Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Le meilleur tour exceptionnel de Lewis Hamilton en durs
La 80e victoire de Lewis Hamilton en carrière a certes été obtenue, notamment, à la faveur d’une voiture de sécurité sortie au meilleur moment pour le Britannique. Son coéquipier Valtteri Bottas, alors en tête, avait déjà changé de pneus, et Lewis Hamilton, qui était resté en piste, ainsi bénéficia d’un « arrêt gratuit ».
Même sans cette « chance du champion », Lewis Hamilton avait pourtant réellement le rythme pour s’imposer. Il l’a prouvé en début de course, en inquiétant franchement Valtteri Bottas, afin de préserver ses pneus. Il l’a surtout montré en toute fin d’épreuve, dans le dernier tour. Sur des durs qui avaient 32 tours de durée de vie, l’Anglais a claqué le meilleur temps, en battant de 3,3 secondes le record de l’an dernier ! Pourtant, quelques tours plus tôt, Valtteri Bottas, en tendres, avait cru signer ce meilleur tour – mais Lewis Hamilton réussit à le battre de 37 millièmes. Où donc Lewis Hamilton est-il allé chercher ce point bonus ? Pirelli, le manufacturier pneumatique lui-même, ne le savait pas, évoquant une performance « incroyable. » La claque est dure pour Valtteri Bottas et la concurrence. Assurément, ce point du meilleur tour apparaît comme le symbole de la domination, tranquille et impressionnante, de Lewis Hamilton.
Top n°2 : Verstappen-Leclerc, le duo de choc continue de faire des étincelles
Le « let them race », philosophie nouvelle assumée de la FIA depuis le Red Bull Ring, a de nouveau prouvé ses bienfaits à Silverstone. Durant le premier tiers de la course, Max Verstappen et Charles Leclerc, qui avaient déjà croisé le fer en Autriche, se sont livrés une bataille encore plus belle, longue et mémorable. Ce mano a mano, roue-contre-roue, restera certainement comme l’un des plus beaux duels de ces dernières années. Un duel qui a régalé les spectateurs et qui est resté, dans l’ensemble, respectueux, même si Max Verstappen a jugé que Charles Leclerc avait défendu de manière assez agressive. De son côté, le pilote Ferrari a confié qu’il n’avait jamais autant pris de plaisir dans une F1. Un plaisir partagé. « C’est ainsi que la F1 devrait être » a conclu le Monégasque. La bataille arrive en effet à point nommé, alors que la F1 est régulièrement pointée du doigt pour son manque de spectacle. Le duel Max Verstappen – Charles Leclerc sera certainement celui des années 2020 : ça tombe bien, on en redemande.
Top n°3 : La remontée de Daniil Kvyat
Daniil Kvyat a hérité, dimanche dernier à Silverstone, de deux points et d’un bébé. Le jour de l’accouchement de sa femme, le Russe était comme métamorphosé. Le samedi, en qualifications, il était éliminé dès la Q1, alors que son coéquipier Alexander Albon atteignait la Q3. Le lendemain, les fortunes ont été inversées. Parti 17e, Daniil Kvyat a livré une formidable remontée pour remonter jusqu’au 9e rang. Il a certes été avantagé par certaines circonstances de course (problème de tension électrique pour Alexander Albon, stratégies malchanceuses pour Lando Norris ou les Racing Point…) ; il n’en demeure pas moins qu’il n’a commis aucune faute pour revenir dans les points. Il en avait sûrement grand besoin, après une séance de qualifications qui avait mis en lumière ses difficultés face au rookie pourtant le moins préparé du plateau. Il lui faudra enfin d’autres performances de ce genre s’il veut redevenir un candidat crédible à la succession potentielle de Pierre Gasly chez Red Bull.
Les flops
Flop n°1 : Vettel, largement battu en qualifications et largement fautif en course
L’an dernier à Silverstone, Sebastian Vettel s’imposait au terme d’un dépassement bien senti sur Valtteri Bottas. Cette année, au contraire, le pilote Ferrari a certainement livré son pire week-end depuis bien longtemps. Dès les qualifications, Charles Leclerc, à un souffle de la pole, mettait 6 dixièmes dans la vue à Sebastian Vettel, relégué à la 6e place, derrière même la Red Bull de Pierre Gasly. En course, le pilote Ferrari a un temps occupé la 3e place, mais uniquement parce qu’il a été avantagé par une voiture de sécurité sortie au bon moment pour lui. Max Verstappen n’a pas tardé à le dépasser.
La suite est connue : une fois de plus, Sebastian Vettel a commis une erreur en rentrant droit dans le diffuseur de la Red Bull – même si Max Verstappen a donné un petit coup de volant à gauche qui a peut-être perturbé son poursuivant. Un constat s’impose : des pilotes des écuries de pointe, Sebastian Vettel apparaît comme le plus friable mentalement, celui qui commet le plus d’erreurs dans les batailles roue contre roue. Dans le même temps, Charles Leclerc ramenait sa Ferrari à bon port malgré une bataille plus virile contre Max Verstappen. Sebastian Vettel est lassé de démentir les rumeurs l’envoyant à la retraite, mais, sur la piste, il ne fait plus grand-chose pour faire taire les bruits de couloir. A domicile, dans deux semaines, il se doit de rebondir. Non plus pour rester dans la course au titre, mais pour ne pas perdre le leadership chez Ferrari.
