Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : La Scuderia de retour avec une Ferrari rapide dans les virages lents
Certes il était attendu que la Scuderia Ferrari soit plus rapide que lors de la moyenne des autres courses à Monaco. Par exemple Pat Symonds avait confié à Ross Brawn, avant la course, que la Ferrari était plus performante en virages lents – et il faut rappeler que l’unité de puissance Ferrari, même si elle a fait des progrès, n’est pas encore au niveau de la concurrence, alors que le circuit de Monaco tend justement à niveler les performances moteur. La Scuderia était donc attendue comme la troisième meilleure voiture, mais comme la première ? Sûrement pas…
Pourquoi alors cette performance géniale ? Charles Leclerc lui-même en conférence de presse le samedi soir, après sa pole, estimait qu’il s’agissait là d’une « grosse surprise » pour la Scuderia Ferrari. Pour expliquer ce bond formidable en performance, la piste d’évolutions magiques doit être d’abord écartée comme l’affirmait Charles Leclerc encore après les qualifications : « Nous avons la même voiture qu’à Barcelone et vous savez où nous étions à Barcelone. Nous sommes particulièrement compétitifs dans les virages à basse vitesse ce qui colle bien avec ce circuit. » Outre la performance intrinsèque de la Ferrari en virages lents, et la moindre importance du moteur, quelques pistes d’explication peuvent être suggérées. Tout d’abord la SF21 a corrigé les gros défauts de la SF1000, qui ne résultaient pas seulement d’une puissance moteur anémique mais aussi de défauts aérodynamiques bien visibles (l’aérodynamique ayant été initialement pensée pour un moteur plus puissant). De plus et peut-être surtout, comme toujours, l’explication tiendrait dans la mise en chauffe des Pirelli, dans l’exploitation de leur bonne fenêtre de fonctionnement. La Scuderia aurait été très complète dans ce domaine alors que Mercedes par exemple aurait grandement peiné. Ce qui expliquerait pourquoi Ferrari a usé presque systématiquement d’un seul tour de préparation, contre deux pour certaines autres équipes.
Reste à savoir si cette performance pourra se répercuter sur d’autres pistes. Pour les pistes plus rapides comme Bakou ou Silverstone par exemple, Charles Leclerc l’écartait déjà en conférence de presse, et s’attendait à ce que la Scuderia retrouve sa performance de Barcelone, c’est-à-dire celle de 3e ou 4e meilleure équipe derrière ou devant McLaren. Quant à la performance de la Scuderia dans des circuits tortueux, comme Singapour, ou peut-être Budapest, il y a de quoi espérer. Mais que les tifosi ne s’enflamment pas : la Ferrari est la plus rapide uniquement sur tracé lents !
Top n°2 : L’overcut, ou la vista stratégique des Aston Martin F1 et de Sergio Pérez
Qui a dit qu’il était impossible de dépasser à Monaco ? Sur la piste, peut-être. Mais avec la stratégie, tout est possible, même de gagner plusieurs places. Les pilotes ayant adopté une stratégie d’overcut (rester en piste plus longtemps que le pilote que l’on veut doubler) en ont fait la profitable expérience dimanche dernier. Les Aston Martin F1, toutes les deux, ont bénéficié de cette vista stratégique. Excellent tout au long du week-end, Sebastian Vettel (le pilote du jour) a, avec cette stratégie, pu doubler Pierre Gasly et Lewis Hamilton, excusez du peu, en enchaînant les tours rapides alors que l’AlphaTauri et la Mercedes se disputaient une maigre position à coup d’undercut. Lance Stroll est celui qui a fait le mieux fonctionner cette stratégie chez Aston : parti 12e (en tenant compte de la poisse de Charles Leclerc), le Canadien a fini au 8e rang. Son overcut fut le plus exacerbé (avec des résultats positifs afférents), avec un premier relais en durs de 59 tours, lui permettant de doubler l’Alpine d’Esteban Ocon et l’Alfa Romeo d’Antonio Giovinazzi.
