Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Un doublé 100 % orange et 100 % plaisir
Qui aurait cru quel le premier doublé de l’année serait réalisé non par Mercedes ou Red Bull mais par … McLaren ? Sans doute peu de gens. Et pourtant, c’est bien Daniel Ricciardo et Lando Norris qui ont offert un fantastique résultat à l’équipe orange – première victoire depuis le Brésil 2012 et premier doublé depuis le Canada 2010. Ce qui est d’autant plus méritoire et ce que l’on voudrait souligner ici, ce sont deux trois points en particulier.
Le premier point, c’est que cette performance n’a pas été le résultat de la chance, loin de là, mais du mérite, et de la performance pure. Lando Norris le soulignait après la course et on ne peut que reprendre ces propos : même sans le double abandon de Lewis Hamilton et de Max Verstappen, les McLaren avaient toutes les chances de gagner. Et avec une stratégie réussie par ailleurs (undercut sur Lewis Hamilton), Daniel Ricciardo avait même accru ses espoirs avant le double "drame". Qu’on s’en réfère à l’écart entre Lando Norris et Max Verstappen (3 centièmes) sur la grille du vendredi soir pour s’en convaincre, les Orange étaient dans le coup. Il ne faut cependant pas s’enflammer pour McLaren : cette performance était peut-être due aux caractéristiques du Temple de la Vitesse, avec ses longues lignes droites qui font parler la vitesse de pointe, principale force de McLaren.
Le deuxième point à souligner, c’est la formidable entente régnant entre les deux pilotes de l’équipe. Oui, Lando Norris s’est bien impatienté un petit moment à la radio, remarquant que son coéquipier n’allait pas assez vite. Mais lorsque l’Australien a haussé le rythme, le Britannique n’a plus mouflé. Et il était tout à fait formidable d’entendre sa joie authentique après la radio, avec un plaisir sincère, pas du tout obscurci par la frustration, qui aurait été toute légitime, de ne pas avoir pu lutter vraiment pour la victoire. « « J’aurais adoré aller chercher la victoire, mais je pense que je suis tout aussi heureux de notre première et deuxième place. Le sentiment que j’ai pour l’équipe est prioritaire sur mon propre ressenti d’une certaine façon » commentait ainsi Lando Norris après sa 2e place (meilleur résultat en F1 pour lui).
Le troisième point que l’on voudrait souligner est la conséquence du premier : ce doublé vient récompenser de manière logique comme symbolique le travail de fond entamé par Zak Brown, le PDG de McLaren Racing – qui est l’homme qui a nommé Andreas Seidl, le directeur de l’écurie McLaren en F1. L’Américain a eu tout bon pour le moment, malgré les immenses turbulences financières créés par le coronavirus. Désormais l’orange est passé au vert, et c’est en bonne partie grâce à Zak.
Top n°2 Le week-end presque parfait de l’infortuné Bottas
« Que puis-je dire… ? ». C’est un Valtteri Bottas assez fataliste qui apparaissait le samedi soir en conférence de presse à la FIA. Car Valtteri Bottas a réussi l’exploit de réussir deux fois la "pole" (vendredi et samedi) sans pour autant partir en première ligne : en raison de pénalités moteur, le Finlandais devait partir en fond de grille le lendemain. En course, le deuxième pilote était peut-être libéré par l’annonce d’un contrat enfin pluriannuel chez Alfa Romeo, et surtout débarrassé d’un Lewis Hamilton qu’il n’a croisé ni en qualifications sprint ni en course (plusieurs voitures les séparaient, autrement, Bottas aurait laissé passer son ex- futur coéquipier). Puis le lendemain, Valtteri Bottas a livré une formidable remontée, de la 19e à la 3e place. Une remontada qu’il avait toutes les peines du monde à effectuer dans les autres Grands Prix où il partait effectivement plus loin.
On ne reconnaissait plus notre Valtteri tant souffrant dans le peloton, et cela faisait plaisir à voir. Sans nul doute, sans sa pénalité, Valtteri Bottas aurait lutté pour la victoire et son succès facile en qualifications sprint nous le laisse deviner assez bien. C’est une malchance de plus durant son passage chez Mercedes, un facteur qu’il faudra considérer quand on jugera son bilan définitif à Brackley.