Flop n°2 : Haas en totale perdition
Au fond du trou, Haas creuse encore. Ce week-end à Silverstone restera comme l’un des pires, depuis longtemps, pour l’équipe américaine, en dehors de la piste comme sur la piste. En dehors, le psychodrame Rich Energy a marqué les esprits, et prête à interrogation sur le sérieux non seulement de la marque fantôme de boissons, mais aussi sur les managers de Haas. Pourquoi avoir fait confiance à une entreprise visiblement peu développée commercialement ? Et que pourrait devenir Haas si le sponsoring avec Rich Enegy s’arrêtait effectivement ? Vu les performances de Haas en piste, trouver un nouveau sponsor-titre ne sera d’ailleurs pas aisé.
Ce week-end à Silverstone, la déroute de Haas fut donc aussi sportive : les deux pilotes se sont percutés dans le premier tour, ce qui a précipité un double abandon. Du jamais vu au sein de cette équipe. Günther Steiner a logiquement tapé du poing sur la table, et on se doute que les contrats de Kevin Magnussen et Romain Grosjean pourraient être menacés. Sur le plan sportif, la débâcle est complète ; sur le plan aérodynamique et technique… elle l’est aussi. Avec le package de Melbourne, Romain Grosjean a réussi de meilleures qualifications que Kevin Magnussen, qui disposait du package évolué. Autrement dit, Haas s’est totalement plantée dans son développement depuis plusieurs mois. L’équipe américaine comptait sur le dimanche pour comparer les performances des deux packages en conditions de course : mais le crash entre ses deux pilotes l’a privée de cette possibilité ! Ce week-end n’aurait pu plus mal tourner…
Flop n°3 : En qualifications, Lance Stroll déçoit encore et encore
Un chiffre : 14. Cela fait désormais 14 Grands Prix d’affilée que Lance Stroll est éliminé en Q1. Certes, il faut retrancher les 4 courses disputées l’an dernier, dans une Williams qui ne valait pas la Q2 à la régulière. Même sans cette concession, le bilan est accablant pour le Canadien : en 10 courses cette année, il n’a toujours pas vu la Q2, alors que Sergio Pérez, malgré une monoplace peu compétitive, s’est encore hissé à la 15e place samedi dernier. Lance Stroll se défend : il prépare davantage les réglages de course, et de toute manière, a l’habitude de récupérer des positions dans le premier tour. Ce n’est pas faux : encore à Silverstone, il a regagné trois places dans le premier tour. Mais il s’agit d’une circonstance atténuante, certainement pas d’une excuse. Avec un pilote qui performe aussi peu le samedi, Racing Point risque avoir du mal à passer un cap. Le point positif, c’est que Lance Stroll sait désormais ce qu’il lui faut travailler…
On demande à voir…
Gasly a-t-il trouvé la clef chez Red Bull ?
Il était temps ! Mis sous pression par Helmut Marko et le haut-management de Red Bull, Pierre Gasly a répondu de manière très satisfaisante à Silverstone. Les essais libres l’avaient laissé espérer, les qualifications et la course l’ont confirmé : Pierre Gasly a fait ce que Red Bull attendait de lui, c’est-à-dire, être un peu derrière Max Verstappen – mais juste un peu, et pas à un tour comme au Red Bull Ring. En qualifications, Pierre Gasly ne terminait qu’à trois dixièmes de Max Verstappen, un écart acceptable. Surtout, il devançait la Ferrari de Sebastian Vettel. En course, il a tout d’abord facilement devancé les McLaren et les Renault – alors qu’au Red Bull Ring, il avait lutté en milieu de grille tout le long. Il a également réalisé de belles manœuvres, résisté à Sebastian Vettel ou Charles Leclerc un temps, et s’est effacé derrière Max Verstappen sans faire trop d’histoire.
Il faut désormais espérer que Pierre Gasly confirmera ce solide Grand Prix – qui reste à ce jour, son unique bonne performance de l’année, ce qui interdit encore tout jugement définitif. Des motifs d’espoirs concrets existent : il avait, enfin, le même aileron que Max Verstappen (qui était prioritaire sur toutes les évolutions) ; et dit avoir changé « beaucoup de choses » notamment dans son travail sur les réglages avec les ingénieurs. Encore deux courses comme ça, et Pierre Gasly aura peut-être sauvé sa peau d’ici la trêve estivale.
Racing Point, une évolution pour redresser la barre à Hockenheim ?
Les années précédentes, Racing Point commençait doucement la saison, avant d’apporter des évolutions aérodynamiques décisives à l’occasion du Grand Prix de Grande-Bretagne – Silverstone n’est qu’à quelques centaines de mètres de l’usine. Cette saison, les petites évolutions apportées à Silverstone n’ont pas fait une grande différence ; Racing Point est apparue comme la 8e force du plateau, juste devant Haas et Williams. Cela pourrait changer dès la prochaine course. A Monaco, Andrew Green, le directeur technique, annonçait que Racing Point apporterait une « toute nouvelle voiture » avec une « philosophie aérodynamique totalement différente » à Hockenheim. Nous y sommes. Les grandes faiblesses de la RP19, notamment en virages à basse vitesse, pourraient être résolues. Verra-t-on alors Racing Point revenir dans la lutte pour les gros points ? McLaren, Renault, Alfa Romeo, ne l’espèrent pas, mais, quand on connaît l’importance des nouvelles ressources injectées dans le développement par le consortium mené par le père Stroll, l’espoir est permis chez les Roses !