Un an après son retour surprise en Formule 1 en remplacement de Nikita Mazepin chez Haas F1, Kevin Magnussen a compris qu’il ne s’agissait pas d’un rêve, mais il affirme que le bonheur d’évoluer à nouveau dans la catégorie reine du sport automobile est toujours aussi élevé.
"Je ne pense pas que ça se soit estompé," a déclaré le Danois pour RACER.
"Au bout d’un certain temps, la réalité s’impose d’elle-même : ’OK, je suis de retour’, vous devenez alors plus concentré. Vous arrêtez donc de penser au fait que c’est incroyable, mais ça ne veut pas dire que ce n’est plus fantastique. Simplement, vous avez un travail à faire et vous devez vous concentrer sur les défis qui vous attendent."
"En début de saison, c’était presque difficile d’être septique ou critique sur quoi que ce soit, car vous vous dites : ’Ah, c’est fantastique !’ Puis vous commencez à vous concentrer, même si encore une fois, ça ne rend pas les choses moins amusantes ou moins fantastiques. C’est simplement que vous devez vous concentrer."
Outre ses débuts très remarqués à Bahreïn avec une magnifique cinquième place, Magnussen décrochait une inattendue pole position au Grand Prix du Brésil en fin de saison. Et quelques mois après cet exploit, le pilote âgé de 30 ans en a encore des frissons.
"C’est encore fou rien que d’y penser. Il s’agit certainement du plus grand moment de ma carrière en F1, j’ai vraiment adoré ce moment. C’était génial pour nous en tant qu’équipe de terminer la saison ainsi et d’aborder l’hiver après avoir obtenu une pole position, c’était génial. Nous savons que nous ne luttons habituellement pas pour de tels résultats, mais nous avons répondu présents lorsque l’opportunité s’est présentée."
Son année loin de la F1 a été "un retour aux sources"
Remercié par Haas F1 fin 2020, Magnussen s’était fait à l’idée que sa carrière dans l’élite était arrivée à son terme et l’année suivante, il s’essayait à de nombreuses disciplines aux Etats-Unis. Cependant, cette possibilité d’évoluer dans un contexte avec beaucoup moins de pression lui permettait de reprendre pleinement goût à son métier de pilote.
"L’année 2021 était géniale pour moi, c’était en quelque sorte un retour aux sources et l’opportunité d’être simplement un pilote de course. J’ai fait beaucoup de choses et c’était amusant."
"J’ai participé à des courses en IMSA, puis aux 24h du Mans avec mon père, ce qui était énorme. Même si nous avons connu une course de merde, c’était incroyable et je me sentais privilégié de vivre cette expérience aux côtés de mon père dans la catégorie la plus compétitive. Nous ne sommes pas allés dans une catégorie amateur ou autre, nous sommes allés en LMP2 contre de très bons pilotes et équipes et nous l’avons fait ensemble, père et fils. C’était incroyable."
"Et j’ai également disputé une course d’IndyCar ! J’ai aussi fait quelques essais avec Peugeot au volant de son Hypercar, je faisais partie de ce programme excitant. C’était donc une année incroyable. Je suis par ailleurs devenu papa et suis retourné vivre au Danemark pour la première fois depuis dix ans. Tant de belles choses sont arrivées."
Les pilotes de F1 ne sont pas les seuls à être "sacrément bons"
Si piloter en F1 reste la priorité du Danois, s’en être éloigné quelques mois lui a permis de réaliser qu’il ne s’agit pas de la seule discipline où le niveau est extrêmement élevé.
"Cela vous donne également une perspective différente sur beaucoup de choses. Comme la qualité des pilotes qui sont les meilleurs en IMSA, en WEC et en IndyCar par exemple, ils sont sacrément bons. Tellement bons. Ce n’est pas comme si les pilotes de Formule 1 étaient les seuls à avoir cette capacité ou ce niveau. Il y a beaucoup de talent, donc c’était aussi très intéressant à voir."
"J’ai hâte de faire beaucoup de choses après la F1 aussi. Certes, la F1 est le plus haut niveau du sport automobile, c’est indéniable, mais je suis aussi un pilote de course qui aime les voitures de course. Je pense que 2021 l’a vraiment confirmé : ’Oui, j’aime la course !’ Non pas que j’en aie jamais douté, mais j’ai vraiment ressenti à quel point j’aime la course. Je pense que c’était une très bonne chose à ressentir."
"Je suppose que cela m’a enlevé un peu de pression des épaules. Une partie de la pression que j’avais sur moi a changé. Non pas qu’elle ait disparu, il y a beaucoup de pression à être pilote de Formule 1 et je veux réussir dans ce que je fais, c’est mon objectif. Mais bien sûr, je sais qu’il y a une vie en dehors de la Formule 1 et que cette vie est aussi très bonne."
Etre devenu père de famille lui permet "d’apprécier" la vie davantage
Devenu papa d’une petite fille, Kevin Magnussen a désormais des perspectives à long terme. Et si son retour en F1 le contraint à être souvent éloigné de sa famille, il veut malgré tout profiter au maximum des opportunités qui lui sont offertes.
"C’est certainement difficile d’être loin de son enfant, car il y a beaucoup de changements. Vous partez pendant deux ou trois semaines, et lorsque vous revenez, cette petite personne est différente. Tout va si vite et on a parfois peur de manquer des choses."
"Mais d’un autre côté, faire cela me permet d’avoir beaucoup d’opportunités après la F1. Avant d’avoir mon sponsor, à 15 ans, je travaillais dans une usine comme soudeur. Et je pense parfois à ce qu’aurait été ma vie si je n’avais pas eu ce sponsor, j’aurais probablement été un simple soudeur."
"Il n’y a rien de mal à cela, mais quand même, faire cela signifie que lorsque j’en aurai fini avec la F1, je pourrai faire ce que je veux. Je ne suis pas obligé de faire quoi que ce soit, je peux faire ce que je veux, ce qui est une position vraiment privilégiée. Je pense qu’il est important de se rappeler qu’il faut savoir apprécier cela."