Après les équipes, les motoristes seront nouvellement soumis à un budget plafond dès l’an prochain, dans le cadre du développement de l’unité de puissance 2026 (voir notre article).
Les polémiques n’ont pas manqué cette année sur les budgets plafonnés des équipes : avec une inflation grimpante, les écuries de pointe ont souhaité voir augmenter le plafond.
D’un autre côté, il faut rappeler qu’en cas de dépassement important du plafond (au-delà de 5 %), des sanctions allant jusqu’au retrait de points ou à l’exclusion du championnat sont prévues.
Cette évolution n’est pas du goût de Helmut Marko à Milton Keynes. Comme il l’a confié à Motorsport-total, le responsable de Red Bull craint de voir la F1 devenir un championnat du monde de comptabilité.
« Le département financier a considérablement grandi. »
« Dans le passé, les techniciens n’avaient qu’à inscrire le montant dont ils avaient besoin, et c’était en dehors du business plan, il fallait d’une manière ou d’une autre coordonner cela avec Red Bull à Salzbourg. »
« Aujourd’hui, c’est la coopération avec les financiers qui détermine les évolutions, et aussi le caractère massif ou non de ces évolutions. »
« Mais il ne faut pas que le financier dise, à partir de maintenant il n’y aura plus d’évolutions. Nous, au sein de la direction de l’équipe, nous regardons la situation et nous disons que nous avons encore besoin d’une évolution. Il faut alors faire des économies ailleurs. »
« C’est un processus où la FIA apprend, où nous apprenons. Mais j’espère que ça ne va pas dégénérer en un championnat de comptables. »
Marko confirme que des effectifs de l’équipe de course Red Bull Racing, ont été transférés vers Red Bull Technology (non-soumise aux budgets plafonnés pour la plupart de ses activités). Charge à la FIA de contrôler la légalité des nouvelles occupations des hommes et femmes de Milton Keynes...
« Nous avons réduit le personnel de Red Bull Racing, mais nous avons toujours Red Bull Technology Les personnes seront ensuite déplacées et se verront confier d’autres tâches. »
« Nous avons l’hypercar, nous sommes dans l’America’s Cup. Il y a certains projets où nous plaçons le personnel que vous ne voulez pas perdre. »
« Nous avons fondé "Red Bull Powertrains" l’année dernière. L’usine de moteurs Mercedes a probablement 20 ou 30 ans. Ferrari aussi. Vous devez trouver des ajustements dans les budgets plafonnés. »
Rappelons toutefois que les investissements figurent parmi les exceptions des budgets plafonnés… De même, la construction d’une nouvelle usine à Silverstone pour Aston Martin F1 ne rentre pas dans le budget plafonné de l’équipe.
Des ressources humaines délicates à gérer
L’arrivée en renfort du groupe Volkswagen ne permettrait-elle pas prochainement à Red Bull de faire des économies de personnel ? Helmut Marko en discute.
« Il y a actuellement 300 employés [chez Red Bull Powertrains]. Si un nouveau manufacturier arrive, vous pouvez coopérer. Ils pourraient utiliser les installations que nous avons, ce qui est un autre point positif. »
« Si un nouveau constructeur arrive, il disposera immédiatement d’une nouvelle usine de moteurs avec six bancs d’essais en état de marche. Le meilleur du meilleur. »
A cause (en partie) des budgets plafonnés, Red Bull a déjà dû déplorer le départ de plusieurs membres du personnel. Dont certains pontes comme Dan Fallows, l’ancien responsable de l’aérodynamique, parti pour Aston Martin F1...
« Nous avons une équipe solide, nous avons peu de fluctuation. Il arrive que quelqu’un parte, mais ce n’était rien d’essentiel dans notre département aérodynamique. »
« Cela a été possible parce que nous avons un groupe solide et passionné - et un bon financier qui régule cela avec le plafond budgétaire. »
Red Bull affectée par les pénuries ?
Ce qui nourrit l’inflation et complique encore la tâche de Red Bull, précise Marko, notamment pour construire la nouvelle usine moteur, c’est la pénurie de certaines matières premières...
« Si l’on nous accorde un montant X, nous ne pouvons pas actuellement l’utiliser pour construire quelque chose ; car nous ne pouvons pas obtenir les matières premières nécessaires... Il y a des pénuries sur le marché mondial. »
« Notre fournisseur AVL ne peut pas livrer ad hoc car l’acier est rare. On trouve difficilement des entreprises de construction. Il faut en tenir compte dans un tel paquet global. »
« Nous avons eu la chance d’avoir terminé la plupart des travaux de construction avant le début de la guerre. Nous avions déjà commandé à AVL auparavant. Cela signifie que la pénurie d’acier ne nous a plus autant affectés. »