C’est en 2019 que le championnat 100 % féminin des W Series a été créé par la FIA, pour promouvoir la diversité et l’égalité des genres dans le sport auto, un monde encore très masculin. Cette année, les W Series sont même à l’honneur en course support de certains Grands Prix, pour davantage mettre en valeur encore la discipline.
Cependant certaines femmes ont préféré refuser l’engagement en W Series, à l’image de Sophia Flörsch, prometteuse pilote allemande qui a préféré courir en F4 puis en F3 (30e place en F3 l’an dernier avec Campos), préférant la voie traditionnelle des pilotes – une voie encore presque 100 % masculine.
Dans les colonnes du Figaro, Sophia Flörsch a détaillé les raisons de son refus des W Series… adressant un lourd tacle à la discipline.
« La W Series est une affaire commerciale dont l’argument de vente est "la femme". Le sexe ne doit pas être un argument de vente. Dans d’autres secteurs d’activité, de telles choses sont interdites. Le sport automobile fait le contraire et crée un monde féminin rose distinct. Qui se déroule maintenant à côté du monde bleu qui lui réussit. Les filles roulent sur de mauvaises voitures sans leur propre équipe. C’est un niveau très éloigné des courses modernes. Parce que c’est gratuit. Les voitures de la Freca (utilisées par la W Series, NDLR) sont plus lentes sur le Red Bull Ring que celles de la F4, où les gars commencent à 15 ans et disputent deux ou trois championnats en parallèle. »
« Au final, les gens sont confortés dans l’affirmation selon laquelle les femmes sont trop lentes. »
Pour Sophia Flörsch, les W Series interviennent trop tard dans la carrière des pilotes : il faudrait agir dès l’origine, notamment en karting. Ce à quoi s’emploie notamment la Commission Hamilton.
« Ce que la W Series propage avec les femmes de 16 à 28 ans passe à côté de la réalité. La sous-structure commence dans le karting et la F4. Les garçons talentueux ont déjà des centaines de courses d’expérience à 16 ans ; certains, plusieurs dizaines de milliers de kilomètres en monoplace. À 16 ans, un pilote performant doit se concentrer à 100 % sur la FIA F4/F3 ou déjà la F2. Il n’y a pas de place pour la W Series. Qu’est-ce que la série W essaie de suggérer ? Pourquoi l’investisseur de la W Series ne promeut-il pas deux ou trois femmes en FIA F4 ou FIA F3 ? »
Catherine Bond répond à Flörsch
Attaquée frontalement par Flörsch, Catherine Bond, PDG des W Series, était ainsi sur la défensive. Elle commence par concéder à Flörsch que l’idéal serait d’avoir des séries mixtes : mais les W Series seraient une étape nécessaire avant d’y parvenir selon elle.
« D’abord, j’étais d’accord avec le fait que les hommes et les femmes devaient courir à égalité les uns contre les autres. Qu’il n’y avait pas besoin de W Series. Mais sur les huit dernières années, le nombre de femmes qui couraient en monoplace à travers le monde diminuait. Alors que, dans le football, le rugby, le cricket..., les chiffres ont augmenté pour la participation des femmes, dans le sport automobile au plus haut niveau, ils ont baissé. Si vous avez un problème, vous devez tout changer. La W Series a changé la donne dans le sport automobile, et nous avons vraiment donné aux femmes l’occasion de briller. »
« La différence entre les hommes et les femmes en ce moment est que, dès l’âge de 9 ans, elles n’ont pas eu le même nombre d’heures que les garçons sur les circuits » répond enfin Catherine Bond sur la proposition de Sophia Flörsch.
Autre critique faite aux W Series : les femmes qui y courent sont parfois âgées, bien plus que les rookies débutant en F1. Là encore selon Bond, il n’y a pas le choix et il faut laisser du temps au temps…
« Nous sommes sur le point de trouver les pilotes féminins les plus rapides. Pourquoi priverions-nous certaines pilotes de l’opportunité de conduire juste à cause de leur âge ? »