Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Hamilton brille, double podium et espoirs redoublés pour Mercedes F1
L’an dernier, on avait bien du mal à imaginer Lewis Hamilton aussi heureux d’une 2e place dans son duel avec Max Verstappen. Samedi soir encore, après les qualifications, on avait de mêmes difficultés à imaginer le camp Mercedes F1 optimiste et soulagé, alors que la performance sur un tour, sur ce circuit pourtant censé être plus favorable du Paul Ricard, avait été décevante – avec quasiment une seconde d’écart sur le poleman Charles Leclerc. Et pourtant, le dimanche soir, le clan Mercedes était ravi et Lewis Hamilton confiait qu’il ne « pouvait pas être plus heureux. »
Mais que s’est-il passé entre-temps ? La course, pardi ! Les Mercedes ont en effet eu un rythme en longs relais très satisfaisant, au point de pouvoir battre la Red Bull de Sergio Pérez à la régulière (Max Verstappen restant hors de portée pour le moment). En vérité, les évolutions ou les caractéristiques du circuit Paul Ricard ont accentué les forces et faiblesses de Mercedes : l’équipe allemande a paru encore plus loin en qualifications, et encore plus près en course. Ce qui demeure, c’est une excellente fiabilité permettant à Mercedes de revenir à 44 points de Ferrari au classement des constructeurs.
Alors que le moral, dégonflé samedi soir, était revenu à bloc le dimanche, une mention spéciale doit tout de même être attribuée à Lewis Hamilton. Non seulement le septuple champion du monde a dominé George Russell tout le week-end (3 dixièmes d’écart en qualifications notamment). Mais encore se voit-il être récompensé pour son attitude irréprochable et pour tout son travail de fond sur les réglages. Un travail qui portera peut-être ses fruits l’an prochain… avec une voiture davantage réglée aux désirs de l’ingénieur en chef Hamilton ?
Top n°2 : Verstappen contrôle la course et le championnat
La bataille avec Lewis Hamilton semble avoir fait grandir et mûrir Max Verstappen : plus calme, plus posé, plus serein, le Néerlandais s’impose comme le patron incontestable de cette année. Les statistiques le montrent encore : 7 victoires en 12 courses, c’est imparable et cela permet au pilote Red Bull d’avoir un matelas rembourré en tête (63 points d’avance). C’est ainsi cette solidité, ce calme, cette sérénité, cette constance implacables du pilote Red Bull que l’on voudrait ici souligner.
Sa performance du Paul Ricard a d’ailleurs illustré ce qui fait la force de Max Verstappen cette année. Quand il n’est pas capable d’aller tout à fait chercher Charles Leclerc en vitesse pure, le Néerlandais sait désormais se montrer patient, faisant sienne la devise d’Auguste : Festina lente, hâte-toi lentement. Max Verstappen a appliqué une stratégie d’usure et de patience, estimant qu’il devrait plus économiser ses pneus que de tenter de dépasser vaille que vaille Charles Leclerc en début de course. Cette stratégie de prudence, visant à maximiser les points intermédiaires, rapporte de clairs dividendes cette année, surtout quand Ferrari se fracasse dans le mur du réel. Bref, Max n’est jamais aussi fort que quand il n’est pas Mad…
Top n°3 : Fernando Alonso engrange, engrange, engrange…
Quand le chat noir s’absente, la souris Fernando Alonso danse ! En début de saison, et encore d’ailleurs lors de certaines occasions dernièrement, l’Espagnol d’Alpine était comme victime d’une malédiction : 2 points seulement en 6 courses. Depuis, il enchaîne à chaque week-end ou presque de solides résultats, montrant effectivement que quand la chance revient, les résultats reviennent avec elle. Les conséquences sont d’ailleurs immédiates pour Alpine qui devance désormais McLaren à la 4e place au classement des constructeurs.
Ce Grand Prix au Paul Ricard l’a encore montré. Sans avoir la vitesse pure de Lando Norris en qualifications (5 dixièmes d’écart tout de même), Fernando Alonso a fait du Fernando Alonso le dimanche : renard, filou, très efficace filou au départ, il était déjà devant les McLaren à la fin du premier tour, s’offrant même la Mercedes de George Russell. Il contrôlait ensuite facilement l’écart sur Norris… et l’expérimenté Fernando Alonso, pour preuve de sa motivation et de sa confiance, voulut même que les McLaren reviennent sur lui afin qu’elles épuisent leurs Pirelli !
