Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Max Verstappen, évidemment
Et de 9. Le record de victoires consécutives, établi par Sebastian Vettel en 2013, avec Red Bull également, a été égalé par Max Verstappen à Zandvoort. Et de quelle manière : le Néerlandais a remporté, devant son public, peut-être l’une des victoires les plus probantes de son année, voire de sa carrière. Ce qui n’est pas peu dire.
En qualifications, impérial dans des conditions difficiles, Max Verstappen collait pas moins de 5 dixièmes à la concurrence. Et près d’1,3 seconde à son coéquipier Sergio Pérez. Sur un circuit aussi court que celui de Zandvoort, et malgré une erreur dans le virage 1, cela en faisait une performance absolument impressionnante.
En course, Max Verstappen sut éviter les pièges et ne commettre aucune faute. On retiendra en particulier son retour ahurissant sur Sergio Pérez, après avoir chaussé les intermédiaires : il était jusqu’à 4 secondes plus rapide que son coéquipier par tout
La facilité avec laquelle Max Verstappen écrase la F1 semble déconcertante. Mais pourtant, comme le rappelle Fernando Alonso, « on sous-estime parfois ce que Max accomplit. Je pense que gagner de manière aussi dominante dans n’importe quel sport professionnel, c’est tellement compliqué à réaliser. Max y parvient à 100% plus souvent que nous en ce moment, que n’importe lequel des pilotes, c’est pourquoi il domine. »
Top n°2 : Fernando Alonso, la grinta incarnée
Du Fernando Alonso comme on l’aime : à Zandvoort, l’Espagnol a produit une prestation absolument sans faute de bout en bout. Certes, il aurait pu peut-être partir une ou deux places plus haut sur la grille. Qu’importe : lors du premier tour, le pilote Aston Martin F1 dépassait Alexander Albon puis George Russell, dans une superbe manœuvre à l’intérieur du virage 3. Comme il le confiait lui-même après la course, le Galicien avait préparé son coup, notant que l’adhérence dans ce virage à l’intérieur, sur piste mouillée, pouvait offrir des opportunités. Le dépassement du mois, pour reprendre l’expression de Fernando !
En fin d’épreuve, Fernando Alonso est même apparu comme le seul qui pouvait un temps menacer la victoire de Max Verstappen – pas Sergio Pérez, pas Carlos Sainz. Sa 2e place n’en demeure pas moins un excellent résultat, avec le meilleur tour en prime. Même si la victoire le fuit toujours – « on en gagnera une cette saison » a-t-il promis à son équipe.
Les évolutions apportées sur l’Aston Martin F1, très importantes puisqu’il y a eu un gros travail de fait notamment sur la zone décisive du plancher, presque entièrement revu, ont porté leur fruit. Et si l’Aston Martin F1 redevenait la 2e force du plateau ? Ou plutôt : et si Fernando Alonso redevenait la 2e force du plateau, tant Aston Martin F1 est une ‘one-driver team’…
Top n°3 : Albon et Gasly, les outsiders récompensés le samedi et le dimanche
Il y avait beaucoup de belles performances à saluer lors de ce week-end, le samedi comme le dimanche.
Le samedi, c’est Alexander Albon qui est sorti du lot. Le pilote Williams ne s’attendait pas à être très à l’aise à Zandvoort, car la nature du tracé, plus sinueux, pouvait ne pas convenir à sa monoplace. Pourtant… la Williams volait dans le peloton. Alexander Albon tenait presque la 3e place quand George Russell l’en délogea in-extremis. Il n’empêche que cette deuxième ligne constitue la meilleure position de départ pour une Williams depuis Sotchi 2021. La monoplace anglaise progresse à vive allure, comme en témoignait aussi la Q3 de Logan Sargeant.
Le dimanche, c’est la prestation de Pierre Gasly qu’il fallait bien sûr saluer. Ne croyons pas que le pilote Alpine ait été simplement chanceux de bénéficier d’un timing parfait lors du premier arrêt, dans le chaos des premières averses. C’est lui-même qui a vu l’occasion et qui a demandé à son équipe de mettre les intermédiaires. Pari gagnant puisqu’il ressortait tout devant dans le peloton. Il a par la suite affiché un rythme presque étonnamment bon sur son Alpine, meilleur que celui de la Ferrari de Carlos Sainz. Et il revenait même sur la Red Bull de Sergio Pérez en fin d’épreuve, alors qu’il cherchait « seulement » à rester dans les 5 secondes. Un rayon de soleil dans le ciel gris de Zandvoort… et d’Alpine cette saison.
Les flops
Flop n°1 : Les ratés stratégiques de McLaren et Mercedes
Deux équipes avaient le rythme pour viser, en début de Grand Prix, un podium : McLaren et Mercedes. Lando Norris avec sa superbe 2e place sur la grille ; et George Russell, qui partait 3e, était même étonnamment confiant avant le début de la course. Sur le papier, tout était réuni pour un gros week-end mais…
Mais il y eut l’averse du début de course : le bon choix était de faire comme Sergio Pérez ou Pierre Gasly, c’est-à-dire rentrer très tôt, pour chausser des intermédiaires. Evaluant mal la situation, les pilotes McLaren comme Mercedes, avec leurs ingénieurs, ont fait le choix de rester plus longtemps en tendres, avant de changer d’avis bien trop tard. George Russell repartait ainsi en queue de peloton… se demandant comment Mercedes avait mal négocié tout ce qui pouvait mal se négocier. McLaren commit le même genre d’erreurs avec ses deux pilotes, oubliant de distribuer au moins les stratégies.
