Kevin Magnussen disait, depuis son départ de la Formule 1 en 2020, qu’il ne reviendrait pas dans la discipline sans une offre d’une équipe de pointe. Mais le Danois a finalement accepté la proposition de Günther Steiner chez Haas F1, et il explique pourquoi il a effectué ce revirement, alors qu’il disait être mieux ailleurs.
"Surtout que j’étais vraiment heureux" note Magnussen. "C’était comme si ça allait mettre en danger ce que j’avais aux USA. Je n’étais pas heureux la dernière fois que j’étais en F1, en fait. Je suis plus heureux maintenant, en tant que personne. En tant que sportif, pas tellement, mais en tant que personne, je suis plus heureux."
"Donc, je suppose que lorsque cette question se posait de manière hypothétique, je dirais, je me demandais si je voulais mettre en danger la vie que j’avais. Mais quand j’ai eu l’opportunité, le côté sportif en moi a pesé plus lourd."
"Je me suis dit ’qui va me prendre ?’"
Magnussen explique pourquoi il pensait ne jamais avoir de nouvelle chance en F1 après son départ fin 2020 : "Je ne suis pas vieux, mais j’avais 28 ans quand j’ai perdu le volant avec Haas, avec des tas de jeunes pilotes qui gagnaient en F2, qui réussissaient bien, qui avaient des contrats avec Mercedes et Ferrari, Red Bull et Alpine."
"Et je me suis dit ’qui va me prendre ?’ Ils vont choisir ces jeunes pilotes dans lesquels ils ont investi pendant des années’. Mais bien sûr, je ne savais pas que cette situation se présenterait et que j’aurais à nouveau l’opportunité de revenir, comme je l’ai fait avec Haas."
"Je pense que c’est la raison pour laquelle je ne me suis pas attardé sur ce sujet l’année dernière. J’ai simplement coupé les ponts avec la F1 dans mon esprit. Et le fait d’avoir cette mentalité qui consiste à s’attendre à ce que la F1 soit terminée m’a aussi fait réaliser la chance que j’ai eue d’être là."
"Pendant mon séjour en F1, j’étais toujours tourné vers l’avenir, j’en voulais toujours plus. Je voulais gagner une course, je voulais faire mieux. Je ne me suis jamais arrêté pour regarder où j’en étais. Parfois, il faut prendre du recul et se dire ’wow, j’ai fait partie d’un grand projet’."
"Être champion du monde, c’était de ça qu’il s’agissait"
Ce recul a en effet permis à Magnussen de mettre en perspective l’échec que représentait sa conquête du titre mondial et de victoires, qui sont les objectifs de tout pilote débutant dans la discipline.
"J’étais juste reconnaissant. Combien de personnes accèdent à la Formule 1 ? C’est une discipline tellement difficile à atteindre. Il y a plus d’astronautes que de pilotes de Formule 1. Beaucoup plus. C’est une chose tellement difficile, c’est tellement difficile à réaliser. Et je l’ai fait.
"Et je ne me suis jamais senti fier ou comblé par cela. Ce n’était pas du tout suffisant. Je m’en foutais de simplement atteindre la F1. Être champion du monde, c’était de ça qu’il s’agissait. Je ne pouvais pas apprécier ce que j’avais accompli. Je ne pouvais pas ressentir une sorte d’accomplissement avec ça."
"Et puis quand je suis parti, après un certain temps, en regardant la Formule 1 de l’extérieur, j’ai commencé à beaucoup réfléchir, et j’avais plus de temps pour penser et réfléchir et parler à mes amis et à ma famille. Il est devenu très clair que c’était plus grand que ce que je n’avais jamais ressenti en fait."
Donner moins d’importance à la F1 pour l’apprécier
Si Magnussen parvient aujourd’hui à profiter de l’instant présent, c’est justement parce qu’il ne donne plus à la F1 autant d’importance que par le passé. Il réussit ainsi à prendre de la distance avec ses objectifs, et se concentre simplement sur le plaisir et le pilotage.
"La Formule 1 n’est plus aussi importante pour moi. C’est très important, mais c’est bien plus facile d’en profiter parce que ce n’est pas si important. Quand je dis que ce n’est pas si important, c’est juste par rapport à ce que c’était. C’était trop, trop lourd dans ma vie avant. Maintenant, c’est plus équilibré."
"J’ai l’impression que je peux piloter plus naturellement, plus librement dans mon esprit, parce que j’ai enlevé un peu de poids à la signification de la Formule 1 dans ma vie. Je ne porte pas vraiment toutes ces attentes. J’aime simplement ce que je fais. Et je suis impatient de voir ce que l’avenir nous réserve."
"J’adorerais être champion du monde. Qui ne le voudrait pas ? Je porte ce rêve que j’ai depuis que je suis tout petit. Mais j’ai un peu laissé tomber ce rêve l’année dernière. Et c’était assez facile à faire, et assez facile de passer à autre chose. La compétition en 1 me manquait, tout simplement."
"Toutes les choses de base d’un pilote de Formule 1 me manquaient, piloter les voitures, se mesurer aux meilleurs pilotes du monde, sur les meilleurs circuits, dans les meilleures équipes. Ce sont les choses qui m’ont vraiment manquées. Et puis je reviens maintenant et c’est comme avoir une nouvelle paire d’yeux."