Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les « tops » et les « flops » identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops.
Top n°1 : Sir Lewis Hamilton : l’un de ses plus beaux week-ends de F1 (et ce n’est pas peu dire)
« Tu n’as pas été le pilote du jour, tu as été le pilote du week-end ». C’est ainsi que Felipe Massa, le deuxième héros local à Interlagos, définissait le week-end du premier, Lewis Hamilton. Et en effet, quel week-end étourdissant, stupéfiant, renversant qu’aura réussi Lewis Hamilton. Il s’agit sûrement d’un de ses plus beaux en carrière. Le vendredi d’abord, avec une Mercedes survitaminée, mais un DRS illégal, Lewis Hamilton réalisait le meilleur temps en Q3, 438 millièmes devant la Red Bull de Max Verstappen : sans disqualification, cela aurait été le plus gros écart de l’année et sur le sec ; et qu’on ne dise pas que cet écart provenait du DRS illégal, Christian Horner lui-même ayant reconnu que l’effet du nouveau moteur jouait plus.
En qualifications sprint, parti donc dernier en raison de cette disqualification, Lewis Hamilton a fait preuve de sa solidité et résilience mentales, et d’une formidable aisance à dépasser sans heurts, pour remonter 15 places en 24 tours. Un véritable exploit. Qu’on ne vienne plus non plus dire que cette Mercedes a du mal dans le peloton : c’est plutôt Bottas. En somme ces qualifications sprint ont permis de redonner de la vigueur morale à Mercedes, de ressouder mentalement Lewis, alors qu’il avait paru un peu abattu après Mexico, presque défaitiste.
Le lendemain, en course, le mano a mano magistral livré entre Lewis Hamilton et Max Verstappen a tenu tout le monde en haleine. Le rythme de la Mercedes était bien supérieur, mais encore une fois, il fallait à Lewis Hamilton doubler 9 voitures sans commettre une faute, sans surchauffer ses pneus (avec 50 degrés sur la piste), et sans faillir. Ce qu’il a fait, en trouvant même « étrange » la faible dégradation de ses Pirelli.
« C’était l’un des meilleurs pilotages que je n’ai jamais vu en Formule 1, tout à fait génial » résumait après la course Damon Hill, à la plus grande joie de son admirateur Lewis Hamilton. ‘And still we rise’ résumait Lewis après les qualifications sprint. Jusqu’où montera-t-il ?
Top n°2 : Les Ferrari en (troisième) force
Depuis que la nouvelle unité de puissance Ferrari est arrivée, il est clair que les Rouges sont redevenus la 3e force du plateau, sauf quand Pierre Gasly fait des miracles, luttant au-dessus du potentiel de son AlphaTauri. En qualifications sprint d’ores et déjà, le pari stratégique de la Scuderia, faire partir Carlos Sainz en tendres et Charles Leclerc en mediums, était payant puisque l’Espagnol finissait 3e du samedi, marquant un petit point bonus au passage. En course, c’est Charles Leclerc qui prenait un bien meilleur départ, tandis que Carlos Sainz, bien malgré lui sans doute, mettait une McLaren hors-jeu, celle de Lando Norris. Par la suite le dimanche, les Ferrari étaient dans une sorte de no man’s land, loin devant le milieu de grille, loin derrière Sergio Pérez.
Il est symptomatique de voir que les Ferrari ont été les dernières voitures à ne pas se faire prendre un tour par la Mercedes de Lewis Hamilton. Cela peut sembler décevant, mais c’est en réalité un net progrès par rapport à quelques courses encore, sans parler de 2020. Voilà Ferrari 31,5 points devant McLaren et on ne voit pas ce qui pourrait déloger la Scuderia de la 3e place.
Top n°3 : Gasly reste l’assurance-vie d’AlphaTauri
Pierre Gasly n’a qu’une seule chose à vraiment se reprocher lors de ce week-end : son départ lors des qualifications sprint. Comme à Monza, le pilote AlphaTauri a bien failli tout perdre mais cette fois heureusement, il n’a fait « que » perdre trois places au lieu de tout gâcher en début d’épreuve.
Pour le reste, que dire ? Gasly a fait du Gasly. En Q3 il a signé un nouveau top 5 (4e après la pénalité de Lewis Hamilton), un dixième devant les deux Ferrari qui semblent pourtant intrinsèquement plus rapides. En course, après un départ là encore hésitant, le Français est revenu à sa place, c’est-à-dire devant tout le milieu de grille, mais certes derrière Ferrari. 7e de l’épreuve, Pierre Gasly permet à son équipe de rester à égalité de points d’Alpine au classement des constructeurs : il a inscrit 92 unités à lui tout seul contre 112 pour Alpine. Bref, un Gasly vaut presque deux Alpine !
Les flops
Flop n°1 : Nouveau week-end en dents de scie pour Lance Stroll…
Lance Stroll était très énervé après les qualifications du vendredi à Interlagos et pour cause, le pilote Aston Martin F1 a subi une nouvelle élimination en Q1, alors que son coéquipier Sebastian Vettel flirtait avec la Q3. Il n’y a pas eu de miracle non plus pour le Canadien en qualifications sprint, même s’il est remonté de deux places à la 14e position. Et forcément, en partant dans le ventre mou du peloton, des mauvaises nouvelles peuvent toujours arriver : Lance Stroll n’y a pas échappé avec un contact avec Yuki Tsunoda. Le Japonais a été jugé responsable de la collision par la FIA, écopant de 10 secondes de pénalité – assez sévères. Tandis que Lance Stroll jugeait la manœuvre « désespérée », le pilote AlphaTauri a jugé la sanction « ridicule ». C’est de bonne guerre. Par la suite bien sûr, le fond plat endommagé de Lance Stroll ne permettait pas de mener une course efficace : « Ça ne faisait qu’empirer, je perdais dans un premier temps 25 points d’appuis, puis ce fut 45 et les pièces de ma voiture tombaient les unes après les autres et je ne faisais que reculer dans la hiérarchie ». Ce fut bien sûr l’abandon.