« La réalité est que nous aurions pu en obtenir plus car nous avons raté quelques opportunités » regrettait Andrea Stella après la course. Pour Toto Wolff, les mots étaient encore plus forts mais sans doute lucides : « Dans les 15 premiers tours, nous avons fait à peu près tout ce que nous pouvions faire de mal et cela nous a coûté toute chance de nous battre pour le podium. Je pense que nous sommes restés trop longtemps en piste. Nous nous sommes complètement trompés. C’était un choix catastrophique et nous allons revoir la situation de fond en comble. »
Flop n°2 : Sergio Pérez doit encore fait mieux
Avant même le Grand Prix des Pays-Bas, Helmut Marko mettait étrangement la pression sur Sergio Pérez : il assurait finalement que son baquet n’était pas du tout certain pour 2024, et qu’il lui fallait hausser le jeu en verrouillant la 2e place au classement pilotes. Marko a pourtant été démenti par Christian Horner, le lundi, dans un nouveau couac de communication causé par le « Docteur » de Milton Keynes.
Pour autant, le décrochage de Sergio Pérez par rapport à Max Verstappen est réel et ne laisse pas d’interroger. Le Mexicain, en qualifications, concédait 1,3 seconde sur son coéquipier, et sur un tour de surcroît très court… (1 seconde rien que dans les deux premiers secteurs). En course en intermédiaires, il perdait aussi 3 ou 4 secondes par tour sur Max Verstappen ! Certes il disait conserver ses pneus, mais l’écart était absolument ahurissant. Sergio Pérez n’avait donc aucune raison de se plaindre de n’avoir pas été favorisé par la stratégie de Red Bull, qui rappela Max Verstappen aux stands en premier : il n’avait tout simplement qu’à être plus rapide.
Et il lui fallait aussi être plus propre en piste : sa sortie en piste à Tarzan, en fin d’épreuve, lui a fait perdre le podium. Il a été le seul des équipes des écuries de pointe à commettre ce genre d’erreur. Même d’ailleurs le débutant Liam Lawson a gardé ses quatre roues sur la piste. C’est un fait : Sergio Pérez n’est toujours pas en confiance. Au point de fragiliser son volant pour l’an prochain ? Pas encore.
Flop n°3 : Ferrari se complique la vie, Leclerc trop agacé et brouillon ?
Ce fut un week-end fort compliqué pour Ferrari : la monoplace rouge n’était pas au niveau, elle était même devancée par Alpine ou Williams en rythme pur, comme le regrettait ouvertement Carlos Sainz après l’épreuve.
En qualifications, Carlos Sainz sauvait encore les meubles avec une 5e place. Mais après frôlé l’élimination en Q1, suite à un mauvais timing d’entrée sur la piste, Charles Leclerc laissait éclater son mécontentement, en recadrant son ingénieur sur les protocoles à suivre pour éviter le trafic, etc. Comme une impression de déjà-vu, mélangée avec de la colère et de l’exaspération… Mais en Q3, ce fut bien Charles Leclerc qui était à blâmer avec une sortie de piste lourde de conséquences. Frédéric Vasseur laissait d’ailleurs poindre une pointe d’agacement lui-même, en assurant que Leclerc n’avait « pas à se chercher d’excuse ». Et ce même si sa Ferrari était inconduisible.
Mais Frédéric Vasseur n’avait pas non plus à se chercher d’excuses lorsque la Scuderia commit une bourde en course : les pneus intermédiaires, lors de l’arrêt précoce de Charles Leclerc, n’étaient pas prêts. Frédéric Vasseur se défend en arguant que Charles Leclerc avait fait une ‘call box’ (rentrer aux stands au dernier moment.) Et alors ? Au vu des conditions, la Scuderia n’aurait-elle pas dû avoir de toute manière un train d’intermédiaires prêts ? Comment expliquer que Pierre Gasly chez Alpine ait réussi son coup, et pas Ferrari ? Du temps de Jean Todt, nul doute que ces intermédiaires auraient été prêts ! Cela prouve au moins que Ferrari a encore beaucoup de travail à faire – et il serait d’ailleurs profitable que la Scuderia fasse preuve d’autant d’auto-critique que… Charles Leclerc lui-même.
On demande à voir…
Logan Sargeant est-il déjà condamné ?
Disculpons d’ores et déjà Logan Sargeant pour sa violente sortie de piste en course, le dimanche. Apparemment, selon Williams, en passant normalement sur le vibreur, l’Américain a déclenché une malencontreuse défaillance hydraulique qui l’a envoyé dans le décor. Dont acte. Félicitons-le aussi pour sa premier Q3 en carrière.
Mais il faut aussi blâmer Logan Sargeant pour avoir mis une roue légèrement hors de la piste lors de son premier run en Q3 : ce qui aboutit à un crash, cette fois de son fait.
De manière révélatrice, Logan Sargeant donnait ainsi raison à ce que disait son directeur d’écurie lui-même, James Vowles, juste avant le week-end. Le patron de Williams était rude envers les performances de son pilote, comme s’il l’avait déjà condamné à prendre la porte l’an prochain : « Il y a eu des étincelles, mais cela n’a jamais été un ensemble complet. Il fallait de la constance. Et c’est juste quelqu’un qui est près de la limite, mais qui parfois pousse plus loin et parfois ne sait pas où se trouve cette limite. »
Au-delà de la limite : Logan Sargeant l’a encore été en Q3 ce week-end. Une fois de plus, une fois de trop ?