Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Max Verstappen perce le brouillard
La victoire de Max Verstappen à Miami prend d’autant plus de relief et de valeur à la lumière du vendredi catastrophique qu’il a connu : le vendredi en effet, le pilote Red Bull ne faisait pas plus de 5 tours, en raison d’un problème hydraulique. Il abordait ainsi un nouveau Grand Prix dans une des pires conditions qui soit, presqu’à l’aveuglette.
Et pourtant, en qualifications, le Néerlandais faillit s’offrir le scalp des deux Ferrari – il lui manqua sans doute un peu de tours de roue dans les bagages. Surtout, en course, il étonna en premier lieu, en prenant un très bon départ (certes de la partie propre de la piste) alors qu’il n’avait pu faire justement aucun essai de départ. Par suite, il fit preuve d’une formidable gestion des gommes médiums dans le premier relais, tout en ayant, c’est curieux, des réglages aérodynamiques privilégiant la vitesse de pointe sur les virages a priori. « En début de course, Max prenait soin des pneumatiques. C’était notre tactique d’économiser le pneu avant droit et de garder Charles sous pression. Une vraie course tactique » résumait Christian Horner après l’épreuve. Une maîtrise tactique en effet de Max Verstappen, qui lui a donné les clefs de la victoire, reconnaissait Charles Leclerc. En fin d’épreuve, le Néerlandais sut aussi résister à la pression des Ferrari suite à la période de voiture de sécurité.
En somme, Max Verstappen a remporté un troisième succès (en autant d’arrivées) plein de mérite et de panache, que l’on peut et doit attribuer en grande partie, certes à la vitesse de la Red Bull, mais aussi, et peut-être surtout, à son talent.
Top n°2 : Alexander Albon n’en finit plus de régaler Williams et son coiffeur
A chaque fois qu’Alexander Albon se teint les cheveux, il marque des points ! Et c’est bien presque la seule touche de couleur sur cette Williams désormais majoritairement noire, pour des raisons de poids. Nul doute que le coiffeur de Grove va vite devenir la nouvelle mascotte de l’équipe. Plus sérieusement, le Thaïlandais de nouveau impressionnait le paddock le week-end dernier, avec 2 unités inscrites dans une Williams qui n’en vaut peut-être pas le quart d’une… Si en qualifications, Alexander Albon était étrangement proche de Nicholas Latifi (la fenêtre de fonctionnement des Pirelli semble en cause), en course, il a, comme à Melbourne, capitalisé sur un choix stratégique payant : le pari des gommes dures. La voiture de sécurité en fin d’épreuve lui offrit ainsi un arrêt gratuit. Mais il fallait encore faire fonctionner cette stratégie en économisant les durs tout en ayant un rythme correct.
N’attribuons donc pas seulement cette performance d’Alexander Albon à ce coup de chance stratégique. Car il faut encore une fois rapporter sa course à celle de Nicholas Latifi. Certes on l’a dit, le Canadien fut plus proche en qualifications que de coutume. Mais qu’il était loin, loin, loin, loin, très loin en course ! Pour preuve, Nicholas Latifi restait 18e de l’épreuve, c’est-à-dire dernier, en première moitié de Grand Prix, même si les autres voitures devant lui s’étaient déjà arrêtées. Jost Capito lui a renouvelé sa confiance, mais la confiance de Nicholas Latifi semble déjà s’être envolée…
Heureusement, Williams a trouvé son nouveau George Russell avec Alexander Albon. Voire mieux au niveau de ses retours techniques, murmure-t-on à Grove : sans doute que l’année passée à Milton Keynes, dans l’ombre de Max Verstappen et Sergio Pérez, a souri à Alexander Albon. Notons enfin qu’au classement, Alexander Albon compte 1 point de plus que Fernando Alonso !
Top n°3 : Esteban Ocon et Valtteri Bottas, accessits du peloton
Le vendredi, Esteban Ocon encaissait un choc de 51 G « inacceptable » (voir plus bas) et devait se résoudre à ne pas participer aux qualifications du samedi. Si son erreur lui est imputable, sa très belle prestation de dimanche l’est aussi : parti des stands, le pilote Alpine a comme Alexander Albon sut faire fructifier un premier long relais en durs, suite à l’entrée de la voiture de sécurité. Son rythme très solide, et son sans-faute (ce que n’a pas réussi Fernando Alonso dans l’autre Alpine), lui octroient des points bien mérités.