Mais au-delà de l’accrochage, Lance Stroll a peut-être, d’une certaine manière, bien cherché cette situation avec un troisième gros loupé de suite en qualifications. L’an prochain quand Aston Martin F1 aura une meilleure voiture, il faudra arrêter les frais.
Flop n°2 : McLaren : vivement que ça sa termine !
Vivement la fin pour McLaren ! Ces trois dernières courses, l’équipe anglaise n’a marqué que 16 points, contre 55 pour Ferrari. Le constat est rude, sévère mais peut-être aussi juste pour les Orange. Tandis que Ferrari accumule les gros points, 18 ou 19, en dominant le peloton, McLaren n’arrive pas même à battre des AlphaTauri, Alpine ou Aston Martin F1 à la régulière par moments. A qui la faute ? Aux circonstances de courses bien sûr : abandon sur problème moteur pour Daniel Ricciardo, accrochage de Lando Norris avec Carlos Sainz… Au-delà de ce constat, l’équipe perd toutefois en performance pure, se retrouvant à la régulière derrière Ferrari comme en Q3.
In fine, même si cette saison pourra apparaître satisfaisante pour McLaren (avec un écart moyen réduit au chronomètre sur les écuries de pointe, et bien sûr le doublé de Monza), cette deuxième moitié de saison fait aussi apparaître les limites structurelles de l’équipe : avec un manque de moyens dû au Covid, McLaren reste une équipe ne pouvant pas forcément lutter à armes égales avec Ferrari. Vivement Audi ?
Flop n°3 : L’inconstance chronique de la FIA
Une nouvelle fois la FIA fait parler pour une certaine inconstance dans ses décisions. S’il n’y a rien à dire sur l’infraction au règlement technique sur l’aileron arrière de Lewis Hamilton, très solidement étayée, la gestion des limites de piste et du « let them race » fait encore débat. Pourquoi ne pas avoir même ouvert une enquête sur la manœuvre de Max Verstappen face à Lewis Hamilton au virage 4 ? Michael Masi, le directeur de course de la FIA, avait assuré après-course que les commissaires avaient pourtant bien pris le temps d’examiner, sous tous les angles, avec toutes les vidéos, l’incident… avant de reconnaître que la FIA n’avait pas eu accès aux caméras embarquées de Max Verstappen. Au-delà de cet aveu hallucinant, la justification de Masi (qui certes ne prend pas les décisions) est aussi stupéfiante. Son intervention est très brumeuse lorsqu’on lui rappelle qu’au Red Bull Ring, Sergio Pérez comme Lando Norris avaient été tous deux sanctionnés de cinq secondes de pénalité pour des mouvements similaires. « Je ne suis pas d’accord. Il faut regarder les images et comme je l’ai dit plusieurs fois auparavant, vous jugez l’incident pour ce qu’il est et vous étudiez l’ensemble de la situation. N’oublions pas que nous avons le principe ’let them race’, et en regardant les angles disponibles, cette philosophie a été adoptée » ajoutait Masi, sans répondre sur le fond. L’annonce de Mercedes de demander à revoir cette non-enquête, selon l’Article 14.1.1 du Code Sportif International, sonne comme un camouflet.
L’autre inconstance, passée un peu plus inaperçue, est celle concernant les ceintures de sécurité. Lewis Hamilton a donc été convoqué après-course pour avoir desserré ses ceintures durant le tour d’honneur, pour agiter le drapeau brésilien. Le règlement existe et la sanction, même minime, de l’ordre de 5000 dollars, s’imposait. Cependant pourquoi Lewis Hamilton est-il sanctionné alors que d’autres comme Charles Leclerc se sont rendus coupables de cette infraction précédemment ? Etait-ce parce qu’il était le vainqueur et parce que le drapeau brésilien a rendu plus visible son tour d’honneur ? Surtout, pourquoi n’avoir absolument rien dit à George Russell quand le pilote Williams lui-même a avoué qu’il avait légèrement desserré ses ceintures au dernier Grand Prix au Mexique, pour reconnecter son système de boisson ? En somme, n’est-il pas temps de nommer un collège réduit, mais permanent de commissaires, pour en finir avec une inconstance coupable qui pourrait, sinon être dangereuse, du moins nuisible à une formidable lutte pour le titre… ?
On demande à voir…
5 places de pénalité pour un changement de moteur thermique, est-ce assez ?
Lewis Hamilton n’a pas remonté 20 places durant le week-end après la disqualification des qualifications sprint, mais 25, comme il le disait à Toto Wolff après-course. C’est vrai puisque le pilote Mercedes a aussi écopé d’une pénalité de 5 places pour changement de moteur thermique.
Cela pose néanmoins question. Pour tout premier changement de moteur thermique au-delà de la limite, un pilote reçoit 10 places de pénalité sur la grille ; mais pour tout moteur thermique additionnel, la sanction est divisée par deux. Pourquoi cette division ? C’est un point d’autant plus problématique que nous avons vu que l’avantage d’avoir un nouveau moteur valait plus que 5 places, surtout en week-end de qualifications sprint. A méditer : à l’avenir, la FIA ne devrait-elle pas tout simplement aligner les pénalités sur 10 places ?