Il s’agit donc d’un nouveau week-end probant pour Fernando Alonso – il a du reste mis sous l’éteignoir son coéquipier Esteban Ocon, lui qui soupçonne un problème de châssis sur sa monoplace. Deux ans de prolongation éventuelle chez Alpine, cela peut sembler long pour un quadragénaire, mais avec un tel quadra, l’avenir n’a plus d’âge.
Les flops
Flop n°1 : Ferrari abuse du Ricard
Quand tout va bien, c’est que tout va aller bientôt mal pour la Scuderia Ferrari… C’est le sentiment que donne Maranello depuis plusieurs courses. Pour la troisième fois cette année, Charles Leclerc a donc abandonné alors qu’il menait un Grand Prix. Pour une fois (contrairement à Barcelone, Monaco ou Bakou par exemple, mais comme à Imola), Charles Leclerc n’a pas son équipe à blâmer : mais bien lui-même pour sa bourde au tour 18. Il ne s’en privait d’ailleurs pas après l’arrivée, trouvant des mots que même ses plus féroces détracteurs, compatissants dans ce moment, n’avaient pas osé imaginer. Les parallèles avec la bourde de Sebastian Vettel à Hockenheim en 2018 ont été faits et ont sans doute leur validité ; les explications sur la sortie de piste de Charles Leclerc, coupable de peut-être trop tirer sur son train arrière (mais n’est-ce pas aussi ce qui fait sa force ?), vont quant à elles se multiplier ; les sujets sempiternels, ‘peut-on être champion si l’on commet trop d’erreurs ?’ vont revenir, alors que la réponse est depuis 1950 bien connue. Bien entendu, Charles Leclerc sait qu’il ne doit plus commettre de telles erreurs à l’avenir et bien entendu, il garde le potentiel d’un futur champion du monde. Le succès n’arrive jamais d’un seul tenant.
Du reste, Charles Leclerc ne doit pas assumer à 100 % la responsabilité de son potentiel échec face à Max Verstappen cette année (un échec qui prend forme avec 63 points de retard au classement maintenant). Ferrari aussi accumule les erreurs cette année. Encore avec Carlos Sainz en stratégie : malgré un rythme excellent (l’Espagnol a peut-être connu son meilleur week-end de l’année), Sainz a dû composer avec une stratégie déficiente chez Ferrari. La Scuderia l’a arrêté bien trop tard pour que son dernier relais en médiums porte ses fruits. Tout en lui parlant à la radio au beau milieu d’une superbe bataille avec la Red Bull de Sergio Pérez ! Et tout en l’induisant en erreur sur sa pénalité de 5 secondes pour unsafe-release, le pilote devant lui-même corriger son ingénieur de piste à la radio, pour rappeler qu’il ne s’agissait pas d’un stop-and-go…
La fiabilité enfin continue d’inquiéter chez Ferrari : cette fois, c’est Guanyu Zhou qui a été victime d’une défaillance claire de l’unité de puissance Ferrari, passée un peu sous le radar en raison des événements. Le fait est que cette année, la Scuderia montre qu’elle n’est pas toujours prête pour lutter face à une machine comme Red Bull. C’est un peu le même refrain qu’en 2017 et 2018 : les pilotes ne sont pas irréprochables, mais après tout ils suivent l’exemple donné par leur équipe… Cette rengaine était inquiétante, puis lancinante, désormais elle est consternante.
Flop n°2 : Pérez n’y était pas vraiment
Sergio Pérez était un peu l’ombre de lui-même ce dimanche au Paul Ricard. Sa seule étincelle d’espoir fut certes placée au bon moment, en Q3, car il ne finit qu’à 1 dixième et demi de Max Verstappen après avoir été pourtant décroché de son coéquipier en essais libres. En course logiquement, Sergio Pérez payait le prix d’un mauvais travail de fond ce week-end. Voir son coéquipier gagner tout en étant battu par les Mercedes en rythme pur (et qu’importe la péripétie de la voiture de sécurité virtuelle, George Russell était de toute manière très proche)… cela pourrait peser sur le moral du Mexicain.