Valtteri Bottas lui fut proche de livrer la course parfaite : sans doute peut-il maudire la voiture de sécurité qui a redistribué les cartes… Et même le week-end parfait : car en qualifications, le Finlandais signait un formidable 5e temps. En rythme de course, il prouvait ensuite n’avoir pas à craindre les Mercedes, installant l’Alfa Romeo comme la potentielle 3e force du plateau le dimanche. « Nous étions vraiment forts et nous avons couru la majeure partie de la course confortablement en 5e place, juste derrière les deux Red Bull et les Ferrari : le timing de la voiture de sécurité nous a vraiment affectés, annulant l’avantage de Valtteri sur les deux Mercedes » regrettait ainsi Frédéric Vasseur, le directeur d’écurie, après la course. Quel dommage donc que cette sortie de piste lui coûte une 5e place : il n’en demeure pas moins que cette 7e place reste très bonne pour lui et Alfa Romeo.
Les flops
Flop n°1 : Boulettes en série, et inquiétudes sur la sécurité
Disons-le immédiatement, les pilotes de F1 sont les meilleurs pilotes de la planète, et le niveau du plateau actuel est sans doute l’un des meilleurs de ces dernières décennies. Pour autant, ce week-end à Miami, certains pilotes, plus que de coutume semble-t-il se sont retrouvés coincés par les pièges du nouveau tracé de Miami. Il faut dire que le circuit de Floride lui-même n’aidait pas à réaliser des week-ends propres, avec son tarmac qui se détachait quand trop de F1 passaient dessus, et une adhérence hors-trajectoire guère au niveau, qui punissait de manière rude et sévère toute incartade hors-trajectoire.
Plusieurs pilotes ont ainsi fait les frais de ce circuit piégeux. En essais libres, notons en particulier les sorties de route de Carlos Sainz et d’Esteban Ocon. Pour le pilote Ferrari, cela commence d’ailleurs à faire beaucoup après deux Grands Prix déjà marqués par des accidents. En course aussi, il y a eu du grabuge en piste, avec des bourdes là encore très coûteuses. Mick Schumacher s’est en particulier privé de ses premiers points avec son accrochage avec son ami et mentor Sebastian Vettel. Valtteri Bottas a perdu des points et a eu de la chance de finir 7e. Fernando Alonso s’est illustré en coupant une chicane et en tentant un dépassement d’un optimisme amateuriste, recevant une double logique sanction. Pierre Gasly aurait également pu davantage s’écarter de la trajectoire lorsqu’il était au ralenti. Bref, cela fait un peu beaucoup… (et nous n’avons pas tout mentionné).
Plus grave peut-être : Esteban Ocon a révélé avoir pris un choc de 51 G au virage 14 lors de sa sortie de piste. Un total impressionnant pour un accident qui ne le paraissait pas tant que cela. Le pilote Alpine a justement qualifié ce danger « d’inacceptable » et exigé, comme Carlos Sainz, des TecPro dans ce virage. Silence radio de la direction de course. Et si l’on tenait ici la première grosse erreur de l’ère Niels Wittich – Eduardo Freitas ?
Flop n°2 : Bijouxgate, Boxergate : les batailles picrocholines et contre-productives de Vettel et Hamilton
On avait connu Lewis Hamilton et Sebastian Vettel plus inspirés sur leurs engagements… Très visibles et volontaires dans leur engagement pour l’écologie ou la diversité, les deux pilotes « militants » du plateau se sont en revanche perdus dans des batailles picrocholines, pour ne pas dire risibles. L’écologie et l’antiracisme d’un côté, les bijoux de famille et les bijoux tout court de l’autre… Triste contraste. Pendant que Sebastian Vettel ferraillait donc contre l’interdiction de ne pas porter des sous-vêtements ignifugés, Lewis Hamilton partait lui en croisade contre l’interdiction de porter de la joaillerie dans le cockpit, provoquant la FIA en portant force argenterie et assurant qu’il ne cèderait pas aux menaces d’amendes et de retraits de points.
