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Les tops, les flops et les interrogations après le Grand Prix des États-Unis

Aston Martin F1, le vide et le plein

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Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !

Les Tops.

Top n°1 : Verstappen et Hamilton au plaisir de 2021

Une bataille Max Verstappen-Lewis Hamilton pour la tête de course, dans les derniers tours de Grands Prix : voilà qui rappelle forcément des souvenirs aussi passionnants que tumultueux, ceux de la saison dernière. Pour autant, c’était véritablement la première fois qu’un duel Verstappen-Hamilton avait lieu cette année pour une victoire – et pour une fois, le duel était à suspense entre une Red Bull et une Mercedes. Au-delà de cette passe d’armes qui est finalement restée propre, certains diraient presque trop timide (mais l’avantage en performance des mediums de Max Verstappen était trop important), ce Grand Prix des États-Unis a souligné à la fois la superbe constance de Max Verstappen, et le regain de forme de Mercedes.

Constante domination de Max Verstappen tout d’abord : le Néerlandais a de nouveau prouvé que même en cas de pépin (ici, un long arrêt aux stands inhabituel chez Red Bull, qui provoquait chez Max une colère qui, sur le moment, n’était pas incompréhensible) il pouvait tout de même tirer profit à la fois de son talent pur, et de la supériorité de sa Red Bull, pour s’imposer. Max Verstappen a ainsi terminé 5 secondes devant Lewis Hamilton – avec un arrêt aux stands qui a duré 10 secondes de trop. Sa victoire était un sens presqu’inéluctable à Austin. Elle était d’autant plus symbolique en ce week-end triste pour Red Bull – qui glane ainsi son 5e titre constructeurs.

Mais ce Grand Prix a également souligné le regain de forme de Mercedes ou plus précisément de Lewis Hamilton. Bénéficiant d’évolutions positives, le Britannique a semblé en tirer un bien meilleur parti que son coéquipier George Russell, empêtré dans une monoplace devenue soudainement moins confortable pour lui. Jamais Lewis n’avait fini aussi proche de la tête de course cette année ; même sans l’arrêt aux stands trop long de Max Verstappen, il serait d’ailleurs ressorti en tête de l’épreuve avec un undercut réussi. Au-delà du Lewis excellent et constant pilote, c’est enfin le Lewis leader d’équipe que nous avons vu : loin de nourrir d’amers regrets de cette victoire perdue, le pilote Mercedes ne manquait pas immédiatement, après l’arrivée, de remercier et de remotiver les siens. La fin du tunnel n’est plus si loin !

Top n°2 : Alonso et Norris règnent sur le milieu de grille

L’image a effrayé le paddock : chacun a pu craindre une redite de l’accident de Robert Kubica au Canada, lorsque l’Alpine de Fernando Alonso a décollé suite à son contact avec l’Aston Martin F1. On pensait la course de l’Espagnol terminée à ce moment donné. Lui aussi d’ailleurs : « Je me disais alors que la voiture était cassée et que nous allions devoir abandonner » raconte-t-il. « Mais une fois rentré aux stands, ils m’ont changé les pneus et l’aileron avant et c’était reparti. Il restait alors 32 tours à couvrir et je pensais que nous n’allions pas y parvenir, mais nous sommes finalement septième et c’est incroyable. »

Remontée incroyable en effet : Fernando Alonso est remonté de la 17e à la 7e place en piste, avec une voiture qu’on imaginait abîmée, et en dépassant plusieurs pilotes en piste (Nicholas Latifi, Daniel Ricciardo, Alexander Albon, Esteban Ocon avec consignes d’équipe). Le pilote Alpine a prouvé toute sa grinta, tout son mordant à plus de 41 ans ; comme de bien entendu, il qualifiait cette course d’Austin de sa « meilleure course de l’année ». Certes, nous sommes habitués à ce genre de déclarations de Fernando, mais il est difficile d’éprouver autre chose qu’un sentiment d’admiration pour ce pilote qui ne lâche jamais rien. Qu’il fut finalement pénalisé et rétrogradé à la 15e place, pour un rétroviseur branlant puis absent, ne change évidemment rien à sa performance globale.

Fernando Alonso ne fut que dépassé durant les derniers tours de piste, par un Lando Norris déchaîné et qui peut également être salué. Le pilote McLaren a aussi pâti de mauvaise fortune en course : il était notamment retombé à la 14e place avant son dernier arrêt… pour remonter donc jusqu’en 6e position. Le rythme de course du pilote McLaren, en deuxième moitié d’épreuve, était également impressionnant et confirme qu’il mérite sa place de ‘meilleur des autres’ cette année au classement, pour le moment et sans doute pour le reste de la saison.

