Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Verstappen règne en maître dans l’ambiance folle de Zandvoort
Max Verstappen n’aurait sans doute pu rêver un premier meilleur Grand Prix à domicile : il est devenu le premier pilote néerlandais à gagner dans son Grand Prix national dans l’histoire de la F1, et cela, dans une ambiance du tonnerre. Plus rapide tout le week-end, le pilote Red Bull semblait destiné à la pole position, surtout après avoir collé plusieurs dixièmes aux Mercedes en EL3 comme en Q2. Et pourtant l’écart final avec Lewis Hamilton en Q3 n’était que de 38 millièmes, car Max Verstappen avait eu un problème de DRS dans la dernière ligne droite qui aurait, selon Christian Horner, coûté jusqu’à un dixième et demi au chronomètre. L’essentiel était cependant sauf, à savoir la pole sur un circuit où les dépassements tiennent plus de l’hypothétique que du probable. En course, le rythme de la Red Bull était ainsi suffisant pour contenir avec sérénité Mercedes – et même deux Mercedes aux stratégies décalées. Jamais Max Verstappen n’a paru réellement menacé pour la victoire ; il vient ainsi glaner 25 précieux points après une série de revers qui devait être stoppée impérativement.
Mais au-delà du résultat brut, on savourera chez Red Bull ce week-end orange d’une magnifique intensité. Le circuit de Zandvoort, avec son banking spectaculaire, donnait un côté old-school aussi plaisant à l’œil que dans le cockpit. L’ambiance était aussi électrique, en particulier à l’arrivée lorsque le public orange a acclamé son héros avec en prime un petit déluge pyrotechnique de fumigènes et autres pétards. Plus remarquable encore est le respect qui a prévalu envers Lewis Hamilton : il y a eu quelques sifflets bien sûr, mais on était loin de ce que l’on pouvait craindre. Lewis Hamilton lui-même a salué une « piste épique » et l’organisation du Grand Prix, ainsi que la ferveur des fans orange. « Si quelqu’un de la stature de Lewis dit que cette piste est épique, c’est fantastique pour nous voulions créer un véritable festival ici, et nous avons réussi. C’est incroyable à quel point Max est un facteur supplémentaire pour nous » soufflait Jan Lammers, le promoteur du Grand Prix, après l’épreuve. La seule inconnue est financière : avec une jauge réduite, Zandvoort a déjà perdu 10 millions d’euros cette année. Le huis-clos même partiel n’est pas tenable à terme pour une course qui doit se passer du soutien gouvernemental.
Top n°2 : Que fait encore le sensationnel Gasly chez AlphaTauri ?
Commentant le week-end de Pierre Gasly, Ross Brawn, le manager des sports mécaniques pour Liberty Media, n’y est pas allé par quatre chemins en affirmant que, selon lui, le Français était « trop bon » pour rester durablement chez AlphaTauri. Et il n’est pas le seul à s’interroger sur le sort que Milton Keynes réserve au Normand. Le principal intéressé reste lui-même interloqué : ainsi quand on lui demande pourquoi Red Bull lui a préféré Sergio Pérez pour l’an prochain, Pierre Gasly a répondu : « Je me demande bien pourquoi. » Cela veut tout dire.
Car dans son AlphaTauri, Pierre Gasly a de son propre aveu réussi « l’un de ses meilleurs week-ends » avec Faenza. Qu’aurait-il pu faire de mieux ? Tout simplement rien. 4e en qualifications, 4e en course, Pierre Gasly a dominé de la tête et des épaules son copain Charles Leclerc et n’a jamais tremblé pour ramener 12 gros points. A lui tout seul, il menace la 5e place d’Alpine au classement des constructeurs. Qu’on se le dise : sans doute plus que Sergio Pérez, et avec Fernando Alonso, Pierre Gasly méritait d’être non seulement le pilote du jour, mais aussi du week-end.
Top n°3 : Le tour d’Antonio Giovinazzi en Q3 : très bien mais trop tard ?
