlandais a fait parler sa maîtrise du pilotage sur course humide (comme à Interlagos par exemple ces dernières années). Il n’aura commis qu’une erreur, à Rivazza au restart – qui aurait certes pu lui coûter la victoire. De surcroît, Max Verstappen a su affirmer son autorité, et non son agressivité, en particulier au départ en s’imposant (légalement selon la FIA) sur Lewis Hamilton. De l’autorité à l’agressivité : voilà qui dit bien le chemin parcouru par ce Max qui se retrouve, pour la première fois de sa carrière (déjà longue cela dit) comme prétendant au titre mondial.
De même que Max Verstappen s’est rattrapé de son erreur des qualifications, de même, Red Bull s’est rattrapé sur le plan stratégique. La leçon de Bahreïn a été bien digérée. Rappelons-nous qu’à Sakhir, Mercedes avait imposé sa loi stratégique à Red Bull en réussissant un undercut avec Lewis Hamilton, prenant donc le lead des arrêts aux stands. Red Bull avait subi plus que choisi sa stratégie, et avait perdu une précieuse position de piste en se faisant avoir. Cette fois, les stratèges de Red Bull ont à leur tour pris les devants, en arrêtant Max Verstappen avant Lewis Hamilton (à la fin des relais en inters). Une audace qui a payé, certes de peu, mais sans ce « contre-undercut », Lewis Hamilton serait sans doute passé car il était sur un rythme bien meilleur à cet instant.
Top n°2 : Norris, le patron orange
Le joyeux luron du podium est aussi devenu un sérieux client. Selon Andreas Seidl, le directeur de l’écurie McLaren en F1, le Britannique a franchi un palier tout ce week-end et on ne peut que lui donner raison.
En qualifications, Lando Norris aurait d’abord dû figurer bien placé (top 3 ou 4), sans une sortie de piste, très modeste mais incontestable, à Piratella. Il n’empêche : ce n’est pas cette sortie qui a fait gagner tous ces dixièmes à Lando Norris, qui affichait alors un très, très gros rythme, surtout dans le premier partiel. Très déçu de sa 7e place finale, Lando Norris s’est rattrapé, et de quelle manière, en course. Comme l’a souligné Ross Brawn, il a transformé la frustration en abnégation, en détermination. Son rythme était tout simplement impressionnant, comme on a pu le constater une fois que Lando obtint de McLaren que Daniel Ricciardo s’efface, pour le laisser passer. Immédiatement, Lando Norris a créé un écart d’une seconde par tour, voire plus. Voilà qui laissera des traces dans l’équilibre des forces chez McLaren pour la première partie de saison au moins (l’Australien devra le digérer moralement…). Et voilà qui confirme que Lando Norris, comme il l’assume lui-même, est bien ce nouveau leader à Woking. Graine de champion, ou champion tout court…
Top n°3 : Les courses solides de Leclerc et d’Ocon
Les courses très solides quoique discrètes de Charles Leclerc et d’Esteban Ocon doivent être enfin soulignées. Le pilote Ferrari tout d’abord a été abonné aux 4e places, en essais libres, en qualifications ou en course ; il occupe même la 4e place du championnat, comme son équipe au classement des constructeurs. Et pourtant, il faut souligner qu’il aura occupé une place sur le podium pendant plus des trois quarts de l’épreuve, n’étant éjecté du podium que par le retour de Lewis Hamilton. Bravo à Charles donc mais attention ! Car Carlos Sainz semble vraiment progresser rapidement.
Tout le week-end d’Esteban Ocon fut lui très réussi également. En essais libres, et surtout en qualifications (9e place), le pilote Alpine a impressionné. Pendant ce temps-là, rappelons que Fernando Alonso échouait à une piteuse 15e place en Q2 (5 dixièmes derrière Ocon), derrière aussi Nicholas Latifi. Esteban Ocon est alors devenu le premier pilote depuis 27 Grands Prix à battre Fernando Alonso en qualifications (Grand Prix de Malaisie 2017). Ce n’était plus arrivé depuis Jenson Button. Stoffel Vandoorne peut en prendre de la graine ! En course, le Français est aussi revenu dans les points après avoir pâti de la stratégie de son équipe, qui l’a fait partir en pneus pluie, un choix désastreux. Surperformer Fernando Alonso tout le week-end : voilà qui tient du coup de maître.
Les flops
Flop n°1 : Bottas plonge dans le mur et dans le doute
Aïe aïe aïe… ce n’est pas avec de tels Grands Prix que Valtteri Bottas va pouvoir se reconstruire moralement. Comme à Istanbul l’an dernier, comme à Hockenheim en 2019, Valtteri Bottas a encore montré sa fragilité dans des conditions dantesques. Et pourtant : il était très en forme avant la Q3 (leader en essais libres, 1er encore en Q1). Patatras en Q3 : Valtteri Bottas s’est effondré à la 8e place. Etre battu par les Red Bull est excusable, l’être par Charles Leclerc, les McLaren et Pierre Gasly l’est beaucoup moins dans une Mercedes. Serait en cause un problème de mise en chauffe des pneus : petit problème, grandes conséquences donc. Mais pourquoi donc Valtteri Bottas en a-t-il souffert et pas les autres ? En course, ensuite, Valtteri Bottas ne réussit pas à signer une remontée pareille à celle de Lewis Hamilton. Pire : il dégringola vite au classement, étant débordé par Lance Stroll et Carlos Sainz (toujours ce problème de chauffe de pneus sans aucun doute).
