Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être louangé ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Verstappen dompte les pneus et les Mercedes
S’il en fallait un, ce devait être lui ! Max Verstappen restera donc le premier (et peut-être le dernier) homme de cette saison 2020 à avoir réussi à battre les invincibles – pensait-on – Mercedes. Cette victoire a certes été aidée par des circonstances pneumatiques peut-être exceptionnelles, mais elle n’en récompense pas moins la régularité du Néerlandais, irréprochable depuis le début d’année et qui sans aucun doute méritait de gagner. Circonstances pneumatiques exceptionnelles – Max Verstappen le reconnaissait dès après la course. Si Pirelli n’avait pas choisi d’amener sa sélection un cran plus tendre pour cette deuxième courses à Silverstone, et s’il n’avait pas fait plus chaud que la semaine dernière, sans aucun doute, les Mercedes auraient pu garder leur avantage. Mais les monoplaces allemandes ont trop d’appui, ce qui leur fait exercer une trop grande pression sur les gommes – la rançon du succès. Max Verstappen a donc su parfaitement saisir l’opportunité quand elle se présentait, avec une Red Bull usant moins ses gommes, peut-être car plus perfectible aussi.
Tout ce pari fut en réalité construit la veille, en qualifications, lorsque Max Verstappen réussit à se qualifier en Q2 (de justesse) en pneus durs. Les Mercedes auraient sans doute dû, avec au moins une voiture, tenter ce pari. Au classement, voilà que le pilote Red Bull devance Valtteri Bottas, avec un abandon de chaque côté. Un authentique exploit.
Top n°2 : Leclerc et Ocon, un seul arrêt pour de précieux points
Deux pilotes en particulier ont su rendre possible ce que l’on pensait impossible sous la chaleur de Silverstone : une stratégie à un seul arrêt. Le premier d’entre eux fut Charles Leclerc. Parti loin mais à une position reflétant le potentiel de sa SF1000 (8e place), le pilote Ferrari a su parfaitement faire fonctionner sa stratégie à un seul arrêt, pour rallier l’arrivée au pied du podium – une position inespérée. L’exploit est d’autant plus méritoire que la Ferrari roulait avec des réglages aérodynamiques extrêmes, permettant de compenser la faible vitesse de pointe de l’unité de puissance Ferrari, mais, du même coup, avec un manque d’appui, et donc plus d’usure pneumatique. « Je suis très heureux, c’est comme une victoire pour moi » déclarait-il à la Sky après-coup. « Mon point le plus faible de la saison dernière était la gestion des pneus, et c’est très satisfaisant de voir ce résultat, nous devons saisir les opportunités. » Cette année, Leclerc s’entraîne pour des années meilleures…
L’autre pilote qui a réussi à faire fonctionner cette stratégie à arrêt unique fut Esteban Ocon. Le Français, partant 14e après sa pénalité, n’avait peut-être pas le choix pour espérer faire quelque chose ce dimanche. Et il y est parvenu. Sans doute que son apprentissage auprès de Sergio Pérez, chez Racing Point (le Mexicain est un des maître de la conversation des Pirelli) ne fut pas inutile ! En attendant, il ramène quatre nouveaux points à Renault, qui semble abonnée à cette 8e place.
Top n°3 : Nico Hülkenberg, un retour probant… et embarrassant pour Stroll
Nico Hülkenberg a soigné sa réputation lors de son deuxième week-end à Silverstone – mais avec cette fois-ci un premier départ, n’ayant pas été victime de la même malchance qui l’avait affecté en Grande-Bretagne. L’Allemand a surtout frappé fort en qualifications : avec une superbe 3e place, devant Max Verstappen, et devant son coéquipier, relégué à une plus lointaine 6e place. De quoi marquer les esprits… Mais cette performance ne fut presque pas une surprise, tant l’ex-pilote Renault est monté en puissance depuis son arrivée. La course fut un peu plus difficile pour Nico Hülkenberg, qui a tenu cependant en respect son coéquipier pendant la majeure partie de l’épreuve… avant de rentrer pour un troisième arrêt. Les mauvaises langues y ont vu un « complot » de l’équipe, pour laisser passer le fils du propriétaire… En réalité, les pneus souffraient de fortes vibrations et menaçaient d’exploser. Il n’en demeure pas moins que la performance d’Nico Hülkenberg demeure embarrassante pour Lance Stroll…
Les flops
Flop n°1 : Vettel continue de creuser avec Ferrari
Usque non descendet ? Jusqu’où ne descendra-t-il pas ? La question peut en effet se poser pour Sebastian Vettel, tant le pilote Ferrari (mais pour combien de temps encore) traverse un chemin de croix plus rude à chaque épreuve. En essais libres, il connut de nouveaux problèmes de fiabilité. En qualifications, il ne parvint pas à hisser sa Ferrari plus haut que la 11e place, même avec un dernier tour en tendres (ce qui aurait été de toute façon très coûteux pour la course). Au premier tour, le pilote allemand est retombé dans ses travers en partant en tête-à-queue, déventé (trop de survirage) derrière la McLaren de Carlos Sainz. Mais sans doute que l’instabilité chronique de la SF1000 ne l’a pas aidé.