Le « Monsieur samedi » de Zandvoort, ce n’était pas George Russell, mais bien Antonio Giovinazzi. Dans une Alfa Romeo en verve, l’Italien affichait une forme satisfaisante en essais libres (quoique, en EL3, il signait le 15e temps), mais on ne l’attendait pas sûrement aussi beau en qualifications. 4e en Q1 et surtout 7e en Q3, Antonio Giovinazzi créait même une avance très confortable en finissant plusieurs dixièmes devant les Alpine et la McLaren de Daniel Ricciardo. Une prestation remarquable, tout simplement la meilleure de sa carrière avec l’Autriche 2019. Mais malheureusement, Antonio Giovinazzi est retombé dans ses travers le lendemain. En partant 7e, il devait viser les points au minimum, et a pourtant fini une place devant son coéquipier Robert Kubica seulement. La faute à un départ totalement raté qui l’a relégué à la 10e place. Rien ne s’est arrangé ensuite puisqu’une crevaison a achevé les espoirs de top 10.
En somme Antonio Giovinazzi aura vécu un week-end qui aura mis en lumière, en les exacerbant, ses qualités : plus qu’au niveau en qualifications, médiocre en Grand Prix quand cela compte. Sa performance du samedi était certes très bonne, mais n’intervient-elle pas aussi trop tard ?
Les flops
Flop n°1 : La guerre interne chez Haas devient dangereuse pour les autres pilotes
Quand on est lent, on s’efforce au moins de ne pas être ridicule ou dangereux : c’est pourtant bien ce qui se passe chez Haas F1. Une fois de plus, les pilotes Haas ont fini aux dernières places et une fois de plus, ils se sont comportés comme des enfants terribles ou gâtés, au choix. Ils se sont affrontés entre eux en qualifications d’avord, avec la polémique sur l’irrespect du « gentleman’s agreement » interne par Mick Schumacher, qui dit pourtant avoir été autorisé par son équipe à doubler, tardivement, son coéquipier. En course par la suite, Nikita Mazepin a lourdement tassé son pilote en pleine ligne droite durant le premier tour… ce qui a endommagé l’aileron avant de Mick et causé un arrêt aussi long que précoce. Par la suite, le communiqué officiel de Haas a tenté de masquer l’origine du problème mais Mick Schumacher s’est élevé publiquement en demandant que Nikita Mazepin subisse « les conséquences » de son acte. La guerre interne est là ! Le problème, c’est qu’elle est aussi dangereuse : car Nikita Mazepin, tout désireux de ne pas perdre de temps sur son coéquipier, a aussi dangereusement tassé Sergio Pérez par exemple, et d’autres pilotes qui tentaient de le dépasser. Ses manœuvres étaient à la limite du pire… mais la FIA n’a pourtant ouvert aucune enquête, malgré plusieurs récidives. Incompréhensible.
Plus étonnante encore est la réaction de Günther Steiner, le directeur d’écurie, qui semble enfermé dans l’impuissance, le déni ou la censure (car le père Mazpein finance l’écurie, et parce qu’il ne faut pas trop ternir l’image de gendre idéal de Mick Schumacher). Plusieurs fois, Günther Steiner était allé jusqu’à menacer de renvoyer Romain Grosjean et Kevin Magnussen quand leurs ailerons se frôlaient. Maintenant que Nikita Mazepin rentre dans le train avant de Mick Schumacher, que dit Günther ? Il s’efface et fait comme si de rien était. Ainsi après course dimanche soir : « Nous nous sommes tous assis pour réfléchir après, et mon objectif est maintenant de travailler dessus et nous allons régler ces problèmes pour l’avenir. Le plan est de se réunir avant Monza et de voir ce que nous devons faire pour éviter cela à l’avenir, parce que cela n’aide personne. J’ai essayé de l’expliquer. Et nous allons travailler dessus. Et nous y travaillerons jusqu’à avoir réglé le problème. » Pour régler un problème, il faut d’abord accepter de le voir…
Flop n°2 : McLaren, un point c’est tout
Dans la lutte pour la 3e place au classement des constructeurs, McLaren a perdu gros sur les rives de la mer Nord : l’équipe orange n’a marqué qu’un seul point, contre 16 pour Ferrari. Un tel écart pourrait peser très lourd au moment de la photo finish, tant la lutte est serrée. Car tandis que Ferrari assurait un bon total malgré un Carlos Sainz un peu plus en difficulté, McLaren calait en Q2 avec son « scoreur » Lando Norris, piégé par le trafic ; tandis que Daniel Ricciardo, rescapé en Q3, réalisait un dernier tour en fait plus lent que son tour de Q2. Au départ, Daniel Ricciardo a certes dépassé Antonio Giovinazzi, mais a peiné à vraiment exister dans la lutte du milieu de grille ; Lando Norris a pu bien remonter grâce à une stratégie décalée (premier très long relais en médiums de 43 tours), mais s’est fait manger tout cru par Sergio Pérez en fin d’épreuve et n’a fini qu’à une maigrelette 10e place.
