Après chaque Grand Prix, Nextgen-Auto.com vous propose de retrouver les tops et les flops identifiés par la rédaction. Qui mérite d’être applaudi ? Qui, au contraire, doit être critiqué ? Enfin, quels sont les points d’interrogation ou ambiguïtés, qui devront être suivis avec intérêt lors des prochains Grands Prix ? Découvrez-le ci-dessous !
Les Tops
Top n°1 : En démonstration, Max Verstappen rejoint le cercle des très grands
Ce n’était qu’une question de temps et c’est désormais chose faite : Max Verstappen est double champion du monde de Formule 1 après sa victoire à Suzuka, acquise après une nouvelle démonstration de force de sa part puisqu’il s’est imposé avec 27 secondes d’avance (la course ayant fait 28 tours) sur son coéquipier Sergio Perez. Et si son titre a été officialisé dans la confusion la plus totale (voir notre rubrique flops), il ne souffre, contrairement à celui de 2021, d’aucun contestation possible.
Sur piste mouillée, le Néerlandais ne prenait pourtant pas un excellent départ au Japon. Il voyait ainsi Charles Leclerc revenir à sa hauteur, puis le devancer légèrement à l’entame du premier virage, mais la suite se passait presque de commentaire : le pilote Red Bull freinait plus tard que son adversaire et le doublait par l’extérieur, affichant alors toute sa maitrise et sa confiance. Il s’agit là d’une manœuvre finalement très symbolique : même en ratant son envol, Verstappen a démontré qu’il possédait de la marge sur l’ensemble de la concurrence, y compris sur le pilote Ferrari, et qu’il était bel et bien le patron de cette saison 2022.
Après avoir été relancée, l’épreuve fut ensuite une promenade de santé pour Verstappen, qui n’était jamais menacé pour la victoire et qui parvenait même à creuser de grands écarts à coups de secondes sur le reste du plateau. On peut évidemment regretter qu’il n’ait pas su qu’il était champion du monde dès son tour d’honneur, ce qui lui aurait permis, ainsi qu’aux fans japonais, de profiter du moment alors que la discipline ne s’était plus rendue au pays du soleil-levant depuis 2019.
Top n°2 : Sebastian Vettel, au bon souvenir de Suzuka
Sacré champion du monde au Japon en 2011, mais aussi quatre fois vainqueur de l’épreuve, Sebastian Vettel a connu certains des plus grands moments de sa carrière en Formule 1 à Suzuka. Et s’il n’a pas terminé sur le podium ce weekend, nul doute qu’il se souviendra longtemps de son excellent dernier Grand Prix disputé là-bas.
Déjà brillant en qualifications où il passait en Q3, Vettel s’élançait neuvième de la course lorsqu’un contact avec Fernando Alonso le renvoyait en fond de peloton. Mais après la longue interruption, le pilote Aston Martin prenait la meilleure décision stratégique qui soit en décidant de troquer ses pneus pluie pour des intermédiaires dès le restart, ce qui lui permettait de réaliser l’undercut sur bon nombre de ses concurrents et de remonter jusqu’au top 10, qu’il ne quitterait plus jusqu’à l’arrivée.
Le quadruple champion du monde offrait au passage une belle résistance à son rival Fernando Alonso, y compris en fin de course lorsque ce dernier utilisait un deuxième train de pneus intermédiaires. Beaucoup moins rapide que l’Alpine durant les ultimes rotations, Vettel terminait 11 petits millièmes de seconde devant elle pour s’adjuger une sixième place amplement méritée. Vettel a ainsi dit "sayonara" au Japon de la plus belle manière qui soit.
Top n°3 : Le baroud d’honneur de Nicholas Latifi
Il était le seul pilote titulaire du plateau à ne toujours pas avoir inscrit la moindre unité au championnat du monde cette saison, c’est donc peu dire qu’on ne s’attendait pas à une telle course de la part de Nicholas Latifi sur piste mouillée au Japon. Mais force est de constater que dans un bon jour, le Canadien est parfaitement capable d’exploiter une opportunité stratégique sans commettre la moindre erreur.
Comme souvent, le pilote Williams terminait dernier de la séance de qualifications le samedi. Mais s’il a parfois affiché un retard très conséquent sur son coéquipier Alex Albon et l’ensemble du plateau cette année, son chrono n’avait cette fois rien d’infamant puisqu’il était au contact. Et en course, il a su, comme Sebastian Vettel que nous évoquions précédemment, faire le choix parfait au moment du restart en se débarrassant de ses gommes pluie pour chausser les intermédiaires.