Top n°3 : Grosse performance pure d’Aston Martin F1, Vettel régale le paddock

Depuis quelques courses, la performance pure des Aston Martin F1 est en net progrès, et jamais ces progrès ne furent autant visibles qu’au Texas. En qualifications en particulier, Lance Stroll se distinguait en glanant un titre aussi rare que mérité pour lui de ‘meilleur des autres’. Avec les pénalités de Charles Leclerc et Sergio Pérez, le Canadien partait même cinquième, avec de gros espoirs de points, partagés également par Sebastian Vettel (qui partait neuvième). Le rythme de course des Aston Martin F1 était aussi solide que leur rythme des qualifications et ils se retrouvaient même troisième et cinquième avec les incidents du départ. Avec l’avantage de la position de piste de surcroît, les monoplaces vertes se dirigeaient, à la régulière en course, vers un immense résultat d’ensemble, qui les aurait permis de dépasser largement Alfa Romeo au classement des constructeurs.

Plus en retrait le samedi, ce fut en particulier Sebastian Vettel qui brillait le dimanche. Certes, le pilote allemand fut verni par le timing de l’entrée de la voiture de sécurité ; mais il n’a commis aucune erreur et surtout, a été l’auteur d’une brillante remontée, après son arrêt aux stands raté, jusqu’à la 8e position. Ses dépassements à l’extérieur sur Esteban Ocon, puis in extremis sur la Haas de Kevin Magnussen, ont donné quelques sueurs froides ou frissons, c’est selon, à tous les fans de F1 ; et ont rappelé ce que ‘quadruple champion du monde’ signifiait.

Les flops

Flop n°1 : Mais Aston a aussi jeté les points par les fenêtres

Cependant le résultat d’ensemble des Aston Martin F1 aurait pu, et dû, être bien plus massif que cela. 6 points seulement quand on pouvait en espérer presque 20 : cela pique. Que s’est-il donc passé ? Des erreurs de toute part, sauf de Sebastian Vettel.

Erreur de l’équipe tout d’abord : le dernier arrêt aux stands de Sebastian Vettel, en raison d’un écrou récalcitrant, fut horriblement long (15 secondes), et fit repartir l’Allemand au milieu du peloton. Sans cet arrêt manqué, nul doute que Sebastian Vettel aurait pu assurer, presque le coude à la portière en fin d’épreuve, une 6e place immensément méritée.

Mais la palme de l’erreur la plus spectaculaire revient sans aucun doute à Lance Stroll : le Canadien filait vers son meilleur week-end de l’année… avant d’éparpiller en poussière trois jours de travail en quelques secondes. Le pilote Aston Martin F1, pourchassé par Fernando Alonso, a fait un mouvement de dernière minute sur sa gauche, avec un coup de volant bien visible en caméra embarquée. Cette manœuvre aussi tardive que dangereuse a été logiquement pénalisée par la FIA : on pourrait même trouver la pénalité trop clémente (3 places sur la grille, 3 points de pénalité sur le permis) tant Lance Stroll est coutumier du fait, et tant ces manœuvres sont périlleuses. Reste que Lance Stroll a envoyé valser une 6e ou 7e place, qui aurait pu permettre à Aston Martin F1 de devancer d’ores et déjà Alfa Romeo au classement des constructeurs. Un gâchis sportif et financier, une peur bleue aussi.

Flop n°2 : Ocon est passé à côté de son week-end

Esteban Ocon était le seul pilote Alpine à bénéficier de l’évolution, au niveau du fond plat, apportée ce week-end. Mais paradoxalement, le pilote français a, de loin, bien plus peiné que son coéquipier tout le week-end d’Austin. Rien n’a vraiment fonctionné pour le Normand. En essais libres, le feeling n’était pas là. En qualifications, Ocon a réalisé l’une de ses pires prestations de l’année, en étant éliminé de la Q1 avec un chrono à 6 dixièmes de celui de Fernando Alonso. En course, payant les conséquences d’une monoplace rétive, et d’un départ depuis les stands (c’était ça ou le fond de grille), il a mangé ses pneus, notamment ses durs. Avec deux premiers relais en durs, il devait repasser une dernière fois par les stands pour chausser les mediums. Sa 10e place n’est obtenue qu’à la suite de la pénalité de Fernando Alonso lui-même.