Après le 0 pointé en Hongrie, ce nouveau loupé permet à Ferrari de compter désormais 11,5 points d’avance à la 3e place. Heureusement Monza devrait être plus favorable à l’unité de puissance Mercedes…
Flop n°3 : Yuki Tsunoda ne progresse pas… mais s’en contente
Et pourtant, il est content de lui… Après ce week-end orange, Yuki Tsunoda estimait que ses performances avaient été « satisfaisantes » dans l’AlphaTauri. On a bien du mal à comprendre pourquoi. Le Japonais a commis une faute, un tête-à-queue en essais libres, ce qui peut à la limite être excusable pour un rookie sur un nouveau circuit. Mais surtout, il a fini, loin, très loin de Pierre Gasly en qualifications (1,7 seconde d’écart en Q2), qui plus est sur un tracé où le tour descend en dessous de la minute 10. En course, englué dans le peloton, Yuki Tsunoda ne pouvait remonter et naviguait autour de la 14e place. Son abandon sur défaillance moteur ne change rien au nombre de points qu’il aurait pu obtenir.
Satisfait de lui-même, Yuki Tsunoda sera conservé l’an prochain chez AlphaTauri… parce qu’il n’y a personne d’autre dans la filière Red Bull, Helmut Marko dixit. On a vu mieux comme éloge avant prolongation ! Mais attention car Dennis Hauger fonce vers le titre F3… et pourrait menacer le Japonais en 2023.
On demande à voir…
Monza, le bon moment pour prendre des pénalités pour Max Verstappen ?
L’élimination en Q1 de Sergio Pérez a compromis tout le reste de son week-end, mais elle aura au moins permis à Checo d’encaisser des pénalités moteur qu’il aurait de toute façon dû prendre en cette deuxième moitié de saison, à un moment donné. La question se pose désormais pour Max Verstappen : après avoir perdu une unité V6 à Silverstone, le Néerlandais aura bien du mal à finir l’année avec son troisième moteur déjà usé. Il faudra donc prendre des pénalités… ce qui place Red Bull devant un dilemme. Faut-il choisir de prendre ces pénalités dès Monza ? C’est tentant : car on peut doubler sur le circuit transalpin, circuit où la puissance moteur compte plus qu’ailleurs (un moteur frais est donc bienvenu). Rappelons toutefois que le format des qualifications sprint ne change rien aux pénalités moteur : s’il en encaisse, Max Verstappen partira de toute façon dernier le dimanche, quelle que soit sa remontée en qualifications sprint.
Mais Red Bull pourrait tout aussi bien attendre un loupé de Max Verstappen en qualifications, comme Sergio Pérez l’a subi en Q1 à Zandvoort. Imaginons que Max Verstappen prenne les pénalités à Monza… mais connaisse par exemple un accident en Q1 lors d’un Grand Prix suivant. Red Bull aura alors sacrifié deux Q1 alors que comme dans le cas de Sergio Pérez, il aurait été possible aussi d’attendre un « loupé » du samedi qui peut toujours arriver. D’ailleurs Red Bull avait bien failli à Spa changer les V6 sur les deux voitures ce qui traduit bien l’hésitation ambiante.