Nigel Mansell est revenu en F1 en 1994 après un exil aux Etats-Unis, pour remplacer Ayrton Senna, décédé en course à Imola. Le Britannique se souvient que la Formule 1 avait peur des conséquences de nouveaux drames, après les deux décès d’Imola, et l’accident grave de Karl Wendlinger.
"L’onde de choc a traversé tous les circuits du monde entier et ils ont été stérilisés" a déclaré Mansell, qui pense que c’est ce qui a façonné les circuits tels qu’ils sont actuellement. "Tous les virages rapides et dangereux ont été supprimés, ils ont été effacés, ce qui est très dommage."
"Dans beaucoup de virages rapides, il y a d’énormes zones de dégagement, les vibreurs sont très fins. Vous pouvez faire une erreur, sortir du circuit et y retourner directement. Quand on faisait une erreur il y a quelques années, on payait une pénalité. On touchait quelque chose, que ce soit le rail ou le mur en béton."
"Vous dites que des gens sont morts, mais il y a eu tellement de blessés qui ont quitté le sport, avec une jambe cassée, un bras cassé ou le dos cassé. Ils n’étaient tout simplement plus capables physiquement de conduire une Formule 1 pour le reste de leur vie."
"En 1994, un mois environ après le terrible double accident mortel, la perspective de la Formule 1 a changé pour toujours. Du point de vue des pilotes, ils ont l’impression d’être surhumains. Ils peuvent avoir les accidents les plus atroces avec les voitures actuelles et s’en sortir."
"C’est étonnant. Parfois, les vieux pilotes grimacent et se disent ’oh, ça va être terrible’, mais ensuite le pilote qui saute hors du cockpit et retourne dans les stands et il est en pleine santé, ce qui est bien sûr fantastique."
Des F1 trop faciles à piloter selon lui
Mansell critique aussi la prétendue facilité de pilotage des voitures actuelles, en omettant toutefois la condition physique bien supérieure des pilotes modernes : "Ils sortent à la fin de certaines courses et on dirait qu’ils sortent de chez le coiffeur."
"Il n’y a pas de sueur, il n’y a rien parce que la plus grande chose qui a été conçue dans une voiture de Formule 1 est la direction assistée. Nous devions avoir des bras très forts et attraper la voiture dans un virage, et si vous n’aviez pas la force physique, vous aviez un accident."
"Maintenant, vous pilotez avec un doigt. Cela a ouvert le sport à beaucoup de pilotes qui n’avaient pas vraiment la force physique. Il y a quelques années, il fallait être fort, il fallait être un peu une brute."
"Si vous l’étiez, vous pouviez prendre de la vitesse pendant une course parce que vous étiez physiquement épuisé, vraiment épuisé, du genre ’je ne peux plus piloter, je ne peux plus respirer’, surtout avec les voitures à effet de sol."
Le Britannique reproche des assistances trop nombreuses, mais omet là aussi la complexité grandissante des voitures : "Maintenant, avec la technologie, vous avez 30 à 50 ingénieurs qui équilibrent la voiture pour le pilote en lui disant de garder la voiture avec un bon équilibre, de faire ceci ou cela."
"Nous avions un ingénieur, un designer et un analyste en chef, mais nous faisions tout nous-mêmes. Les choses ont changé au-delà de tout ce que l’on peut imaginer et c’est incroyable de voir où en est le sport aujourd’hui."