Top n°3 : Merci – encore – au halo
L’image fait froid dans le dos : Lewis Hamilton a peut-être évité le pire au dernier Grand Prix dans son incident avec Max Verstappen. Car l’incident malheureux entre la Red Bull et la Mercedes a projeté (sous l’influence aussi du vibreur-saucisse) la Red Bull sur la Mercedes – littéralement sur elle. Le fond plat de Max Verstappen a ainsi raclé le halo qui a parfaitement fait son travail à cette occasion.
Que serait-il arrivé alors sans le halo ? Les déclarations de Lewis Hamilton après-course étaient assez claires : « Dieu merci pour le Halo. Il m’a sauvé. Je ne pense pas avoir jamais été frappé à la tête par une voiture auparavant. Ma tête a vraiment bougé vers l’avant. » Le constat était d’ailleurs le même du côté de Christian Horner et de Red Bull : « Je pense que sans le Halo, il n’y aurait eu aucune protection pour encaisser le poids de la roue qui arrivait sur Lewis. Il a encore montré son efficacité. » Après Charles Leclerc (Belgique 2018) et Romain Grosjean (Bahreïn 2020), le halo a peut-être sauvé une troisième vie dimanche dernier.
Les flops
Flop n°1 : Le spectacle proposé en qualifications sprint
Après le premier round plutôt réussi des qualifications sprint à Silverstone, le deuxième a fortement déçu à Monza. A part l’incident du premier tour avec Pierre Gasly, le spectacle était morne durant ces qualifications sprint et contrairement aux attentes, les dépassements étaient bien difficiles et les attaques des pilotes ont été assez rares. En clair, au lieu du sprint, ce fut plutôt une procession… Il n’en fallait pas plus pour déclencher une série de critiques venant du paddock. La plus virulente est venue de Sergio Pérez : « J’ai juste trouvé ça ennuyeux, très ennuyeux. Il ne se passe rien dedans et je ne vois pas l’intérêt d’avoir la Qualification Sprint. C’est aussi ennuyeux pour les fans comme c’est ennuyeux pour les pilotes, donc ça n’apporte rien, pour être honnête. » Même Fernando Alonso chez Alpine (pourtant grand artisan du succès du premier sprint à Silverstone) a critiqué la recherche de spectacle à tout prix de la F1.
Dans le camp de la défense, Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour Liberty Media, a rappelé que le sprint avait aussi permis de modifier quelque peu la grille du départ de dimanche, avec notamment le recul de Lewis Hamilton. C’est ainsi le samedi qui a rendu possible le spectacle du dimanche pour l’homme de la FOM. Du reste Ross Brawn a aussi pointé les chiffres historiques d’audience de F1 TV, ce qui ne tromperait pas selon lui.. Pour la défense des qualifications sprint, on peut aussi se demander si le règlement actuel ne compromet pas de toute manière les dépassements : car avec la surchauffe pneumatique et des voitures si larges, sans compter bien sûr la perte d’appui aérodynamique en suivant des voitures (sur un circuit qui fait déjà rouler les voitures avec peu d’appui), un tel résultat était inéluctable. Rendez-vous plutôt en 2022 (et non après Interlagos, la troisième itération des qualifications sprint) pour un jugement définitif ?
Flop n°2 : L’erreur de trop ? Antonio Giovinazzi ou l’art de tout gâcher
Et pourtant, Antonio Giovinazzi réalisait un week-end excellent jusqu’ici… Comme à Zandvoort d’ailleurs, l’Italien d’Alfa Romeo avait fait parler la poudre en réalisant des performances au-dessus de ses standards, et de ceux d’Alfa Romeo. 8e en Q3, 7e des qualifications sprint, 6e après le premier virage, Giovinazzi était en lice pour inscrire un gros résultat et peut-être sauver son baquet pour l’an prochain. Mais il a, comme trop souvent, gâché le dimanche les efforts des jours précédents en un rien de temps : cette fois, ce fut une sortie large et un retour sur la piste hasardeux dans le premier tour. L’Alfa Romeo est alors tombée sur la Ferrari de Carlos Sainz – et le pilote italien a été sanctionné de 5 secondes et d’une place sur la grille pour avoir rejoint la piste de manière peu sûre.