Sergio Pérez, chez Red Bull, a lui aussi bénéficié de cette stratégie gagnante. Au 32e tour, lorsque Vettel s’arrête, la Red Bull a attaqué très fort durant quatre boucles (avec des tours en 1’14) pour laisser derrière lui non seulement Vettel, mais encore Lewis Hamilton et Pierre Gasly… A la grande surprise et à la grande colère du pilote Mercedes. De la 8e à la 4e place, là encore c’est un sacré bond pour le Mexicain !
Top n°3 : « Monaco podium baby » : Lando Norris, le 3e homme confirme
Il était impossible de ne pas continuer à s’incliner devant la performance de Lando Norris ce week-end à Monaco. On ne s’attendait pas forcément à ce que McLaren brille en ces terres et pourtant, une fois encore, le Britannique a maximisé le potentiel de sa monoplace, et peut-être plus. Le jeune pilote était peut-être lui même surpris d’aussi bien figurer en qualifications : 6e en EL3, il finissait 5e en qualifications à seulement 3 dixièmes de la pole et 2 dixièmes d’un départ en deuxième ligne. Un tour de Q3 « parfait » selon ses propres dires, et on veut bien le croire.
En course, Lando Norris a tout bien fait : il n’avait pas le rythme pour doubler Carlos Sainz ; il a aussi dû gérer le retour en force de Sergio Pérez en fin d’épreuve, avec des durs usés, sans jamais céder à la pression (des limites de piste comprise) – et en ayant demandé à son ingénieur de se taire pour rester concentré. Aucune erreur sous la pression : oui, définitivement, ce Lando Norris n’est plus le petit jeune que l’on connaissait. Le voilà 3e au championnat, devant Sergio Pérez ou Valtteri Bottas : il surperforme ! Sans doute a-t-il mérité sa récente augmentation de salaire avec son nouveau contrat…
Les flops
Flop n°1 : Ricciardo, à un tour et des années-lumière de Norris
Dans l’autre McLaren, le constat est dur, très dur pour Daniel Ricciardo. Tout au long du week-end, l’Australien n’a jamais pointé le bout de son nez dans le top 10. En qualifications, il ne comprenait tout simplement pas d’où venait l’écart abyssal d’une seconde au tour sur son coéquipier. Sur un tracé de pilote comme Monaco, tracé le plus court de la saison de surcroît, après le Red Bull Ring, cela fait mal, très mal. Le dernier Grand Prix de Barcelone avait pourtant laissé des signaux d’espoir pour le pilote McLaren. Pire, il ne comprenait pas d’où venait son rythme si décevant, alors qu’il avait pourtant un bon ressenti dans la voiture et les mêmes réglages que Lando Norris. Le symbole du week-end, un symbole logique par ailleurs, arriva au 50e tour, lorsque Lando Norris prit un tour à son coéquipier – le Britannique lui fit un signe de main de compassion, mais il n’était sans doute pas insatisfait.
La réputation du double poleman à Monaco continue d’en prendre un coup : il faut désormais vite que Daniel Ricciardo trouve le mode d’emploi de sa MCL35M, pour ne pas ternir sa réputation de top-pilote. Il n’est pas encore trop tard !
Flop n°2 : Mercedes perd la tête et plonge avec des poids dans la Piscine
Quand Mercedes rate un week-end, elle ne fait pas semblant. Une preuve de plus en a été apportée ce dernier Grand Prix à Monaco. Il y a eu bien sûr l’épisode rocambolesque de l’écrou de roue bloqué dans le pneu de Valtteri Bottas et qui était toujours fixé sur la Mercedes le lendemain de l’épreuve ! Outre ce problème de fiabilité aux arrêts aux stands, qui n’est pas une nouveauté chez Mercedes, loin de là, il faudra surtout se pencher sur le travail de mise au point des réglages chez Mercedes. Certes, « l’ADN fondamental » de la voiture ne convient à Monaco, pour reprendre l’expression de Toto Wolff. Pourquoi cependant empirer la performance des deux monoplaces en réalisant un mauvais travail sur les réglages ? Et surtout, pourquoi ne pas davantage écouter Lewis Hamilton ? En effet le Britannique était deux fois très mécontent, et sans doute à raison, après le Grand Prix. Sur les réglages de qualifications, il voulait davantage mettre l’accent sur la mise en chauffe des pneus, ce que Ferrari a su faire avec brio (voir plus haut). Certes l’usure pneumatique aurait été prononcée, mais ce n’est pas le point central à Monaco et Lewis Hamilton a déjà gagné avec ce genre de pneus usés jusqu’à la corde en 2019, tenant en respect la Red Bull de Max Verstappen. De plus : pourquoi ne pas avoir privilégié l’overcut sur l’undercut comme l’avait lui-même demandé Lewis Hamilton (qui avait préservé ses pneus pour cela) durant le Grand Prix ? Sebastian Vettel, Lance Stroll et Sergio Pérez ont assez prouvé qu’il s’agissait de la stratégie gagnante.