Remonté dans le top 10, Latifi n’en sortira plus après une course sans faute. Et si Fernando Alonso et George Russell parvenaient à le dépasser, il résistait aux McLaren de Lando Norris et Daniel Ricciardo jusqu’au bout alors que ses pneus étaient en fin de vie, décrochant ainsi une très belle neuvième place. Ce résultat intervient-il trop tard alors que Williams a déjà décidé de se passer de ses services pour l’année prochaine ? Non d’après l’intéressé, qui reconnaissait lui-même ne pas avoir été assez constant en 2022. Pas de regrets à avoir donc, et surtout quelle manière d’exécuter votre toute première course à Suzuka.
Les Flops
Flop n°1 : Une grue et des souvenirs cauchemardesques
On espérait ne plus jamais revoir une telle image en Formule 1 après le drame survenu en 2014, mais l’impensable s’est pourtant bel et bien produit ce weekend à Suzuka : suite au crash de Carlos Sainz lors du premier tour, la course était neutralisée par un drapeau rouge. Mais Pierre Gasly, alors dernier, était encore en piste pour retourner à son box lorsqu’un véhicule d’intervention était déjà présent sur le circuit pour dégager la Ferrari accidentée. Sans visibilité aucune, et roulant à plus de 200 km/h à ce moment-là, le pilote de l’AlphaTauri était alors gagné par une émotion que nous avons tous partagée au moment de passer à côté de cette grue, sortie de nulle part et dont la F1 du Français n’était pas si loin.
"Intolérable," "inacceptable," peu importe le terme employé, comment la FIA a-t-elle pu laisser une telle chose se produire ? Peut-être qu’ils "n’apprennent jamais" comme le disait Sebastian Vettel, mais il est certain qu’il faut d’urgence revoir la procédure afin d’empêcher tout véhicule d’entrer en piste tant qu’il reste au moins une F1 sur le circuit. "Nous en avons déjà parlé parce que c’est déjà un peu arrivé à Singapour en fait," rappelait d’ailleurs Alex Albon, avant que George Russell, l’un des directeurs du GPDA, n’ajoute : "Nous allons tous parler à la FIA. À notre avis, c’est assez simple : pas de tracteur sur la piste."
La FIA a déjà promis de mener une enquête approfondie au sujet de la présence de ce véhicule en piste, et c’est donc un nouveau weekend noir pour l’instance dirigeante du sport qui ne cesse de donner des raisons de se faire critiquer. Mais nul doute que cette erreur est de loin la plus grave depuis le début de saison. Personne ne peut oublier qu’un pilote connaissait un accident terrible dans un scénario extrêmement similaire en 2014, et c’est donc insupportable de voir que certaines leçons n’ont pas été apprises. On peut aussi ajouter que le circuit de Suzuka, dont tout le monde a salué le grand retour au calendrier, a besoin d’être modernisé comme l’atteste la présence de nombreuses rigoles d’eau pendant la course. George Russell signalait d’ailleurs qu’elles étaient présentes "exactement au même endroit" depuis plusieurs années.
Flop n°2 : Le titre décerné dans la confusion la plus totale
Ca n’a rien de personnel contre la FIA, et c’est finalement beaucoup moins grave que le point précédent, mais on est une nouvelle fois obligé de l’accabler pour la manière dont l’après-course a été gérée au Japon. Alors que l’ensemble des observateurs et des équipes pensaient que 75% des points seraient attribués, comme le disent les règlements mis à jour depuis Spa 2021, tout le monde a finalement été pris de court lorsqu’il a été révélé que tous les points seraient distribués. La raison ? Si une course se termine avec plus de 50% de la distance parcourue et qu’elle ne s’achève pas à cause d’un drapeau rouge, alors 100% des points sont attribués. Le règlement revu a donc une "faille que nous avons tous négligé" comme l’a très bien résumé Andreas Seidl, le directeur de McLaren.
Le pire pour la FIA, c’est qu’elle ignorait elle-même quel barème de points employer, et c’est uniquement grâce à l’une de ses employés, Emily Billingham, qu’elle a su juste à temps pour la cérémonie du podium. Sauf que les conséquences de l’application de celui-ci ont été immenses. Dans un premier temps, cela signifiait qu’il manquait un point au vainqueur Max Verstappen pour sécuriser le titre mondial, Charles Leclerc ayant terminé deuxième. Sauf que le Monégasque recevait une pénalité de cinq secondes "justifiée" de son propre aveu, qui le renvoyait derrière Sergio Perez à la troisième place et qui, de fait, sacrait le Néerlandais, tout aussi surpris que nous lorsque Johnny Herbert lui annonçait : "Tu es champion du monde."
