La FIA a décidé d’imposer des règles pour limiter le marsouinage et les rebonds des F1 2022. Le fait que la santé des pilotes soit passée en priorité pour la fédération a fait plaisir à George Russell, pilote pour Mercedes F1 et directeur de la Grand Prix Drivers’ Association (GPDA, l’association des pilotes).
"C’est prometteur de voir qu’ils ont agi immédiatement et qu’il ne leur a pas fallu des semaines, des mois et des décisions politiques pour changer quelque chose comme ça" a déclaré Russell à Montréal.
"Lorsqu’il s’agit de sécurité, les choses doivent être résolues au plus vite. Je suis donc agréablement... pas surpris de voir que les choses se passent si vite, mais je pense que c’est une bonne chose pour tout le monde."
Russell rappelle en revanche que Mercedes F1 n’avait pas d’intérêt à de tels changements en matière de performance. Selon lui, il est fort probable que l’impact soit négatif, et que son équipe peine à en comprendre les effets.
"C’est une chose pour laquelle tout le monde pense que Mercedes pousse, mais du point de vue de la performance pure, nous ne voulons pas vraiment de changement parce que s’il y a du changement, vous ne savez jamais si cela va aller en votre faveur ou contre vous."
"C’est quelque chose dont nous avons parlé en tant que pilotes au niveau mondial, nous voulons du changement à l’avenir parce que ce que nous avons vécu le week-end dernier n’était tout simplement pas viable."
"Peu importe le bateau dans lequel vous vous trouvez, vous êtes en train de marsouiner et vous tapez le sol, soit vous n’avez pas de marsouinage et vous pilotez la voiture très près du sol. D’une manière ou d’une autre, ce n’est pas génial."
Gasly : "Nous ne sommes pas ici pour nous plaindre"
Pierre Gasly, qui avait craint après Bakou que les pilotes ne terminent "avec une canne avant leurs 30 ans", est heureux que l’intérêt des équipes n’ait pas primé sur la santé des pilotes pour la FIA : "Sans tenir compte de l’intérêt des équipes ou des voitures, nous disions tous que c’était clairement trop."
"Vous ne pouvez pas vous rendre compte de ce que c’est, juste en regardant des caméras embarquées, ou de l’extérieur. Une fois que vous êtes au volant de la voiture et que vous vous faites frapper pendant 1h30 à 330 km/h, la perception est totalement différente, une fois que vous avez réellement expérimenté ce que c’est."
"Nous sommes les mieux placés pour discuter de cette question et je suis heureux qu’ils aient compris que c’est un sujet sérieux pour nous tous à l’avenir. Nous ne sommes pas ici juste pour nous plaindre, ce n’est pas comme si nous voulions nous plaindre de quelque chose, nous ne sommes pas comme ça."
"Nous aimons tous le sport tel qu’il est, nous essayons tous de le rendre meilleur et de le faire avancer, et c’est juste une préoccupation pour notre santé, à tous, avant de le relier à une quelconque performance."
"C’est nous qui devons faire face à ces douleurs"
Le Français d’AlphaTauri a révélé qu’il subissait deux séances de physiothérapie par jour lors du Grand Prix d’Azerbaïdjan, pour "réduire la tension des tissus" après avoir subi autant de rebonds et de douleurs. Selon lui, les personnes extérieures ne sont pas en mesure de comprendre la violence du phénomène.
Gasly est, comme Russell, satisfait de voir que la FIA a rapidement agi : "Je suis heureux qu’ils prennent le problème au sérieux et qu’ils essaient de prendre des mesures aussi rapidement que possible. C’est une réelle préoccupation pour nous tous, les pilotes."
"En fin de compte, c’est nous qui sommes dans la voiture et qui devons faire face à tous ces impacts, douleurs et raideurs que cela crée dans notre dos. Je suis simplement heureux qu’ils aient compris le message et qu’ils aient réagi rapidement en prenant des mesures."
Tsunoda craignait "un accident vraiment dangereux"
Le coéquipier de Gasly, Yuki Tsunoda, admet avoir lui-même moins souffert des douleurs. En revanche, il avoue qu’en plus des contraintes physiques sur certains autres pilotes, le talonnage et le marsouinage peuvent avoir des conséquences dramatiques.
"Cela ne m’a pas beaucoup affecté, je n’ai pas ressenti de douleur ou quelque chose comme ça" a déclaré Tsunoda. "Donc de toute façon, pour moi, c’était OK."
"Mais il est préférable de ne pas avoir de marsouinage, surtout lorsque vous courez à plus de 300km/h côte à côte sur la ligne droite principale. Le marsouinage peut potentiellement provoquer des mouvements inattendus et un accident vraiment dangereux."
"Donc c’est vraiment mieux de ne pas subir ça, et aussi pour les différentes équipes qui ont mentionné qu’elles le ressentaient physiquement. C’est bien et j’espère que cela résoudra le problème mais sans compromettre nos performances."
La FIA joue le "rôle d’adulte" auprès des équipes
Kevin Magnussen s’est félicité de l’intervention de la FIA pour arrêter ce problème. Selon le pilote Haas F1, laisser cette décision aux équipes aurait mené à un statu quo, puisqu’elles auraient voulu mettre en avant leurs intérêts.
"C’est un peu pour cela qu’ils sont là, cela fait partie de leur travail d’intervenir parce que nous ne pouvons pas laisser les équipes s’en charger" a déclaré Magnussen. "Les équipes vont toujours faire ce qui est le mieux pour elles."
"C’est naturel, et tout le monde devrait s’attendre à ce que tout le monde le fasse. C’est comme ça. C’est donc pour cela que la FIA est là, pour intervenir avec le rôle d’adulte et s’assurer que les choses sont correctes."
"J’ai entendu l’histoire d’un pilote qui roulait dans les années 70 ou 80, lorsqu’ils avaient les mêmes problèmes de marsouinage, et qui a dû quitter la Formule 1 parce qu’il avait trop mal au dos. Il s’agit donc d’un sujet sur lequel il faudra se pencher. Et je suis sûr que la FIA et la Formule 1 font de leur mieux pour essayer de l’arrêter."