Il reste désormais à savoir si cette course va laisser des traces chez Mercedes. Non pas tellement au classement (Mercedes perd la tête des deux championnats) mais au niveau de l’écoute et de l’influence de Lewis Hamilton durant le week-end : Mercedes osera-t-elle désormais contredire les choix de son pilote fétiche… alors qu’il n’a du reste pas toujours prolongé son bail ?
Flop n°3 : Mick Schumacher : cours particuliers à 500 000 dollars à Monaco
Chacun attendait Nikita Mazepin, ce fut Mick Schumacher : le pilote s’étant crashé chez Haas dans les murs de Monaco était ainsi allemand et non russe (ou plutôt « neutre ») ce dernier week-end en Principauté. Certes se crasher une fois à Monaco est excusable, mais sortir de piste par deux fois l’est déjà un peu moins, même pour un rookie. Car Mick Schumacher a tapé deux fois le rail : une fois en EL2, au Casino, et une autre fois, plus lourdement, en EL3, dans la descente du même Casino. Ce crash fut d’ailleurs relativement bizarre, et peut-être aussi dû à l’instabilité chronique de la Haas. Reste qu’il ne s’agissait pas d’un avertissement sans frais pour Mick Schumacher : le dernier crash a coûté 500 000 dollars à l’équipe la moins bien dotée du plateau !
Et pourtant en rythme pur, Mick Schumacher semblait avoir l’avantage sur Nikita Mazepin. Certes il a fini derrière son coéquipier en course, mais cela était uniquement dû à un problème de pression d’essence qui l’a affecté une bonne partie de l’épreuve. Du reste en EL2, Mick Schumacher annonçait la couleur avec un 14e temps, devant les Alpine et les Williams. Et si… ? On ne saura jamais. Mais gare à la prochaine sortie de piste pour Mick au risque de voir sa réputation être « Mazespinée »…
On demande à voir…
Vettel, Sainz et Pérez ont-ils achevé leur temps d’adaptation à leur nouvelle F1 ?
Il est dit souvent que 5 Grands Prix sont nécessaires pour s’adapter à une nouvelle F1. Avec des essais hivernaux réduits à 3 jours et des essais libres à une heure, mais avec les outils de simulation d’aujourd’hui, est-ce aussi vrai ? En attendant, les fortunes des pilotes ayant découvert une nouvelle équipe sont très diverses après 5 Grands Prix.
Du côté des plus, Carlos Sainz paraît être le pilote s’étant le mieux adapté à sa nouvelle monture. Ce n’est pas une surprise parce que l’Espagnol, chez Renault, ou McLaren, s’est toujours bien adapté à une nouvelle F1, et le fait de changer si souvent d’équipe l’aide sûrement. Sebastian Vettel et Sergio Pérez semblent aussi avoir fait de gros progrès ce week-end. L’Allemand l’a démontré en qualifications et en course, et le Mexicain surtout en course avec ses tours rapides d’overcut. Du reste le pilote Red Bull a été gêné en qualifications à la Rascasse en Q3 et aurait sans doute pu progresser sur la grille. Du côté des moins, Fernando Alonso a de nouveau bu la tasse en comparaison d’Esteban Ocon, le vrai leader de l’équipe ; mais c’est surtout le rythme de Daniel Ricciardo (voir plus haut) qui inquiète. Monaco est sûrement atypique et le prochain Grand Prix pourrait donner les clefs d’explications finales sur ce sujet !