Et que dire, nous avons probablement assisté au couronnement le moins épique de l’histoire de la Formule 1. Ca n’a bien sûr rien contre le Néerlandais qui, décidemment, se retrouve toujours dans la polémique malgré lui lorsqu’il est sacré, mais c’est un désaveu supplémentaire pour l’instance dirigeante du sport qui nous a privé de moments uniques. Cette année, pas de message radio après le passage sur la ligne, pas de tour d’honneur pour le nouveau champion, pas de communion spéciale avec le public - qui plus est à Suzuka, pas de célébration au sortir de la voiture... Bref, autant de séquences qui ne se vient qu’une fois par an, et qui gardent une saveur particulière même lorsque le suspens n’existe plus.
Flop n°3 : Carlos Sainz n’y arrive pas sur le mouillé
Pendant que Charles Leclerc faisait son possible pour garder la deuxième place malgré des pneus en perdition pendant tout le Grand Prix, l’autre Ferrari était déjà hors course avant même la fin du premier tour. Carlos Sainz, qui était déjà bien moins performant que son coéquipier ces derniers temps, a perdu le contrôle de sa Ferrari et a, comme à Melbourne en début de saison, vu sa course s’arrêter après quelques hectomètres seulement à cause d’une faute de pilotage.
Bien sûr, les conditions étaient extrêmement piégeuses en piste et la FIA, encore elle, aurait peut-être dû imposer le pneu pluie lors du premier départ. Mais l’Espagnol ne peut se permettre ce genre d’erreur alors qu’il a déjà connu plusieurs crashs évitables cette année, comme en qualifications à Imola. Le niveau d’adhérence était certes meilleur après l’interruption, mais l’histoire retiendra qu’il est finalement le seul à avoir commis une grosse faute lors du Grand Prix du Japon.
Durant ce doublé de course asiatique, Carlos Sainz aura finalement été en grande difficulté dès que les conditions météo se dégradaient. Il était à des années lumière de Leclerc en termes de rythme à Singapour et son podium ne doit pas le faire oublier, Lando Norris l’ayant momentanément menacé pour la troisième place. La courte pause avant Austin devrait maintenant lui faire du bien, et l’Espagnol doit déjà espérer qu’il ne pleuve plus d’ici la fin de saison.
On demande à voir...
A quoi sert le pneu pluie de Pirelli ?
A Suzuka, alors qu’il pleuvait et que la piste était détrempée, les 20 pilotes choisissaient de prendre le départ avec les pneus intermédiaires. Et si la FIA imposait le pneu pluie pour la relance de course ayant suivi l’interruption, la gomme bleue était immédiatement abandonnée par tout le monde ou presque pour reprendre celle à bande verte. Mick Schumacher, qui a pu parcourir quelques mètres en tête de la course en ayant choisi de garder ses pneus pluie, perdait pratiquement dix secondes par tour. Alors la question doit-être posée : à quoi sert le pneu pluie de Pirelli en 2022 ?
Après sa victoire et son titre, Max Verstappen pointait du doigt le fait que les pilotes avaient besoin d’un "meilleur pneu pluie," l’actuel étant "trop lent" et incapable de "dégager beaucoup d’eau," d’où la raison qui pousse "tout le monde à passer très rapidement aux intermédiaires." Le nouveau double champion du monde rappelait également, à juste titre, que le manufacturier italien avait disposé de peu de séances d’essais pour tester ses nouveaux pneus de 18 pouces, et on peut ajouter à cela qu’il y a finalement eu peu de courses sur le mouillé cette année.
Le pneu pluie ne fonctionne donc pas comme espéré cette saison, mais qui sait, il pourrait pleuvoir dans quelques semaines au Brésil et le scénario sera peut-être différent. Une chose est sûre dans tous les cas : Pirelli n’a probablement pas suffisamment de données pour améliorer sa gomme bleue, ce qui est dû au manque d’essais. C’est d’ailleurs l’occasion de rappeler que certaines équipes ont aussi leur part de responsabilité dans cet échec apparent : lors des essais de pré-saison à Barcelone, Pirelli demandait à ce que la piste soit arrosée afin de pouvoir tester ses pneus pluie, mais peu d’écuries jouaient le jeu et l’activité restait plutôt calme en piste. Et avec aussi peu d’informations récoltées sur l’ensemble de l’année, difficile d’améliorer un produit...