Le plus inquiétant fut sûrement l’impatience et l’incompréhension réciproques manifestées entre Sebastian Vettel et son team à la radio et après-course. Vettel a pesté contre la stratégie le faisant ressortir derrière plusieurs voitures (« vous faites n’importe quoi ») a-t-il lancé… ce à quoi Mattia Binotto a répondu, en disant que de toute manière, Vettel avait déjà gâché sa course au premier tour avec le tête-à-queue. Ambiance ! Dans ces conditions, il est possible de se demander légitimement ce que Sebastian Vettel fait encore chez Ferrari : pour le bien des deux parties, n’est-il pas temps de siffler la fin de la partie dès la mi-temps ?
Flop n°2 : La sérénité quitte à peu à peu McLaren
Après l’euphorie du podium de Lando Norris lors de la première course au Red Bull Ring, l’euphorie quitte peu à peu McLaren. En effet, en qualifications samedi, pour la première fois de l’année, une monoplace orange n’a pas atteint la Q3 : ce fut celle de Carlos Sainz (13e place), certes victime de problèmes de refroidissement. En course, l’Espagnol se fâcha tout rouge avec son équipe, car il fut victime d’un autre arrêt aux stands manqué (le deuxième de l’année), avec un risque d’unsafe release en prime. Sans cette bourde, Carlos Sainz aurait pu terminer facilement devant la Renault d’Esteban Ocon (il était devant le Français de plusieurs secondes avant l’arrêt). Il ne cachait pas son agacement après-course… Quant à Lando Norris, il a connu une course très difficile au niveau de la gestion pneumatique, ne pouvant battre que les AlphaTauri à la régulière.
Si des évolutions ne changent pas la donne, il ne serait pas illogique que McLaren glisse jusqu’au 6e rang du classement des constructeurs prochainement. On comprend mieux la colère de Zak Brown contre Racing Point…
Flop n°3 : Magnussen et sa Haas retombent dans leurs travers
Kevin Magnussen fut une des grosses déceptions de ce week-end. Il faut dire que le Danois aura passé l’essentiel de ce Grand Prix loin derrière la performance pure de son coéquipier Romain Grosjean. L’écart vu en essais libres, de plusieurs dixièmes, s’est retrouvé en qualifications, où Romain Grosjean a pu se hisser à la 14e place, alors que Kevin Magnussen restait scotché en 17e place. En course, le pilote Haas vécut longtemps sur son très bon départ (plusieurs places de gagnées). Puis tout se gâta à partir du moment où il voulut résister à la Williams de Nicholas Latifi : il manqua de l’envoyer dans le décor par un coup de volant autoritaire, qui fut logiquement sanctionné d’une pénalité de cinq secondes. Le Kevin Magnussen que l’on n’aime pas voir… En définitive, la course se conclut par un abandon volontaire.
Mais y avait-il un loup sur la Haas ? C’est bien possible. Kevin Magnussen suspecte que son lourd crash lors du précédent Grand Prix, suite à l’accident avec la Red Bull d’Alexander Albon, ait pu endommager sa monoplace de manière structurelle… Toutefois, avec les finances qui sont les siennes, Haas pourra-t-elle reconstruire un châssis tout neuf pour l’Espagne ?
On demande à voir…
Les Pirelli à Barcelone : retour à la normale ou nouvelle victoire Red Bull ?
Le cocktail vu à Silverstone devrait se répéter à Barcelone : fortes chaleurs (au moins autant), et circuit très abrasif et exigeant pour les gommes. Il est donc permis de croire que les Mercedes pourraient à nouveau souffrir face à la Red Bull de Max Verstappen, et qu’ainsi, le Néerlandais pourrait avoir une deuxième occasion de remporter un Grand Prix.
Mais la réalité pourrait être plus complexe. D’une part, Mercedes aura appris de ses erreurs (et dispose de plus des réglages des essais hivernaux). D’autre part et surtout, la sélection la plus dure de Pirelli, celle vue au premier Grand Prix à Silverstone, revient : et dans ces conditions, la logique voudrait donc que les Mercedes reprennent leur rythme de croisière. C’est du reste ce que craignait Max Verstappen en conférence de presse, dimanche soir…