Pour le reste, Sergio Pérez a donné raison à ses propres et inquiétants propos, lorsqu’il affirmait que le développement de la voiture allait plus dans le sens de Max Verstappen que dans sa direction. Après ce week-end en France, on veut bien le croire, et on voit mal aussi comment donner tort à l’équipe technique de Milton Keynes. Brillant second ou bon second, Sergio Pérez reste un second. D’ailleurs, quand on voit les Ferrari, Max Verstappen n’a peut-être plus besoin de Checo pour filer vers le titre…
Flop n°3 : Le week-end de Pierre Gasly : évolutions le vendredi, régression le samedi, déception le dimanche
Quand ça va pas… Les essais libres étaient pourtant prometteurs pour AlphaTauri et Pierre Gasly : grâce aux évolutions tardives mais semble-t-il efficaces, la voiture italienne paraissait avoir le potentiel pour lutter, de nouveau, avec les Alfa Romeo ou les McLaren. Puis : patatras, comme trop souvent cette année. En qualifications, incapable de sortir un rythme suffisant de son AlphaTauri, et luttant notamment avec son train arrière, Pierre Gasly subissait sa 4e élimination en Q1 (aucune l’année dernière). Alors que son coéquipier atteignait la Q3. Le constat est donc d’autant plus acerbe pour le Normand quand il voit Yuki Tsunoda tirer davantage profit de la monoplace, et ainsi commencer à mordiller sa réputation comme son moral.
En course, il fut bien difficile à Pierre Gasly de se montrer assez à l’aise pour espérer les points. Le symbole de sa frustration fut peut-être un dépassement, manqué, sur la Williams d’Alexander Albon : Pierre Gasly dut alors tirer tout droit, perdant une poignée de places dans l’occasion. Pierre Gasly remontait tout de même en 12e place pour s’offrir un peu d’espoir pour la deuxième moitié de saison : en circonstances normales, ces évolutions apportent bien quelque chose et du reste le Hungaroring devrait davantage convenir à l’AlphaTauri. De l’espoir, Gasly en a justement besoin alors que sa saison, comme sa carrière, semblent bégayer. Sans doute très injustement.
On demande à voir…
Un dernier Grand Prix de France avant un moment ?
N’est-on pas prêt de revoir le Grand Prix de France ? Officiellement, rien n’est encore fait pour l’an prochain : le calendrier n’a pas été annoncé et l’espoir demeure chez Eric Boullier, le patron du Grand Prix. Mais ces attitudes ne sont peut-être que de façade : il est bien tard pour arracher un contrat pour l’an prochain, surtout quand des Grands Prix aussi prestigieux et disons-le, peut-être plus glamours, comme à Las Vegas, ou plus symboliques, comme en Afrique du Sud, frappent à la porte.
Pour autant, le Paul Ricard a prouvé aussi qu’il pouvait afficher un bon spectacle : notamment avec la passe d’armes entre George Russell et Sergio Pérez. Le niveau de sécurité demeure également très bon, avec de grands dégagements décriés mais qui au moins ne regorgent pas de vibreurs-saucisses ou de graviers piégeux comme à Silverstone. Les couacs d’organisation demeurent (des bouchons toujours présents, peu d’eau sur le circuit malgré une chaleur écrasante…), mais on est loin du fiasco de 2018.
Mais le Paul Ricard lutte peut-être contre un adversaire plus grand que lui, la dynamique de la mondialisation de la F1. Que peut le Beausset face à Las Vegas ? Signes face Singapour et Shanghai ? La Région Sud face à l’État du Qatar ? Voici pourquoi Christian Estrosi en appelait à un sursaut du chef de l’État, après avoir beaucoup fait par ses propres armes il est vrai : « Nous sommes en pleine discussion, je ne me résigne pas, alors que j’ai permis à notre pays de retrouver son Grand Prix de France, ce magnifique rendez-vous sportif, ce magnifique rendez-vous populaire. C’est bien aussi si le chef de l’Etat et la France disent à travers son gouvernement, qu’on a envie de Formule 1, qu’on a envie d’avoir une des disciplines sportives les plus populaires dans notre pays. Le président me l’a confirmé, maintenant je vois dans quelles conditions nous ne serons pas, les collectivités, seules comme nous l’avons été pendant cinq ans à porter cela sur nos épaules » confiait-il à Canal +.
Une alternance avec le Grand Prix de Belgique, une année sur deux donc, serait du bon sauvetage pour le Paul Ricard. Un moyen de pérenniser ce qui aurait peut-être pu disparaitre depuis longtemps sans une efficace mobilisation des autorités locales.