Cette attitude est très décevante en particulier pour Sebastian Vettel. Le pilote Aston Martin F1 a détourné l’attention de son T-Shirt « humour noir » sur le climat en se promenant avec son boxer visible et risible dans le paddock de Miami (voir notre article). Surtout, le pilote Aston Martin F1, directeur du GPDA, et très engagé sur la sécurité, a une attitude incompréhensible puisque justement, les interdictions de la FIA ne sont pas prises pour le plaisir, mais pour la sécurité. « L’utilisation de matériaux non ignifugés en contact avec la peau du pilote, et en particulier de matériaux synthétiques, peut réduire la protection contre la transmission de la chaleur et donc augmenter le risque de brûlures en cas d’incendie. Dans le pire des cas, ces matériaux peuvent fondre, ce qui peut entraver le traitement en cas de brûlure. (…) objets métalliques, tels que les bijoux en contact avec la peau, peuvent réduire la protection contre la transmission de chaleur et donc augmenter le risque de brûlures en cas d’incendie » a en effet précisé Niels Wittich à l’occasion de ce week-end.
Il y a des combats qu’il vaut mieux savoir perdre, et avant ne pas mener : Sebastian Vettel et Lewis Hamilton feraient mieux de le méditer.
Flop n°3 : Daniel Ricciardo ne sauve pas les apparences
Daniel Ricciardo fut une fois de plus transparent le week-end dernier à McLaren. Et cela ne tombe pas au bon moment alors que les rumeurs de remplacement par Colton Herta fleurissent… En qualifications, Daniel Ricciardo terminait ainsi à 8 dixièmes en Q2 de son coéquipier Lando Norris. Un écart qu’il imputait notamment au trafic… Mais l’excuse est moins recevable quand l’on se rappelle que c’est tout simplement la 9e fois d’affilée que Lando Norris bat son coéquipier dans l’exercice du tour rapide. En course, l’Australien ne put sauver les apparences et reçut même une pénalité de cinq secondes pour avoir gagné un avantage en sortant de la piste. En somme, on espérait un Daniel Ricciardo ressuscité avec le nouveau règlement aérodynamique de 2022 : l’écart paraît se stabiliser, voire se creuser. La cote de l’Australien est descendue en flèche dans le paddock.
On demande à voir…
Les évolutions de Red Bull scrutées par Ferrari avec les budgets plafonnés…
La Red Bull est devenue une tueuse de Ferrari le dimanche : c’est le constat que l’on peut dresser depuis au moins deux Grands Prix. Mais cette saison, celle du nouveau règlement aérodynamique de 2022, est ainsi faite, que la hiérarchie pourrait bien bouger de course en course. A commencer par Barcelone lors du prochain Grand Prix.
Mattia Binotto a rappelé que Ferrari n’avait pas encore apporté d’évolutions majeures sur la Ferrari. Et qu’il pensait que Red Bull (qui a beaucoup plus fait évoluer sa voiture notamment à Imola) ne pourrait pas tenir ce rythme de développement avec les budgets plafonnés : « Au cours des deux dernières courses, Red Bull a été plus rapide de quelques dixièmes. Nous devons lancer nos développements. Nous aurons les premières grosses pièces à Barcelone. Red Bull a déjà dépensé beaucoup d’argent sur ses évolutions, donc j’espère qu’avec le plafond budgétaire, ils infléchiront leur développement à un moment donné pendant que nous aurons des évolutions disponibles. C’est pourquoi je suis déçu de manière optimiste » se rassurait ainsi Mattia Binotto après Miami.
Pour Mattia Binotto, il serait donc étonnant que Red Bull poursuivre son rythme de développement effréné avec les budgets plafonnés. A moins que… faut-il rappeler que récemment, Mattia Binotto a justement mis en alerte la FIA sur le possible risque de fraude des budgets plafonnés, appelant à renforcer les contrôles. Si Red Bull apporte encore des évolutions massives à Barcelone, faut-il s’attendre à une polémique ?