On pouvait presque espérer, pour rattraper le bilan du Français, une explication post-Grand Prix, du genre : le fond plat amené n’était pas tout à fait fonctionnel, le pilote a ramassé des débris pendant la course, etc. Mais non : ce week-end d’Ocon était un vrai week-end sans, c’est-à-dire sans rythme, sans performance, sans confiance, sans travail de fond réussi sur les réglages. Un week-end à oublier.

Flop n°3 : Ricciardo, le calvaire jusqu’au bout

Jusqu’à présent, Daniel Ricciardo continuait d’afficher un certain moral, un certain optimisme, dans sa McLaren. Le masque est tombé, espérons-le provisoirement, après ce week-end d’Austin. Daniel Ricciardo, il faut dire, n’avait peut-être jamais autant souffert de tout un week-end. « J’aime le Texas, j’aime Austin, mais cette course n’était pas plaisante pour moi. Quand vous pensez que ça ne peut pas être pire, c’est là que ça l’est. Je ne sais pas comment je fais pour continuer, car dire que c’est douloureux est un gros euphémisme » confiait-il ainsi, abattu, après-course.

Daniel Ricciardo a certes des circonstances atténuantes : il n’a pas conduit en EL1 (Alex Palou prenait sa place) ; a connu des problèmes de fiabilité ensuite en EL3. Il n’empêche qu’en Q1, Ricciardo a fini à des années-lumière de nouveau de Lando Norris (presque 6 dixièmes). Cette séance a d’ailleurs de nouveau illustré son manque de confiance dans la McLaren, avec un gros sous-virage notamment au virage 7.

En course, certes pas aidé par le timing de la voiture de sécurité, Daniel Ricciardo a surtout bataillé – c’est triste à dire – surtout avec Nicholas Latifi – qui n’était nulle part ce week-end non plus. C’est malheureusement pour ce genre de prestation d’ensemble que son remplacement, l’an prochain, chez McLaren, relève de la logique la plus élémentaire.

On demande à voir…

Mercedes a-t-elle vraiment laissé passer sa seule chance de victoire ?

Les évolutions Mercedes, qui ne tenaient pas simplement à l’aileron avant controversé et finalement banni, mais aussi au travail de fond réalisé lors des dernières courses, ont pu sembler apporter toute leur plus-value en ce week-end d’Austin. Jamais les Mercedes, surtout celle de Lewis Hamilton bien sûr, n’ont été autant en position de contester la victoire à Red Bull ; et de damer le pion aux Ferrari. Sur une piste de surcroît bosselée et rapide, la Mercedes a prouvé qu’elle avait fait de vrais progrès. Toto Wolff s’en félicitait d’ailleurs : « De notre côté, ce week-end a constitué un progrès et nous avons montré des performances encourageantes. Sans aucun doute, Red Bull est toujours devant nous, mais je pense que nous nous rapprochons d’eux et de Ferrari, et c’est un résultat positif pour nous. Nous avons apporté une évolution à Austin et nous avons vu que cela se reflète en termes de performance de la voiture. »

Cependant ces ‘pas de hamster’ pour reprendre une expression de Toto Wolff, ne sont pas des pas de géant. Et les progrès de Mercedes pourraient bien demeurer insuffisants pour assurer au moins une victoire à l’équipe cette année. Car côté pessimisme, Lewis Hamilton mettait notamment en avant l’avance toujours confortable de Red Bull en termes de performance pure. On ne peut que lui donner raison en constatant que même avec un arrêt aux stands de 14 secondes, Max Verstappen a pu de tout de même s’imposer avec 5 secondes d’avance. « En termes de performance pure ils ont été devant nous tout le weekend. C’était le cas ici et ça le sera lors des trois courses restantes. Alors à moins que quelque chose ne leur arrive, il parait improbable que nous puissions rivaliser avec eux. Mais nous donnerons tout ce que nous avons » lançait ainsi Lewis Hamilton après-course.

Il faudrait donc de nouveau des circonstances chaotiques pour que Mercedes puisse espérer l’emporter à la régulière. Car Max Verstappen n’aura pas un arrêt catastrophique à toutes les courses, Carlos Sainz ne se crashera pas au premier virage à toutes les courses, Charles Leclerc et Sergio Pérez n’auront pas de pénalités à toutes les courses. Mercedes est ainsi dans une situation étrange : la voiture progresse, c’est indéniable, mais pas au point de changer drastiquement la situation de l’équipe. Deux mots peuvent en somme résumer l’état d’esprit de cette fin d’année : vivement 2023.

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