Bonjour l’embouteillage dans la filière jeunes d’Alpine F1 : en effet, Oscar Piastri et Guanyu Zhou sont tous les deux éligibles à un baquet en F1. Le premier parce qu’il impressionne cette année en F2 (il pourrait bien être titré après, déjà, un titre en F3 l’an dernier) ; le deuxième parce qu’il est une des références de cette même F2, et parce qu’il bénéficie de sa nationalité (chinoise) comme de ses soutiens financiers. Zhou est d’ailleurs annoncé possiblement chez Alfa Romeo l’an prochain pour remplacer Antonio Giovinazzi.
Mais au vu de sa progression météorique, Piastri ne mériterait-il pas plus que le performant mais un peu laborieux Zhou d’avoir une place en F1 l’an prochain ? Quels sont les plans prévus pour l’Australien si jamais il gagnait en F2 (car il n’aurait alors plus le droit de « redoubler » dans la discipline) ?
Marcin Budkowski, directeur exécutif d’Alpine, a répondu à ces questions à Sotchi. Piastri pourrait, à l’entendre, devenir pilote de réserve d’Alpine (pour peut-être remplacer Fernando Alonso en 2023 ?).
« La première chose que je dirais est que je ne me souviens pas que nous ayons jamais autant parlé des jeunes pilotes, ce qui est fantastique. Nous parlons des jeunes pilotes, nous reconnaissons le succès de nos académies respectives et c’est ce qui est bien. »
« Maintenant, je ne vais pas donner d’informations sur nos plans pour l’année prochaine, en partie parce qu’ils sont encore en cours d’élaboration, mais Oscar a été extrêmement impressionnant. Il est potentiellement en passe de remporter son troisième championnat en trois ans. Il a gagné la F3, il a gagné la Renault EuroCup les années précédentes... Même s’il ne le gagne pas, le championnat de F2, c’est une période de trois ans assez forte pour un jeune pilote. Je pense qu’il y en a très peu qui ont réussi à le faire dans le passé, alors cela nous impressionne-t-il, chez Alpine ? Bien sûr que oui. Va-t-il gagner le championnat ? Nous le saurons bientôt, mais cela a certainement une influence sur les plans que nous faisons pour l’année prochaine pour le pilote de réserve et pour l’année de sortie de l’académie en général. »
Le problème pour Piastri s’appelle Guanyu Zhou : c’est bien le Chinois qui semble avoir la priorité pour un baquet Alfa Romeo... L’académie Alpine n’est-elle pas trop encombrée ? Et n’est-ce pas baroque de placer un pilote Renault dans une équipe motorisée par Ferrari ?
« C’est un grand problème à avoir, n’est-ce pas ? Ce que nous disons essentiellement, c’est que notre académie a réussi à générer de grands talents et que, d’une certaine manière, certains d’entre eux arrivent à maturité et sont prêts pour la F1 en même temps. C’est donc tout à l’honneur de l’académie que nous dirigeons depuis quelques années et de Mia Sharizman, notre directeur d’académie, qui a préparé tous ces jeunes et les a fait passer avec succès par toutes ces catégories. »
« Pour répondre à votre question sur Guanyu Zhou, il y a des rumeurs qui circulent, et encore une fois je ne vais pas commenter les rumeurs ici, ou sur les contrats de pilotes, comme je l’ai dit, nous évaluons les options pour nos pilotes de l’académie, mais le succès d’une académie est également mesuré par sa capacité à faire sortir de bons jeunes pilotes. Nous gérons cette académie parce que nous voulons générer des pilotes de Formule 1, des pilotes de Formule 1 pour Alpine, et l’académie en tant que telle n’est réussie que si elle génère des pilotes de Formule 1. Nous ne pouvons donc pas faire obstacle à nos pilotes qui sont mûrs pour la F1 et prêts à relever ce défi, car cela serait évidemment négatif pour leur carrière et pour eux en tant qu’individus, et cela donnerait une mauvaise image de notre académie. Ce sont donc les paramètres, si vous voulez, que nous devons prendre en compte pour évaluer nos plans pour l’année prochaine. »
Quand donc Alpine annoncera ses plans pour Zhou l’an prochain ?
« Je ne me laisserai pas entraîner à donner plus de détails, quel que soit le nombre de questions que l’on me pose, et nous l’annoncerons en temps voulu. »
Quid des liens entre Alfa Romeo et Renault ?
Mais si Zhou devait être effectivement placé chez Alfa Romeo, cela voudrait-il dire que l’entité Sauber sera bientôt motorisée par Renault ? Alpine aura-t-elle un droit de regard sur les pilotes Alfa Romeo à l’avenir, comme Ferrari l’avait avec Antonio Giovinazzi ?
Marcin Budkowski n’écarte formellement aucune hypothèse pour le moment.
« Il faut faire la différence entre une équipe cliente et une équipe partenaire. Une équipe cliente, par définition, est une équipe qui vous achète un moteur. Évidemment, nous sommes un motoriste avec le moteur Renault et nous pourrions vendre notre moteur à une autre équipe, mais cela ne signifie pas que nous aurions le droit de nommer un pilote dans cette équipe. Je pense que c’est une grande différence. »
« Maintenant, tout est négociable dans le cadre du contrat et de l’accord, mais ce que nous regardons en ce moment, c’est quel est le meilleur avenir pour les pilotes que nous avons développés ces dernières années et si cela implique de discuter avec une autre équipe de l’opportunité d’avoir ce pilote, alors c’est quelque chose que nous faisons. Si cette autre équipe est une équipe partenaire de la vôtre ou un client, alors cela rend les choses plus simples ou vous donne un levier si vous voulez conclure l’accord, mais cela ne signifie pas que c’est impossible sans cela. »
La règle des jeunes pilotes : rien de nouveau sous le soleil pour Alpine ?
Du reste Piastri aura peut-être un lot de consolation : les jeunes pilotes d’Alpine, comme tous les autres, auront plus de temps de roulage l’an prochain. Car une règle obligera les équipes à faire rouler des rookies à plusieurs reprises en essais libres. Mais pour Marcin Budkowski, cela ne changera pas forcément grand-chose pour son équipe.
« Tout d’abord, nous le faisons déjà, donc cela ne changera pas forcément grand-chose, ce règlement, pour nous. Nous avons fait courir Guanyu Zhou en Autriche cette année et nous étudions la possibilité de le faire courir à nouveau le vendredi matin plus tard dans la saison, donc évidemment nous accueillons favorablement ce règlement parce que nous pensons que c’est la bonne chose à faire, pour développer les jeunes pilotes ; il y a très très peu d’opportunités actuellement pour les jeunes pilotes de conduire des Formule 1 actuelles, sans parler d’un véritable week-end de course. »
« Cela dépend de ce que nous ferons effectivement l’année prochaine avec nos jeunes pilotes et surtout avec les pilotes de réserve. »