Il y a des signes qui ne trompent pas : dans son commentaire d’après-course, Frédéric Vasseur a clairement dénoncé une erreur personnelle de son pilote. « Nous avons montré un très bon rythme ce week-end, donc c’est décevant de quitter Monza les mains vides après une course fortement compromise dans le premier tour avec l’erreur d’Antonio. » En d’autres termes, on peut comprendre que Frédéric Vasseur se montre très agacé par cette nouvelle bévue d’Antonio Giovinazzi. Avoir du rythme ne suffit pas et pour bien finir, il faut encore finir… Voilà certainement une bonne nouvelle pour Nyck de Vries !
Flop n°3 : Un week-end à 0 point pour AlphaTauri
Tandis que Aston Martin F1 inscrivait 6 points grâce à un bon Lance Stroll et Alpine 5 points, grâce à la double entrée dans le top 10 d’Esteban Ocon et de Fernando Alonso, AlphaTauri restait scotchée à 0 unité. En réalité les monoplaces italiennes n’ont pu courir à domicile chez elle.
Pierre Gasly, qui partait en fond de grille après sa petite erreur des qualifications sprint, n’a fait que quelques boucles, alors que Yuki Tsunoda n’a pas même pris le départ, pour défaillance technique. Quel contraste bien sûr avec l’an dernier, lors de la victoire de Pierre Gasly à domicile pour l’équipe de Faenza ! Mais si Pierre Gasly n’a rien à se reprocher en performance pure (il a de nouveau fait un top 6 en Q3), Yuki Tsunoda peut lui encore plus s’inquiéter : il n’a pas franchi la Q1 (tour effacé à cause des limites de piste) et se creuse encore les méninges : mais pourquoi donc AlphaTauri m’a prolongé ?
On demande à voir…
La FIA doit-elle taper du poing sur la table ?
« La folle escalade » titrait le journal « L’Équipe » en son édition du lundi matin. La montée des tensions entre Lewis Hamilton et Max Verstappen a en effet de quoi inquiéter. Après l’accident de Silverstone, tout le monde prédisait un autre crash inévitable, ce qui s’est effectivement produit à Monza. L’issue, sans le halo, aurait pu être bien plus grave que les quelques polémiques d’après course (voir plus haut). Certes, Max Verstappen a été sanctionné sur la grille à Sotchi, mais une pénalité de 3 places n’est pas exactement rédhibitoire. C’est peut-être inquiétant : car déjà on prédit d’autres crashs inévitables entre les deux hommes (« Je ne pense pas qu’il changera d’approche » prédit ainsi Lewis Hamilton, tandis que Toto Wolff voit les « crashs tactiques » de Max Verstappen se répéter). Et cela pose forcément la question : la FIA doit-elle hausser le ton et prévenir que les sanctions à venir seront bien plus graves pour les protagonistes, afin d’éviter justement toute escalade ?
Ce n’est pas la voie choisie par Michael Masi, le directeur de course de la FIA : « Nous continuerons à considérer chaque incident séparément. Nous avons une bataille fascinante pour le titre avec les deux meilleurs pilotes - concentrons-nous là-dessus. » La FIA continuera ainsi à faire comme si de rien n’était et à ne pas prendre en compte le contexte de récidive (voire de préméditation, dirait Toto Wolff) dans ses jugements. Cela peut se comprendre mais cela pose aussi une question : jusqu’à quand une telle cécité sportive volontaire sera permise ? Où commence la peur doit finir la passion… La question pourrait aussi se poser d’ailleurs dans le cas des pilotes Haas : puisque Günther Steiner ne semble pas vouloir vraiment intervenir en blâmant Nikita Mazepin ou Mick Schumacher (sa dernière intervention après Monza était lénifiante de déni), Michael Masi ne devrait-il pas hausser le ton aussi ? Cela provoquerait en tout cas moins de polémiques que pour une bataille pour le titre !