Son crash avec George Russell le plonge dans une polémique certaine et au-delà des responsabilités (le pilote Williams a reconnu ses torts), une question pénible doit être soulevée : pourquoi donc Valtteri Bottas était-il sur le point de se faire dépasser par une Williams ? Cela n’excuse en rien l’agressivité de George Russell, mais on se demandait parfois si Valtteri Bottas n’avait pas, comme à Sakhir l’an dernier, la même voiture que George Russell… Déjà largué par Lewis Hamilton et Max Verstappen au classement, Valtteri Bottas va vite devoir se ressaisir.
Flop n°2 : AlphaTauri continue de gâcher
AlphaTauri semble avoir une monoplace au moins équivalente à celui de Ferrari, comme l’a prouvé la 5e place de Pierre Gasly en qualifications, à un cheveu de Charles Leclerc. Et pourtant au classement des constructeurs, l’équipe italienne ne compte que 6 points, contre 34 pour Ferrari et 41 pour McLaren. Car encore une fois, AlphaTauri a gâché beaucoup de points ce week-end.
Yuki Tsunoda d’abord s’est distingué en qualifications, en crashant rapidement sa monoplace dans Tamburello. Louangé après Bahreïn pour son agressivité positive, Yuki Tsunoda a connu le syndrome la deuxième course : vouloir trop en faire pour confirmer. De même en course, il écoperait de cinq secondes de pénalité pour franchissement des limites de piste. Quant à Pierre Gasly, sa remontée était autant superbe (7e place) que sa première partie de Grand Prix catastrophique : le pari stratégique de son équipe, le faire partir en maxi-pluie, était peut-être à tenter ; mais pourquoi l’avoir laissé tant de tours en piste quand il était évident que Pierre Gasly vivait un « enfer » pour reprendre ses termes ? Certainement sans drapeau rouge et voiture de sécurité, Gasly aurait eu du mal à accrocher 6 points inespérés. Mais il aurait pu (dû) en prendre 4 de plus…
Flop n°3 : L’absurdité juridique de la FIA refait surface
La F1 s’est de nouveau distinguée par une absurdité du règlement ce week-end à Imola. Kimi Räikkönen a été pénalisé de 30 secondes (perdant sa 9e place), tenons-nous bien, pour avoir été trop prudent et perdu des positions. En effet, comme nous l’expliquions en longueur ici, l’Alfa Romeo aurait dû reprendre ses places en piste (après un tête-à-queue) sous voiture de sécurité, car elle avait alors éteint ses lumières, et que la situation était comparable à un tour de chauffe.
Deux éléments ont suscité en particulier l’indignation d’Alfa Romeo. Tout d’abord, la FIA a elle-même reconnu l’absurdité de ce point réglementaire : « Les commissaires considèrent comme une contradiction supplémentaire le fait que lorsque les voitures sont derrière la voiture de sécurité, pendant une période de voiture de sécurité, il leur est interdit de se dépasser, mais que lorsqu’elles sont derrière la voiture de sécurité pour un redémarrage, elles y sont autorisées - alors que les raisons du départ lancé sont que les conditions de piste ne permettent pas un départ arrêté. » Ensuite, Alfa Romeo avait bien demandé, dans le vif de la course, des explications par radio à Michael Masi, le directeur de course de la FIA, mais celui-ci était « trop occupé » pour répondre sur le moment. On comprend la moue de Frédéric Vasseur…
On demande à voir…
Les rythmes en performance pure de Mercedes et Red Bull
Après deux courses de nombreuses incertitudes ne sont pas encore levées sur le rythme de Mercedes et de Red Bull. En qualifications tout d’abord : sans leurs erreurs en Q3, Sergio Pérez et Max Verstappen auraient-ils été bien devant Lewis Hamilton ? Sans doute, mais de combien de dixièmes ? A quel point Mercedes a-t-elle fait des progrès sur les réglages avec Imola ? En rythme de course ensuite : nous n’avons pas pu voir le potentiel de ces monoplaces sur le sec. Sur piste séchante au moins, la dégradation des inters de Lewis Hamilton était redoutable, menaçant clairement la Red Bull de Max Verstappen. Et le pilote Mercedes est vite remonté de la 7e à la 2e place, une fois son aileron avant réparé. Qu’adviendra-t-il aussi quand les quatre pilotes seront au complet du point de vue stratégique, avec les jeux sur les undercuts ? Christian Horner était ce lundi tout aussi prudent sur le vrai rythme de Mercedes : « Ils ont fait beaucoup de progrès depuis les tests de Bahreïn et ils ne restent pas immobiles. Je pense que nous devrons attendre deux courses de plus pour savoir qui a la meilleure voiture. »
Pour tout connaître, souhaitons sans doute un Grand Prix monotone et sur le sec à Barcelone !